
Le ministère de la Défense a déclassifié de nouveaux documents sur l'affaire Mahé et les a transmis à la justice qui cherche à savoir s'il y a eu confusion sur l'identité de l'homme assassiné dans un blindé français en Côte d'Ivoire en mai dernier.
Selon les éléments que le ministère a en sa possession, deux personnes répondant au nom de Mahé "sont dans l'environnement de ce dossier", a déclaré jeudi le porte-parole du ministère, Jean-François Bureau.
Firmin Mahé, considéré par l'armée française comme un bandit de grand chemin, a été étouffé dans un véhicule de la force Licorne, qui est déployée en Côte d'Ivoire. Selon plusieurs informations de presse, il aurait été confondu avec un homonyme.
"Un Nestor Mahé a bien été interpellé dans la même période sans que nous ayons des précisions absolues en matière de dates et a été remis à la police civile" de la force internationale, a expliqué Jean-François Bureau lors d'un point de presse.
L'homme a ensuite été remis aux autorités ivoiriennes.
"Nous ne sommes pas capables aujourd'hui de lever les doutes, s'il y en a un" sur une éventuelle confusion entre les deux hommes par les soldats de Licorne, "mais le ministre fournit aux magistrats chargés de l'enquête tous les éléments en sa possession", a souligné le porte-parole.
Michèle Alliot-Marie a reçu mercredi "quelques documents de la force Licorne" qu'elle a déclassifiés et transmis "immédiatement" à la justice, a-t-il dit.
Elle a estimé, également mercredi, que l'hypothèse d'une méprise ne changeait rien "au problème juridique" dans cette affaire qui entraîné la mise en examen du général Henri Poncet.
Commandant de la force Licorne à l'époque des faits, il a été mis en examen la semaine dernière pour "complicité d'homicide volontaire".
Dans un entretien à paraître vendredi dans le quotidien la Croix, le procureur militaire de Côte d'Ivoire, Ange Kessi, demande "l'aide logistique" de la force Licorne pour localiser le corps de Firmin Mahé.
"A-t-il été enseveli, est-il encore à la morgue, est-il encore possible de l'autopsier ?", s'interroge le magistrat, à qui le juge Brigitte Raynaud, du tribunal des armées, a confié une mission rogatoire dans le cadre de cette affaire.
Une fois le corps identifié, "il faudra établir sa situation familiale, puis mener une enquête pour savoir si ce monsieur était un 'coupeur de route' comme on le prétend", déclare Ange Kessi.
Selon le procureur, les frères de Firmin Mahé et l'amie qui l'accompagnait lors de son arrestation par les militaires français ont été entendus.
Firmin Mahé était, dit-il, un journalier "qui trouvait du travail au jour le jour pour gagner de quoi manger".
Reuters |