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Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté ce dimanche à Paris pour dire leur indignation face à l'horrible meurtre du jeune Halimi par une bande "black blanc beur" puisqu'elle était composéé d'africains (d'origine du moins), de maghrébins, de portugais et même de "gaulois".
Les plus grands responsables politiques, associatifs français (dont le tout nouveau CRAN), se sont donné rendez-vous à cette manifestation.
Quelques jours avant, Jacques Chirac et d'autres haut responsables se sont également donné rendez-vous dans une synagogue où un service religieux en mémoire d'Ilan Halimi était organisé.
Et ceci est une chose dont on ne peut que se réjouir car les actes odieux, quelqu'ait été leur victime et quelque soient les bourreaux doivent être sévèrement condamnés.
Seulement, et à Grioo.com qui suit avec attention les événements touchant de près ou de loin notre communauté, si nous nous félicitons de ces réactions, nous ne pouvons que constater avec un certain regret que l'emballement médiatique et la compassion semblent bien sélectifs au pays des droits de l'Homme.
La Réunion: département français?
Les médias français ne sont pas privé de critiquer lourdement les autorités américaines pour leur (mauvais) traitement de l'ouragan Katrina. Les américains, ces ex-esclavagistes incapables de s'occuper de leurs minorités ont été lourdement épinglés à grand renfort d'images spectaculaires et dramatiques, notamment du maire de la ville qui n'a pas ménagé ses critiques.
Plus près de nous, ces mêmes médias se sont emballés parce qu'une paire d'oiseaux ont attrapé le nouvel épouvantail, le virus H5N1, qui de l'aveu des scientifiques (nous trompent-ils? Nous n'avons pas d'autre source qu'eux pour le moment) n'est pas transmissible à l'homme. Et pourtant, gros plans, interviews de ces braves éleveurs, un comptage médiatique montrerait que les médias se sont spectaculairement emballés.
Dans le même temps 77 êtres humains perdaient la vie, pendant que plus de 100.000 (oui vous avez bien lu: cent mille!) personnes étaient touchées par le virus du Chinkunguya.
Visiblement quelques volailles touchées par une maladie ne se transmettant pas (encore) à l'homme touchent plus qu'un département français où plus de 10% de la population est malade.
Les réactions auraient-elles été les mêmes si 10% des bretons ou des parisiens avaient été touchés?
On peut penser que non, et visiblement certains députés socialistes s'étant (encore une fois tardivement) réveillés non plus puisque cela a même provoqué un incident de séance à l'Assemblée Nationale Française.
Mieux vaut tard que jamais dit le dicton? Villepin qui a enfin daigné se rendre à la Réunion là où son rival Sarkozy avait dû renoncer, vient d'annoncer le débloquage de 76 millions d'euros et un effort à la mesure de l'ampleur du drame.
S'agira-t-il de "vrais" crédits? De redéploiement de crédits existants? L'avenir et une vigileance de tous les instants nous permettront d'y voir plus clair.
Une compassion équitable?
On reproche souvent à notre communauté une "comparaison victimaire". Façon souvent commode de dire "fermez-là et contentez-vous de ce que vous avez" comme on reproche à un gamin de lorgner dans le plat mieux garni de son petit frère.
En l'occurence, nous n'aurons pas peur de piocher dans l'actualité récente.
Quand un incendie s'est déclaré dans une école juive, le premier ministre Jean-Pierre Raffarin s'est déplacé dans l'école en question.
Quand un incendie se déclare Boulevard Vincent Auriol à Paris, pour lequel Nicolas Sarkozy a révélé de lourds soupçons criminels, les rescapés ont eu droit à une visite matinale de Nicolas Sarkozy... qui se demandait tout haut si les habitants "avaient des papiers".
Les infortunés de la rue du Bois Doré quelques jours plus tard n'ont pas eu le privilège de visites ministérielles de haut niveau.
Incendie dans une école : un premier ministre.
Incendie avec des victimes humaines: des amalgames.
Quelques semaines plus tard, Jacques Chirac se serait grandi en recevant la famille des deux jeunes français ayant péri dans un transformateur de Clichy Sous Bois, mais, pour des raisons qui lui appartiennent le président français n'a pas fait ce choix laissant cette option à son jeune rival Nicolas Sarkozy.
On pourrait noter de façon purement anecdotique que lorsque des représentants de l'actuelle majorité ont fait des amalgames plus que douteux, voire carrément racistes, sur l'origine prétendûment polygame des violences ayant enflammé les banlieues françaises, le président de la République et ses principaux ministres n'ont pas fait preuve de la même vigueur pour dénoncer ces clichés racistes qui affectent la vie de nombreux citoyens français.
Sur les "barbares"
Probablement échaudés par l'affaire du "RER D", les journalistes ont fait preuve d'une prudence qu'on peut louer pour associer les mots "antisémitisme" et "meurtre horrible".
Les déclarations, retransmises par les médias, des membres de ce gang laisseraient penser qu'ils ont choisi Ilan Halimi parce qu'ils étaient convaincus, suivant un cliché vieux comme le monde, que les juifs sont forcément riches et solidaires.
Avant Ilan Halimi ils se seraient attaqués dans les jours récents à 7 personnes dont plus de 50% étaient juives.
Mais les mois précédents ils se seraient attaqués, à en croire le quotidien Libération, à plusieurs personnes dont "seulement" un quart étaient juives.
Il n'en fallut pas plus pour qu'un déchaînement médiatique s'ensuive, avec passage en boucle d'une photo à faire frémir de Youssef Fofana, avec moults déclarations aussi alarmistes les unes que les autres sur la progression de l'antisémitisme en France.
C'est dommage que les médias n'aient pas pris le temps de réfléchir sur ce groupe qui s'auto-nomme "barbares" et qui partage certainement avec ceux-ci une façon primaire d'agir parce que s'ils ne manquaient visiblement pas de courage, le rapt d'Ilan et leurs "antécédents" montrent que s'ils ont suffisamment de cran pour réaliser des enlèvements ou faire des menaces d'extorsion, ils n'ont pas suffisamment réfléchi pour savoir comment toucher la rançon.
L'infortuné Ilan en fit les frais puisque ses ravisseurs dont l'amateurisme a désarçonné les policiers et n'ont pas su proposer de solution pour toucher la rançon, appeurés à l'idée d'être identifiés et interpelés.
Un examen attentif du "pedigree" du chef de ce gang montre un individu redoutable, bien connu des services de police pour de multiples vols avec violence.
Même si Bagneux est une ville globalement tranquille, il est notoirement connu qu'il y existe quelques bandes relativement violentes qui pratiquent souvent l'enlèvement (un camerounais en a été victime il y a quelques années pour une obscure histoire de dette) généralement "entre elles".
Où voulons-nous en venir? Une bande rompue à la violence. Qui gobe les clichés sur la richesse des juifs.
Résultat? Un emballement médiatique comme la presse sait en produire.
Si les médias veulent lutter contre la banalisation du racisme et de l'anti-sémitisme ils devraient prendre garde à ne pas s'emballer de la sorte. Parce qu'anti-sémitisme est synonyme de barbarie nazie et des plus sombres heures de l'histoire française, d'idéologues révisionnistes, de Papon, Touvier, Klaus Barbie et autre "barbares" au sens propre du terme.
Et que qualifier tout acte touchant un juif d'anti-sémite ne peut qu'aboutir à une banalisation de la notion d'antisémitisme et à cette "insensibilité" que médias et enseignants décrivent concernant ce phénomène.
Sans rentrer dans une "comparaison victimaire" et tout en condamnant naturellement tous les actes répréhensibles quelque soit l'origine ethnico-raciale du coupable ou de la victime, il serait souhaitable qu'au delà des (vains?) slogans la République française fasse réellement preuve d'égalité, et que tous les actes racistes touchant toutes les communautés soient condamnés de la même façon.
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