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Théophile Obenga
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grioo.com |
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Samedi, 14 janvier, à l’espace Diaconesse, où se déroulent, des cours d’initiation à la langue et l’histoire égyptienne, a eu lieu un cours particulier donné par le professeur Théophile Obenga. S’appuyant sur des textes anciens, il a initié à la traduction de signes hiéroglyphiques et ce fut une réelle partie de plaisir, ponctuée d’humour et d’échanges.
Avec joie, on écoute Théophile Obenga car si l’homme est attachant, généreux, volubile, il maîtrise son sujet. Ainsi, il nous dévoile les hiéroglyphes, évoque le grec ancien, l’origine des mots et en bon scribe, griffonne sur le tableau, dessine, peint, car pour écrire et traduire les hiéroglyphes, il fallait déjà savoir dessiner… En cela, les égyptiens antiques furent les premiers à maîtriser l’art du dessin. Puis, on translittère les signes en une phonétique particulière, en s’aidant du dictionnaire de Gardiner, afin de déterminer le sens d’un texte. Nul besoin, d’être un spécialiste, affirme Théophile Obenga, l’écriture hiéroglyphique doit éveiller l’intérêt, susciter l’imagination…Petit moment de détente dans la salle, on cause de polygamie, de polyandrie, de polygynie : les mots s’envolent alors, fusent, les opinions aussi, puis sérieux, le professeur nous invite à connaître, donc à lire la culture égyptienne. Et cette écriture égyptienne, pilier de celle-ci, qui à l’inverse de l’ écriture latine, ne comporte pas de faute possible, en effet, le dessin hiéroglyphique, un oiseau par exemple, évoque une attitude, pose une symétrie, a une élégance, s’ enthousiasme Théophile Obenga, et ce via la transposition des symboles. Il y a une esthétique des mots. L’écriture devient alors un art, une beauté, et l’intellect est sublimé.
Le cours se poursuit dans la bonne humeur et si le professeur reste drôle, captivant son auditoire et même les enfants présents, il évoque aussi les méthodes naturelles employées par les égyptiens, les rites de la momification, où comment faire un parfait bandage, si parfait qu’il demeure difficile à reproduire pour la science médicale actuelle. L’accouchement des femmes, qui respectait les lois de la gravité, entre deux briques… Et l’art du sommeil, si les égyptiens dormaient les pieds surélevés, favorisant ainsi la circulation sanguine, nous faisons allègrement le contraire.
L’homme noir gagnerait alors à retourner à tout ce qui lui était généreusement enseigné par la nature, à condition qu’il sache l’écouter, or ces valeurs anciennes se perdent de nos jours. Il y a un manque de spiritualité aujourd’hui, déplore Théophile Obenga. Nous manquons de divin, d’harmonie avec soi et le monde autour… Les couronnes que portaient les dieux égyptiens en coiffe étaient des disques solaires et la connexion à Râ demeurait permanente. Râ, maître de la Maât, de cette Vérité et de cette Justice, Neb Maât Râ… Ainsi le Dieu créateur Râ montrait la bonne gouvernance ou la Maât à chaque pharaon, portant des noms à caractère divin, tel Horus, Anubis ou Akhenaton, le pharaon, le plus adoré…
Formez-vous donc ! Il n’ y a pas assez d’égyptologues, enjoint le professeur. Il faut continuer de traduire les textes anciens, plein d’enseignements et de spiritualité ancienne. Et poursuivre dans la lignée de Cheikh Anta Diop car il y a tant à faire. Revisiter les enseignements dispensés par l’histoire de l’humanité, l’école d’Alexandrie, les premières universités, celles de Tombouctou, où l’homme noir participait à la marche du monde, quand les Empereurs, les Mansas étaient au sommet, quand ils étaient écoutés, consultés réunissant autour d’eux une cour de savants, d’intellectuels, d’artistes… Et plus actuellement, s’appuyer sur des écrivains comme Frantz Fanon, Aimé Césaire et son Discours sur le colonialisme, texte cinquantenaire ! Resituer la conscience noire, pour un peu plus d’espoir et aller à l’encontre de cet afro-misérabilisme ambiant. La diaspora, ajoute Théophile Obenga, aura un grand rôle dans le futur…
Puis, les mots reprennent leurs droits : CARPE DIEM ! Cueille donc la moisson du jour ! Qu’elle soit belle. Et bois à ton esprit ! Disaient les anciens…Ceux qui étaient là avant.
Note de Grioo.com: la semaine prochaine nous vous proposerons une interview du professeur Obenga |