
Lettre ouverte à Son Excellence
Monsieur le Président de la République du Burundi
A Bujumbura
Excellence Monsieur le Président,
J’ai l’honneur de me référer à votre récent entretien avec la communauté Burundaise de Bruxelles, plus précisément à votre réponse à la question posée par Madame Kana, de la composante des Baganwa, et de vous faire part de mon indignation.
Monsieur le Président, vous semblez dire que la problématique ethnique n’est pas une priorité.
Pourtant, vous êtes sans ignorer que, depuis plusieurs années, notre pays (pour autant que vous estimez que les Baganwa en font partie), est profondément divisé pour des raisons liées essentiellement aux ethnies.
La Constitution elle-même reconnaît l’existence de 3 ethnies : les Bahutu, les Batutsi, les Batwa.
La même loi fondamentale fixe également les modalités de la gestion du pouvoir à tous les niveaux, à commencer par le niveau exécutif, et prévoit, dans la même optique ethnique que le pays est dirigé par un Président, assisté de 2 vice-Présidents (dont le premier doit impérativement appartenir à l’ethnie différente de celle du Président).
Je suis d’avis que la terminologie ethnique, d’après la définition du dictionnaire du mot « ethnie », ne peut-être appliquée au Burundi.
Je tiens néanmoins à rappeler à votre attention, que tous les historiens reconnaissent qu’au Burundi ont coexisté 4 composantes sociales : les Baganwa, les Bahutu, les Batutsi, les Batwa.
Conformément à cette reconnaissance historique, ces composantes sociales ont construit et constitué la nation Burundaise. Il serait dès lors totalement inadmissible que le peuple Burundais se limite aux seules identités : Hutu, Tutsi, Twa.
En tant que descendante directe des familles qui ont forgé l’histoire de notre pays, et donc dépositaire d’un certain idéal d’unité nationale, je ne peux tolérer ce vide juridique qui aboutit à cette exclusion qui vous a tant fait du mal, également.
Comptant sur votre esprit de « Sebarundi », j’ose espérer que vous ne manquerez pas de remédier à cette injustice et rendre aux Baganwa l’honneur et la reconnaissance qu’ils méritent.
Dans cette attente, recevez Monsieur le Président, l’assurance de ma haute considération.
Princesse Esther KAMATARI |