
Le président tchadien Idriss Déby a demandé que le Darfour soit placé sous mandat des Nations unies parce que le Soudan utiliserait les troubles dans cette province pour déstabiliser son pays.
Pour Déby, les dirigeants soudanais soutiennent les rebelles tchadiens qui ont attaqué le 18 décembre la ville d'Adré, à la frontière avec le Darfour soudanais, où il ya eu des dizaines de milliers de victimes depuis 2003. Les soudanais de leur côté démentent formellement ces accusations.
"Cette tentative de déstabilisation savamment orchestrée par le Soudan vise à exporter le conflit du Darfour dans la sous-région, dont le Tchad et la République centrafricaine sont les premières victimes", a déclaré Déby à N'Djaména lors du sommet de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac).
La CEMAC regroupe six pays d'Afrique centrale : le Tchad, le Cameroun, la République centrafricaine, le Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale. Les chefs d'Etats et les représentants des six pays ont signé une déclaration de soutien en faveur du président tchadien et ont invité l'Union africaine à s'occuper du problème.
"Il n'est pas tolérable que des rebelles puissent être utilisés par un pays quel qu'il soit pour commettre des actes visant à déstabiliser le Tchad ou ses institutions", a déclaré le président Congolais Denis Sassou Nguesso, qui s'exprimait pour le compte des pays membres de la CEMAC.
Le conflit au Darfour a entraîné un exode massif de dizaines de milliers de réfugiés au Tchad. Déby a affirmé qu'ils ne pourront rentrer au Soudan que si la sécurité est pleinement restaurée au Darfour.
Depuis l'attaque d'Adré du 18 décembre, Idriss Déby livre une bataille diplomatique à son homologue Omar Hassan al Bachir au sein de l'Union africaine.(Ainsi Le Tchad s'est opposé à la tenue à Khartoum du prochain sommet de l'UA, les 23 et 24 janvier).
"L'Afrique entière et la Cémac en particulier ne sauraient admettre que le président Omar al Bachir soit le prochain président de l'Union africaine", a dit Déby à ses homologues.
De nombreux experts pensent que tous les ingrédients sont réunis pour que le contentieux tchado-soudanais se transforme rapidement en crise régionale.
"La guerre au Darfour a un effet négatif et déstabilisant pour la situation tchadienne. Elle a créé des divisions au sein de la population et des forces de sécurité", a estimé Dave Mozersky, de l'International Crisis Group. "Il est urgent que la communauté internationale prenne des mesures pour reconnaître les implications régionales de cette situation. Si le Tchad sombrait dans le chaos comme le Darfour, l'instabilité pourrait se répandre en Afrique vers l'ouest et le sud", a-t-il ajouté.
Avec Reuters |