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Xavier CHUNGU, 53 ans, a été pendant dix ans (sous le règne de Frédérik Chiluba) le directeur général des services secrets de Zambie. A la fin de son mandat et à la suite du changement de régime et l'élection de Levy Mwanawasa en Décembre 2001, il est rapidement écarté, poursuivi et emprisonné dans les geôles zambiennes durant près de dix huit mois. Il est accusé en même temps que l'ex-président Chiluba, notamment de dénournements de fonds publics.
Aujourd'hui en exil, Xavier CHUNGU dénonce les "dérives" du nouveau pouvoir et souhaite par dessus tout contribuer à l'éviction du président en fin d'année.
Il a accordé à Gerba Malam, une interview exclusive pour Grioo.com dont voici le détail :
Xavier Franklin CHUNGU a été Directeur général du bureau du Président en Zambie. IL vit aujourd'hui en exil.
À plusieurs reprises, le gouvernement zambien a insinué que vous aviez fui votre pays pour trouver refuge au Canada. Quels sont vos commentaires à ce sujet?
Comme j’aurais aimé être dans ce beau pays! Malheureusement, je ne suis allé au Canada qu’une seule fois, lorsque je négociais l’achat de l’avion présidentiel avec Bombardier Canada. Depuis, je n’y suis jamais retourné. La raison pour laquelle le gouvernement de la Zambie a pensé accuser le Canada, entre autres pays, c’était pour essayer d’obliger la communauté internationale à faire pression sur ce pays pour qu’il aide à me retrouver. C’était une façon pour M. Levy Patrick Mwanawasa de dérouter le monde dans sa soi-disant bataille contre la corruption.
Il y a eu un long débat sur la façon dont la Zambie devrait procéder pour adopter une nouvelle constitution par la Commission de Révision Constitutionnelle Mungomba. Quel est votre apport dans le débat?
Il est triste pour la Zambie que même un avocat devenu Président comme M. Mwanawasa, qui devrait comprendre ce que représente une constitution nationale pour un peuple, refuse pourtant d’écouter les appels de la population pour une approche acceptable dans l’adoption d’une nouvelle révision constitutionnelle. Il a impunément rejeté les demandes des gens et a osé leur dire «d’aller au diable ». En tout cas, comme cela est arrivé à tous ses prédécesseurs, je peux assurer M. Mwanawasa que plus tôt que tard, il ressentira le pouvoir du peuple quand ce dernier votera en décembre 2006.
Le Président a catégoriquement refusé d’écouter le Peuple. Il a refusé d’entendre les appels de la société civile. Il a refusé d’écouter le Mouvement Syndical qui représente les travailleurs. Il a refusé d’entendre l’église et au contraire, il a traité toutes ces institutions ainsi que le reste des électeurs de corrompus, alors qu’ils ne demandent que leur droit. Il a traité tous ceux qui demandent l’adoption d’une nouvelle constitution à travers une assemblée constituante de corrompus. M. Mwanawasa prétend que ce serait trop cher d’adopter une nouvelle constitution par la voie d’une assemblée constituante populaire.
Mais le Président est continuellement en train d’organiser et de financer des élections législatives partielles à grands frais. En janvier 2006, il a ordonné au Ministre des finances de trouver un million de dollars américains pour envoyer l’équipe nationale de football à la Coupe d’Afrique des Nations. L’argent dépensé pour les élections législatives depuis que les gens ont demandé qu’une assemblée constituante adopte une nouvelle constitution, ajouté à l’argent dépensé pour envoyer l’équipe de football en Égypte aurait été suffisant pour tenir une assemblée constituante dont on a grandement besoin, sans compter le soutien de la communauté des donateurs.
Le parti au pouvoir vient de gagner encore une autre série d’élections partielles dans le pays. N’est-ce pas suffisant pour montrer que le Président Mwanawasa est très populaire et qu’il a sûrement raison d’aller dans le sens qu’il veut pour l’adoption d’une nouvelle constitution?
Je ne suis pas d’accord avec qui que ce soit qui pense que le peuple est derrière M. Mwanawasa. Cet homme a perdu de sa popularité à un niveau jamais vu dans l’histoire de la politique de la Zambie. Bien sûr, il est encore au pouvoir parce qu’en Zambie, on n’a pas recours à la violence pour changer les gouvernements. Je peux seulement vous assurer ainsi qu’au reste du monde, que le sentiment des gens en Zambie est que M.Mwanawasa ne doit en aucun cas être reconduit au pouvoir..
M.Mwanawasa a insulté la plus grande population d’électeurs du peuple Bemba dans le nord du pays et dans les provinces de Luapula. Il les a décrits comme étant de «personnes sales et puantes ». Il a dit aux travailleurs qu’il n’a pas besoin d’eux et il a préféré au contraire leur refuser des lois leur assurant une protection adéquate, en favorisant les conditions de travail inhumaines des investisseurs. Il a décrit la société civile, l’église et le reste des électeurs comme étant de personnes corrompues pour avoir demandé une assemblée constituante.
Et en outre, il ne croit personne, dans toutes les branches de l’administration, assez compétent, pour gérer les activités journalières et au contraire, il doit être consulté quotidiennement pour donner son approbation. Est-ce ce genre de président que vous pensez ou que quiconque pense qu’il pourra être reconduit au pouvoir? Je crois que les gens en Zambie sont très sensibles à tous ces problèmes et attendent juste de pouvoir voter quand le moment viendra.
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Levy mwanawasa, le président Zambien
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À quel point l’opposition dans votre pays est-elle efficace? Vous semblez avoir de trop nombreux mais faibles partis politiques pour pouvoir évincer le parti dirigeant.
Les résultats des élections partielles ne concernent pas personnellement M. Mwanawasa. Ces résultats concernent le parti dirigeant, le MMD et un parti politique alternatif dans l’opposition pour rassurer la population pour le moment. En effet, il y a trop de partis politiques dans l’opposition dont plusieurs existent seulement sur papier. C’est le principal problème sur lequel les gens en Zambie doivent agir s’ils veulent convaincre et rassurer les électeurs. Dieu merci, les électeurs le savent et avec une campagne bien organisée, M.Mwanawasa devrait quitter le pouvoir à la fin de l’année 2006.
Je suis convaincu que tôt ou tard, l’opposition montera une forte Alliance avec un leader pour contester la place présidentielle. Je veux faire appel à l’opposition en Zambie pour qu’elle tienne compte des pleurs du peuple qui ne peut plus être insulté. Ce peuple veut des garanties de la part de ceux dans l’opposition qu’il ne sera pas insulté. L’opposition en Zambie doit comprendre que les différends personnels ne sont pas une base pour servir le peuple. Nous devons nous unir et voter contre M.Mwanawasa pour l’écarter du pouvoir par une défaite retentissante.
Cela fait un certain temps que les journaux réclament la liberté de presse dans votre pays. Quelles ont été les difficultés pour adopter des lois qui garantiraient les libertés de la presse?
Depuis longtemps, le leadership politique en Zambie n’a eu aucun réel intérêt à décréter des lois qui garantiraient les libertés de la presse ni même des individus. Malheureusement, personne n’est prêt à en assumer la faute pour le moment. La seule solution est de changer le leadership actuel en élisant des dirigeants meilleurs et engagés, qui accepteront d’adopter des lois qui protègent le peuple, les ouvriers, la presse et les investisseurs.
Nous avons besoin de lois qui peuvent durer dans le temps et qui ne changeront pas avec le leadership politique. En tant que pays, nous ne pouvons pas nous attendre à une croissance économique stable sans lois stables et qui donnent des garanties. Sinon, la situation risque de se dégrader dans notre pays comme c’est le cas dans certains pays voisins, dont je ne voudrais pas mentionner les noms.
la version anglaise de l'interview
le site du magazine Afrique Expansion
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