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Le député Grosdidier
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Assemblée nationale |
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Ce n’est pas cette semaine encore que le mérite de l’inspiration me revient puisque l’actualité m’offre les meilleurs scénarios qui soient.
 Attention aux "youyous"
"Si le président algérien Abdelaziz Bouteflika peut se soigner à Paris, c’est bien là une conséquence positive de la colonisation".
Lors des débats relatifs à l’abrogation pure et simple de ce fameux article 4 de la loi du 23 février 2005 parce que c’est tout ce qu’il mérite, nous avons eu droit à des sorties des plus insolites. En illustre la saillie d’une rare intelligence du Sieur Grosdidier, député UMP de son état, au sujet du mariage. Si vous l’ignoriez, sachez que la polygamie n’est plus seule responsable de tous les maux de notre belle société. Non, le mariage mixte est aussi un fléau. Un mariage mixte, pour ceux qui n’ont pu entendre cette autre perle du député, est un « mariage dans lequel les deux personnes qui ne se connaissent pas du tout sont les mariés eux-mêmes ». Un mariage mixte est donc un mariage blanc, un acte civil et républicain permettant à un sans-papiers d’acquérir impunément la citoyenneté française. Lorsque les statistiques démontrent le caractère marginal d’un tel phénomène, n’est-ce pas encore là une tempête dans un verre d’eau ? Une tentative éhontée de faire diversion ? Nous l’avons tous compris, la mauvaise foi habite l’esprit d’une France fière de son passé colonial. En démontre tout ce micmac autour de Napoléon, héros peut-être, conquérant certes, grand homme, certainement pas.
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Que veulent réellement nos députés ?
À la lumière des récentes déclarations, j’ai brossé le portrait de l’idéal républicain, ici version UMP. La France est une République blanche et judéo-chrétienne. Si elle a dû, au cours de ses glorieuses épopées (les croisades, les conquêtes napoléoniennes, l’esclavage, la colonisation…) admettre en son sein certains ressortissants de peuples barbares, c’est au nom de la mission civilisatrice d’un Occident judéo-chrétien éclatant. Aujourd’hui, les temps ont changé. Les frontières sont définitivement figées, il n’y a plus d’espace à civiliser. Le régime des colonies a pris fin. Les héros mangent la poussière dans les Musées. Une charte des Droits de l’Homme a été élaborée. Depuis 1958, une Constitution consacre même une égalité de droit entre les individus, voire un droit à un logement, à un emploi, à la liberté d’expression, de culte, de manifester...
Et dans l’idéal, chacun devrait aussi rentrer chez lui.
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Rentrez chez vous !
Toutefois, comme il est avéré que nul ex-colonisé se semble disposé à emprunter le chemin du retour – et ce n’est pas faute de les y avoir incités – il est temps de prendre des mesures drastiques afin que ces belles dispositions aient un sens. Aussi à ses enfants hérités d’un autre lit, la France exige d’eux qu’ils soient dociles, conciliants et surtout très discrets. Pas de vagues. Ce n’est pas bien ça, les vagues. Ca fait désordre. On pourrait y lire de l’ingratitude. Pire du ressentiment. Un Antillais qui exprime son désaccord avec l’article 4 de cette fameuse loi n’est pas un bon élève de l’école républicaine. Un Arabe qui réside dans le 7ème arrondissement de Paris, a, lui aussi, très mal intégré l’idée de ce que doit être sa place dans l’hexagone. Quant à ces dissidents, ces enfants qui rappent à tous crins sur des vers nourris, et gavés d’un quotidien sans avenir au fond d’une banlieue du 93, ils feront l’objet d’une condamnation en bonne et due forme. La liberté d’expression s’arrête là où commence une certaine vérité pas bonne à dire.
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Je niquerai la France jusqu’à ce qu’elle m’aime
Je vais sans doute devoir répondre de l’emploi d’un vocabulaire grossier, mais je prends ce risque puisque nos propres ministres s’oublient également. Samedi dernier j’ai accompli sans le savoir un acte militant en achetant un CD de rap. Le rap est devenu subversif en France. Je pense très naïvement que lorsque l’on manque cruellement de tribunes d’expression, que l’on souffre de ne pouvoir être entendu, que le besoin de communiquer une douleur est irrépressible, que la musique représentait un formidable terrain d’expression. Ta ta ta. Pas du tout. Ce n’est là encore pas l’avis de certains députés du Gouvernement. Le rap ne serait qu’une forme de violence à part entière issue de "jeunes" des banlieues en déshérence.
Si j’admets volontiers que certains textes manifestent une certaine hostilité à l’égard d’une certaine France et de certaines institutions, le rap est avant tout une forme de contestation. Il est dans son essence destiné à rester un genre marginal en raison de cette même virulence. Supprimer ce caractère contestataire c’est supprimer le rap. Je crois que c’est ce que le Sieur Grosdidier qui stigmatise de façon systématique tout ce qui ne vient pas du 7ème arrondissement ou de Neuilly , n’a pas compris ou feint de ne pas comprendre. De toute évidence, le problème majeur de la France est que ses enfants ne se comprennent pas.
C’est vrai, je ne comprends pas pourquoi, par exemple, Dominique de Villepin souhaite faire cet incroyable bond en arrière en souhaitant placer des gosses de 14 ans (14 ans !) en apprentissage lorsque l’on sait que l’école reste la seule institution qui vaut la peine que l’on se batte pour elle, pour son existence, sa survie où que ce soit. Mais…suis-je bête ! le travail des enfants dans les mines ou à l’usine dans la France de Victor Hugo ( Où vont ces enfants ) ou de Zola (Germinal, la Bête humaine, l’Assommoir..) c’est justement ce que les enfants de Villepin – et toute la jeunesse dorée des beaux quartiers - ont dû apprendre pour mieux tenter de comprendre pourquoi les enfants de Mohamed et Fatou doivent, eux, aller en apprentissage. Jaurès et Marx se retournent dans leurs tombes pendant que la France fête le bicentenaire d’Austerlitz.
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