
Un mois après l'adoption par le Conseil de sécurité de l'Onu de la résolution 1633, la désignation d'un nouveau Premier ministre ivoirien s'annonce difficile, malgré deux tours de consultations entamées par le président nigérian Olusegun Obasanjo.
Les parties ivoiriennes n'ont pas encore trouvé un consensus sur le candidat au poste de Premier ministre, a déclaré mardi M. Obasanjo, au bout de son séjour à Abidjan où il a rencontré les parties ivoiriennes en compagnie du président en exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), le Nigérien Mamadou Tandja, et du médiateur sud-africain Thabo Mbeki.
Le 4 novembre, M. Obasanjo a procédé à la première consultation sur le choix d'un nouveau Premier ministre. Il a fait publier une liste de 16 candidats sur proposition des parties ivoiriennes. Le nombre des candidats a été réduit de 16 à 4, puis à 2.
"Malheureusement aucune de ces deux personnalités n'a été acceptée par les parties signataires des accords de Linas- Marcoussis (France, janvier 2003)", a regreté M. Obasanjo.
Selon la presse ivoirienne, sur la liste des quatre ont figuré Gaston Ouassenan Koné (proposé par le Parti démocratique de Côte d'Ivoire, PDCI -opposition), Yadé Tiémoko Coulibaly (par le Rassemblement des républicains, RDR - opposition), Gervais Coulibaly (par le Front populaire ivoirien, FPI - au pouvoir) et Jacqueline Lohouès Oble (par la Société civile).
Les deux premiers "non seulement sont politiquement marqués, mais aussi et surtout sont mêlés, directement ou indirectement, à des affaires qui les disqualifient", a fait remarquer mardi le quotidien à grand tirage Fraternité Matin.
"Le troisième serait un pigeon du FPI, alors que la quatrième, ancien membre du RDR, ne plairait pas à ses anciens camarades", a analysé un observateur de la crise ivoirienne, sous couvert de l'anonymat.
Mais le président Obasanjo n'a pas précisé les deux derniers candidats soumis mardi aux discussions.
Quant à la rébellion ivoirienne, qui contrôle le nord du pays depuis septembre 2002, réclame nettement que son chef politique, Guillaume Soro, assume les fonctions du futur Premier ministre sous prétexte d'un "équilibre" des pouvoirs.
Les parties ivoiriennes semblent fermes dans leurs positions pour obtenir le poste de Premier ministre, un poste " stratégiquement important" dans la transition ivoirienne. D'autant plus que le Groupe de travail international (GTI), mandaté par l'Onu pour surveiller le processus de transition, a soutenu la définition des "pouvoirs propres" du futur chef de gouvernement ivoirien.
"La communauté internationale devrait en être déjà interpellée par les premier signes apparents (retard en désignation du Premier ministre) et prendre ses responsabilités pour trouver dès maintenant les moyens de pressions pour lever tous les obstacles et éviter de nouveaux blocages du processus", a observé lundi le journal indépendant L'Inter.
"Nous faisons appel à tous les leaders (des parties ivoiriennes) de se rendre compte que nous n'avons pas le temps. Il est très important d'aller plus vite, déjà presqu'un mois s'est écoulé", a souligné mardi M. Obasanjo avant son départ de Côte d'Ivoire.
Le président en exercice de l'Union africaine (UA) a cependant avoué que la "méthodologie" de la médiation africaine "n'a pas produit les fruits escomptés", en déclarant qu'il reviendrait en Côte d'Ivoire dans dix jours avec une "nouvelle méthodologie" pour faire accélérer la désignation du Premier ministre ivoirien.
(XINHUA) |