
Une délégation tchadienne et des représentants de la Banque mondiale se réuniront lundi à Paris mais cette rencontre n'est qu'une étape des consultations engagées pour tenter de régler le contentieux qui les oppose sur l'utilisation des revenus pétroliers, indique un haut responsable de la Banque mondiale.
Cette rencontre fait suite à des discussions qui se sont tenues la semaine dernière à N'Djamena entre le président tchadien Idriss Deby et son représentant au conseil d'administration de la Banque mondiale, Paulo Gomes.
S'exprimant samedi à Washington avant son départ pour Paris, Ali Khadr, directeur de la Banque mondiale pour les opérations au Tchad, a confié qu'il n'était pas prévu que le président de l'institution financière internationale, Paul Wolfowitz, participe à la réunion.
"Les rencontres que nous aurons lundi et peut-être mardi sont une étape de plus dans le processus de consultations avec les Tchadiens", a-t-il dit. "Mais il ne s'agit pas pour nous d'un événement extraordinaire, ni d'une réunion décisive."
Ces discussions parisiennes seront néanmoins les premières depuis que Wolfowitz a annoncé le 6 janvier la suspension de tous les prêts au Tchad pour dénoncer la révision de la "loi 001" de 1999 encadrant la gestion des revenus pétroliers tirés du gisement de Doba.
Cette loi prévoyait notamment que 10% des revenus pétroliers allant au Tchad seraient versés sur un compte bloqué pour les générations futures et réservait les sommes disponibles au financement de programmes de développement.
Estimant que la "loi OO1" représentait une opportunité unique d'utilisation de la manne pétrolière pour réduire la pauvreté, la Banque mondiale avait accepté de financer une partie de l'oléoduc reliant le gisement de Doba au terminal pétrolier de Kribi, au Cameroun, indispensable à la mise en valeur des réserves pétrolières tchadiennes.
Mais les autorités tchadiennes, confrontées à une crise financière et sociale, ont révisé la législation à la fin de l'année dernière, supprimant notamment le Fonds de réserve pour les générations futures et intégrant la sécurité dans les secteurs prioritaires pouvant bénéficier de l'argent du pétrole.
Ces changements, estime la Banque mondiale, sont de nature à détourner le programme de gestion des revenus pétroliers de ses objectifs initiaux de réduction de la pauvreté et constituent une violation de l'accord de prêt.
Source : Reuters |