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Rumeurs et clameurs ou les illusions perdues de la Révolution Guinéenne.
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Tolomsè Camara a écrit ce livre pour dire ce qu’a vécu la Guinée. Pour qu’on comprenne l’inertie ambiante de ce pays et pourquoi rien n’a changé en cinquante ans.
C’est donc une écriture à la fois lyrique, nostalgique, presque poétique, au service d’un livre léger et grave à la fois…
Guinée, Rumeurs et clameurs, est aussi une invitation au voyage, sur une rivière d’évènements politiques, qui situent la Guinée dans un contexte post colonial, aux accents révolutionnaires.
Le Narrateur, pérégrine du récit philosophique à l’épopée personnelle au cœur et en dehors d’un pays, que la décolonisation et l’indépendance nouvellement acquise va laminer et transformer ses hommes modestes, en loups ambitieux, dédiés à la gloire du parti tout puissant…
Ce parti qui va ériger la corruption, l’affairisme et le militarisme crapuleux en diktats de la société guinéenne et faire fuir bon nombre de fils du pays à l’extérieur… Ceux là qui jusqu’aujourd’hui et pour la plupart ne sont pas revenus…
1958 : Le pays a gagné son indépendance et Ahmed Sékou Touré prend le pouvoir pour s’opposer à la France dans un non cinglant à la Constitution de De Gaulle s’érigeant ainsi en symbole de résistance pour jouir d’une réputation internationale, avant de se transformer par la suite en un dictateur sanglant et répressif. Ses victimes trouveront la mort au fond de geôles sinistres. Il écrasera qui de ses citoyens, anti-guinéens, comploteurs, s’opposera à sa Révolution Culturelle. A son programme ambitieux : Imposer donc les langues nationales dans l’enseignement. Rejeter la France à tous point de vue. Gouverner la Guinée d’une main de fer et mener la Révolution tambour battant ! Cette révolution qui a exalté le narrateur, l’ a emporté dans des élans socialistes hérités des doctrines marxistes de l’ Est et ravivés en symbole de l’émergence guinéenne rêvée, mais brisée par des illusions trop vite retombées.
Le récit se poursuit et notre homme doit fuir vers d‘autres contrées, d’autres rives, celle du Sénégal, où il va s’alanguir et continuer à rêver la Guinée, dans une nostalgie singulière et parfois lancinante… Ce pays, il finira par s’y attacher et s’y faire des amis.
Puis c’est le Gabon. Là, notre homme va comprendre et épouser les motivations de ses citoyens toujours en gardant au fond du cœur, son amour pour la Guinée.
Est-ce de l’extérieur que l’on ressent mieux le patriotisme, cette fierté d’appartenir à la terre mère ?
Sentiments mêlés, retrouvailles, adieux, fuite du temps, rapport à l’autre, dans une vie qui ne passe jamais sans la contrepartie de ce que l’on perd en retour. Le texte avance donc sans pudeur, toujours ponctué de réflexions philosophiques sur notre moi, le moi et l’autre, les expériences qui cassent nos habitudes établies, en des mouvements de pensée, de corps et de perception des choses. Une exploration continue sur l’existence de soi, sans réponse définitive aux questionnements de l’être… L’amour vient s’y mêler également, fugace, nécessaire, toujours là quelque part entre les lignes.
Et revient la déchirure, d’être parti, les réminiscences, le regret qui veut obscurcir le chemin, escarper le sentier, jeter des cailloux sur l’avancée inévitable que doit être la vie du narrateur, la vie qu’il a choisie.
Rumeurs et clameurs est au final un texte positif, attachant, captivant et qui raconte sans rancœur ni amertume un pan de l’histoire d’un pays, par un homme sensible, qui veut lui rendre hommage malgré l’éloignement. |