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La terrifiante mésaventure de Magatte Mbengue
06/12/2005
 

Vous trouverez dans cet article le récit, terrifiant, de la mésaventure survenue à un collègue journaliste, Magatte Mbengue, à l'aéroport de Madrid.
 
Par Rédaction
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Samedi 26 novembre 2005, le vol Iberia 6971 arrive à 10h07 à Madrid en provenance de Dakar, Sénégal. Je sors de l'avion. En haut de la passerelle, un policier espagnol, à qui je tends mon passeport, car l'hôtesse de l'air nous avait indiqué de tenir nos passeports dans la main. Le policier prend mon passeport, y jette rapidement un coup d'oeil et le met dans sa poche déjà débordante d'autres passeports, sans me dire bonjour ou quoi que ce soit. Je lui demande en anglais s'il y a un problème. Il me répond ceci : « Autobus de transit », en m'indiquant le bus garé en bas de la passerelle. Je lui dis « Sorry ? », sa réponse fût la même, avec un ton d'énervement. Aucune explication. Je descends de l'avion et monte dans le bus. Ce mauvais traitement, discourtois et sans explications m'agace. Après cinq minutes, le policier monte dans son véhicule, une Kangoo blanche. Elle démarre et le bus suit derrière.

Les Noirs de l'avion parqués dans l'aéroport

Arrivé dans le hall de l'aéroport, je croise un gars avec lequel j'ai pris l'avion à Dakar. Comme moi, il est Noir, comme moi, il a un passeport français, comme moi, on lui a confisqué son passeport. Je découvre alors à ma grande surprise que presque tous les Noirs ont vu leurs passeports confisqués. Je suis outré et je dis à mon compagnon de voyage que je vais protester, car la police n'a pas le droit de retirer nos passeports sans motif, ni explication, et s'il doit y avoir un contrôle, il doit s'appliquer à tous et dans les mêmes conditions. Il ne doit pas y avoir un contrôle pour les passagers blancs et un autre pour les passagers noirs. Les personnes, toutes noires, en majorité africaines, à qui on a confisqué le passeport, sont parquées comme du bétail, autour d?un banc à une dizaine de mètres du guichet de contrôle de la police des frontières. Je décide de me présenter au guichet réservé aux ressortissants de l'union européenne, et de ne pas attendre avec le groupe des « confisqués ». Arrivé au guichet, je dis au policier que son collègue a retiré mon passeport et je lui présente ma carte d'identité. Je lui dis que je reste là et que son collègue doit me ramener mon passeport, ici. Il s'énerve, sort du guichet et, comme il veut m'attraper, je lui dis de ne pas me toucher. Il insiste, m'agrippe, je me débats.

Un tabassage en règle !

Arrivent alors au moins quatre de ses collègues, l'un d'eux a une matraque. Ils sont énervés et crient fort. Ils m'attrapent, m'insultent et m'emmènent violemment vers leur bureau situé dans le fond du hall de l'aéroport, sur la droite du banc où ont été parqués les « confisqués ». Je me débats, je leur demande d'arrêter, je résiste, ils sont quatre, je m'accroche à tout ce que je trouve sur mon passage. Ils me poussent, toujours très menaçants, et continuent à m'insulter. Je reçois des coups dans le dos. On me pousse. En face de moi, il y a un grand poteau métallique gris : pour éviter de le cogner avec ma tête, je pose mes mains dessus et j'essaie de m'y accrocher. Les policiers enlèvent mes mains. Ils me poussent encore, je reçois à nouveau des coups dans le dos. On arrive presque devant leur bureau. Ils me plaquent devant une porte vitrée, ouverte. Je reçois des coups de poings et un coup de matraque sur la nuque. Ils sont de plus en plus violents, de plus en plus énervés et de plus en plus nombreux. Une femme policier, frêle, les a rejoints. Elle aussi est très remontée, elle m'insulte. On me pousse dans le bureau. A présent, la femme est en face de moi. Elle aussi est agressive. Tout le monde est énervé. Je suis assommé par tant de violence verbale et physique.

La nationalité française niée

On me dit de me taire, sinon on me renvoie dans mon pays, à Dakar. Mon passeport est sur le bureau, j'entends un policier dire que j'habite à Paris. Je m'aperçois que je saigne de la main droite, le sang coule par terre. Je leur dis : « Regardez ce que vous avez fait, regardez, je saigne ! » Personne ne semble s'en soucier. Un policier ramasse ma montre, me la remet. Après cinq minutes, un vieux policier sort un rouleau de papier toilette et me le tend pour que j'essuie ma main qui saigne de plus belle. Je refuse et leur dis que je veux contacter le consulat de France. On me dit de faire ce que je veux, on m'insulte encore. Le policier assis devant l'ordinateur commence à parler français, je lui demande : « Ah bon, vous parlez français ? », il me répond que oui. Un autre policier prend le téléphone situé à l'autre bout du bureau, il parle d'un passager étranger et me tend le téléphone en m'indiquant qu'il s'agit d'un interprète. Celui-ci me demande alors si j'ai visa pour entrer en Espagne. Je lui réponds que j'ai un passeport français et que je suis simplement en transit. Il me demande de lui repasser le policier.

Le cauchemar semble se terminer

Mon passeport et mon billet sont à présent posés sur le bureau, à côté de moi. Je demande au policier qui contrôle les passeports à l'ordinateur, si je peux les prendre. Il me dit oui et me fait signe de partir. Je suis surpris, écoeuré et dégoûté. En fait, on m'a battu, violenté et insulté pour rien. On ne me reproche rien. Sinon d'être Noir et d'avoir demandé qu'on me traite légalement, avec un minimum de respect. On me reproche d'avoir dit qu'on n'avait pas le droit de me contrôler de cette façon. Mais pour les policiers, un passager Noir d'un vol en provenance d?Afrique n'a aucun droit, et encore moins celui de protester. Quelle que soit la façon avec laquelle il est traité, il doit se taire. Je sors et me dirige vers le guichet. Il y a un nouveau groupe de passagers fraîchement débarqués qui font la queue. Je contourne la file et me présente au policier, celui qui m'a le premier attrapé. Je lui dis qu'étant donné que ses collègues avaient procédé à la vérification de mon passeport qu'ils avaient examiné sous toutes les coutures, je pouvais passer sans refaire la queue. Il m'intime l'ordre de mettre dans la file. Je m'exécute. Dans la file, une personne qui était derrière moi, voyant ma main qui saignait, me propose un mouchoir en papier. Je la remercie et lui dis que c'était le travail des policiers espagnols, car, tout en me tabassant et m'insultant, ils s'obstinaient à me dire qu'ils faisaient leur boulot. J'arrive au guichet, je présente mes papiers.

Retour à la case cauchemar

Le policier les regarde et me les rends. Par dégoût, j'essuie ma main sur le comptoir. Le policier s'énerve et sort menaçant et violent, comme la première fois. Ses collègues arrivent à six ou huit. Ils m'attrapent, je me jette par terre. Ils me saisissent par les bras et les jambes, devant au moins cinquante personnes. Les coups pleuvent. Direction le bureau, encore une fois. Là, ils me jettent par terre, je manque de cogner le bas du bureau. Ils m'entourent en demi-cercle. Ils m'insultent et me menacent. Je suis désemparé. Je ne dis rien. L'un deux allait m'écraser les parties génitales. Je ferme mes jambes. Je suis très choqué. Je reste muet. Mon silence les désarçonne. Ils finissent par se calmer. Ils me demandent de partir, sur un ton très menaçant. Ils me font comprendre que s'ils me reprennent, ça va mal aller. Je sors, je refais la queue et je me dirige vers le guichet Iberia, mon passeport et mes billets sont couverts de sang, je les présente à l'agent Iberia.

Enfin, un peu d'humanité

Voyant le sang, il va chercher quelque chose pour l'essuyer. Il parle à une de ses collègues, peut-être sa supérieure. Il sort du local, revient et me dit de prendre le bus, le même qui m'avait ramené là. Je me dirige vers la sortie, le bus attend. A cinq mètres de la porte, un agent du service d'information de l'aéroport que je n'avais pas vu, m'interpelle. Il veut voir mon passeport et ma carte d'embarquement. Je lui tends mes documents trempés de sang. Il est surpris. Il me demande ce qui s'est passé. Je lui raconte. Il est maintenant indigné. Il me propose d'aller dans les toilettes pour me nettoyer la main. Je le remercie et lui dis que je ne voulais qu'une chose : partir d'ici. Voyant ma main qui saignait davantage, il ne veut pas que je m'en aille ainsi. Il me demande d'attendre. Il s'occupe de quelques passagers. Il prend son téléphone et appelle. Il me fait asseoir et m'explique qu'il a appelé le service médical de l'aéroport qui va bientôt arriver. Il est ému et outré par ce que je lui ai raconté. C'est la première personne, depuis maintenant près de trois quarts d'heure que dure mon calvaire, qui me manifeste un peu d'humanité. Je suis touché par son attitude. J'attends. Au bout de dix minutes, les secours arrivent. L'infirmière regarde ma main, me demande avec quelle compagnie je voyageais. Je lui réponds : « Iberia ». Elle me pose une compresse sur la plaie et me demande d?appuyer fort. Elle téléphone à Iberia. Fermement, elle exige qu'on lui envoie un chauffeur et un fourgon pour nous transporter à l'infirmerie. On m'y a soigné et délivré un certificat médical. On m'a conseillé de faire un vaccin antitétanique, dès mon arrivée à Paris. J'étais avec un jeune français, Noir lui aussi, qui devait prendre l'avion à 15h20.

Pour contacter Magatte Mbengue et lui témoigner votre solidarité : magatte@msn.com

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afrique   senegal   
 
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