
Des groupes d’hommes lourdement armés ont attaqué à l’aube, dimanche dernier, la station de pompage de Beniside, a déclaré Shell dans un communiqué. « Les assaillants ont pris d’assaut la station de pompage à bord d’embarcations rapides, incendié les logements du personnel et endommagé les unités de raffinage avant de prendre la fuite ».
Les unités assurant la protection de la station de pompage de Benisede ont été attaquées par des assaillants, a indiqué le Brigadier général Elias Zamani, commandant des forces spéciales déployées par le gouvernement pour mettre un terme à la spirale de la violence qui sévit dans la région pétrolifère du delta sud.
Le groupe ayant revendiqué la responsabilité des récentes attaques a demandé à Shell d’évacuer ses employés de la région où les opérations liées à l’exploitation du pétrole ont été fréquemment perturbées par des militants qui affirment se battre pour le respect des droits des populations locales démunies.
Selon M. Zamani, qui a refusé de donner plus de détails, l’attaque de dimanche dernier aurait fait plusieurs victimes parmi les militaires et les assaillants. Pour sa part, la presse nationale a fait état d’au moins 13 morts parmi les soldats.
Les employés de Shell blessés au cours de l’attaque ont été transportés à l’hôpital tandis que le personnel des installations voisines d’Ogbotobo, Opukushi et Tunu a été évacué dimanche, a déclaré la compagnie.
Un groupe se prénommant le Mouvement pour l’émancipation du Delta du Niger a revendiqué les récentes attaques qui ont eu lieu dans la région, dont celle de la plate-forme offshore EA de Shell, le 11 janvier, au cours de laquelle quatre étrangers ont été kidnappés. En outre, l’explosion qui s’en est suivie a endommagé un important oléoduc.
Le groupe exige le contrôle des revenus du pétrole de la région ainsi que la libération de Moujahid Dokubo-Asari, le chef de la milice, arrêté et détenu pour trahison.
« Nous voulons contrôler notre pétrole et nous voulons la libération de Dokubo-Asari », a confié à IRIN Brutus Etikpaden, qui s’est présenté comme le leader du groupe. « Nous avons prévenu tout le personnel étranger travaillant sur les plates-formes pétrolières qu’il était dans leur propre intérêt de quitter le Delta du Niger ».
Dans une déclaration transmise à la presse par courrier électronique, le groupe a affirmé retenir en otage Milko Nichev, un Bulgare, Patrick Arnold Landry, un Américain, Nigel Watson-Clark, un Britannique, et Harry Ebanks, un Hondurien.
Shell, qui contrôle un peu moins de la moitié des 2,5 millions de barils exportés quotidiennement par le Nigeria, ne produit actuellement que 106 000 barils par jour en raison de l’indisponibilité de l’oléoduc endommagé la semaine dernière.
En décembre, l’attaque d’un autre oléoduc tout aussi important avait également contraint la société à interrompre pendant deux semaines l’exportation du pétrole brut depuis son terminal de Bonny.
Les tensions ont particulièrement été exacerbées dans le delta depuis l’arrestation en septembre dernier de Dokube-Asari. Accusé de trahison par les autorités nigérianes, il est actuellement en détention, en attente de son procès.
Dokubo-Asari a été inculpé après avoir déclaré dans une interview qu’il lutterait pour la désintégration du Nigeria.
Son mouvement, la Force volontaires du peuple du Delta du Niger, a pris les armes au nom des Ijaws, le groupe ethnique majoritaire dans la région du delta du Niger qui accuse les gouvernements nigérians successifs d’avoir privé les communautés de la région des bénéfices du pétrole exploité sur leur territoire.
© IRIN |