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Les propos tenus par Finkielkraut dans le journal Haaretz sont insupportables et inqualifiables à cause du mélange de deux crimes contre l’humanité qui dépendent de contextes historiques différents. La Shoah ne peut être comparée à l’esclavage des Noirs ; on peut se demander quel est le projet poursuivi par Finkielkraut en le faisant. Essayons de tenter une hypothèse.
Pour Finkielkraut, la Shoah serait-elle la seule souffrance et le seul crime dont l’humanité doit reconnaître et demander pardon aux victimes ? Si l’hypothèse est plausible, on est en droit de penser que pour Finkielkraut, la Shoah se situe au sommet de la pyramide des souffrances humaines. Et comme il semble refuser le critère de crime à l’esclavage des Noirs, pour ne voir dans celui-ci que le résultat des effets positifs apportés par l’Occident au nom de la civilisation « des sauvages » donc, on peut dire que pour Finkielkraut, l’esclavage est « un accident de l’histoire » voire « un détail ».
Doit-on assumer cette posture ségrégationniste dans les souffrances des victimes de la Shoah et de l’esclavage et s’obliger à adopter une explication raciste comme il le fait ? Le philosophe Aristote que Finkielkraut connaît tout au moins en pensée, disait à propos de l’Energeia que c’était une pensée en actes, une pensée en permanence en veille et sous l’activité de l’intelligence, ce qui permet de donner du crédit à l’acte que l’on pose.
Force est de croire que dans l’Energeia d’Aristote, Finkielkraut ne retient que l’acte et évite de mettre la pensée de celui-ci sou le contrôle de l’intelligence. Dire que l’esclavage des Noirs est un acte de bienfaisance pour l’Occident, oser affirmer que le projet d’une sociologie de la connaissance doit valoriser uniquement les bienfaits de l’esclavage et de la colonisation, cette attitude est malheureusement nihiliste ce qui n’a d’égal que l’égo démesuré de Finkielkraut lorsqu’il mélange connaissances philosophiques et explications historiques.
Le véritable projet de Finkielkraut n’est pas de dresser une pyramide des souffrances mais celle d’effacer la souffrance des Noirs, pour faire place uniquement à celle de la communauté à laquelle il appartient. Cette défense des intérêts partisans est peut-être louable de son point de vue, mais pourquoi cette entreprise systématique de démolition de la souffrance des Noirs ?
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L’attitude partisane de Finkielkraut, ces attaques massives contre les Noirs prouvent plutôt qu’il les aime et les déteste. Il aime les Noirs quand ils sont silencieux dans l’espace public, ne revendiquant rien, subissant toutes les discriminations comme peuvent l’être des victimes consentantes, au nom desquelles, on peut prendre position et jouer le rôle de protecteur dans les champs politique et social. Pour Finkielkraut, pourquoi le Noir se révolterait-il, ne devrait-il pas être content de son sort en France, terre d’accueil et terre des lumières. Il déteste les Noirs car ceux-ci veulent qu’on ne parle plus en leur nom. Les Noirs s’organisent, revendiquent, bousculent les agendas fixés par avance, investissent l’espace public et s’interrogent sur le sens à donner à leur existence et à leur histoire.
C’en est trop pour Finkielkraut, le bouc émissaire est vite trouvé, c’est Dieudonné et l’islamisme noir dans les banlieues inspiré par la pensée de Louis Farrakhan qui depuis les Etats-Unis insiterait les banlieues françaises à la révolte. Pour Finkielkraut l’humoriste Dieudonné et l’islamisme noir des banlieues représentent l’alpha et l’oméga de l’anti-sémitisme institué comme manœuvre politique pour nuire aux victimes de la Shoah.
Je laisse humblement cette méthode de déconstruction-construction des souffrances et de leur pyramidisation à Finkielkraut pour terminer sur son projet politique. Le projet politique de Finkielkraut est simple, si tant est donné qu’il puisse en avoir un. Il s’agit pour lui d’étouffer dans l’œuf toute stratégie de ressourcement et d’action du peuple noir qui pendant des années a laissé souvent à d’autres le soin de parler en son nom. Finkielkraut crie au « communautarisme » des Noirs, ce qui est un artifice pour le bouter hors de la République. Le piège est trop gros et pas assez fin pour endormir la communauté noire. N’en déplaise à Finkielkraut, il faudra qu’il s’habitue à voir les Noirs prendre la parole et exister de façon concrète dans l’espace public de la République. Les Noirs ne confondront jamais comme il le fait Shoah et esclavage, car ce sont deux crimes contre l’Humanité aux racines et aux explications différentes. |
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