
Aya De Yopougon est la Bande Dessinée qui a reçu en dêh, le prix du premier album, au dernier festival de BD d’Angoulême. Lors du dernier festival de la bande dessinée d’Angoulême, trois auteures francophones étaient en lisse : une ivoirienne, une française et une laotienne. Et c’est l’ivoirienne Marguerite ABOUET qui est primée.
Marguerite ABOUET est née à Abidjan en 1971. Elle arrive en France vers l’âge de douze ans pour suivre des études. Aujourd’hui, Aya de Yopougon est la première histoire qu’elle destine à la bande dessinée. C’est avec une voix et un humour inédits, qu’elle y raconte une Afrique bien vivante.
C’est accompagné du talent du dessinateur Clément OUBRERIE, que le récit de Marguerite OUBRERIE prend vie avec esprit et authenticité. Le crayon frais, vivant et coloré de Clément OUBRERIE accompagne Aya et les habitants du quartier de YOPOUGON dans une fresque pleine de vitalité et de francophonismes locals.
Marguerite ABOUET raconte dans cette chronique sociale, ses souvenirs d’adolescente dans une côte d’ivoire florissante des années 70. La bande dessinée s’ouvre sur le tableau d’un rassemblement familial et amical institutionnalisé autour de la publicité télévisuelle de la très célèbre et populaire bière nationale la « Solibra ». Aya l’héroïne, âgée de 19 ans raconte ses péripéties de jeune femme dans le quartier populaire Yopougon rebaptisé « YOP CITY ». Ses deux copines Binetou et Adjoua aiment aller « gazer »(1) dans des lieux branchés avec des « génitos »(2) afin de « décaler »(3). Aya elle est différente, elle veut travailler elle n’aime pas gazer comme ses copines, elle veut devenir médecin, elle veut faire des études. Mais ne veut pas finir en série « c » : coiffure, couture et chasse au mari ». Puis, Il y a aussi le père d’Aya désireux de marier sa fille à un bon parti, peut-être Moussa, le fils « génito et galérien (4)» de son patron. Le patron de la société « Solibra » qui vit avec sa femme et son fils unique dans un palace aux couleurs acidulées et aux salons à la française, craint le scandale et propose une noce...
Marguerite ABOUET joue dans cette petite chronique avec la langue française, avec les clichés de la France (les robes Catherine Deneuve). Ici, il nous est présenté une Afrique pleine de vie de pêche de tchatche de vie, loin des reportages tristes et du misérabilisme des informations, montrant famine, guerres et perturbations politiques. C’est une Bande dessinée qui montre une Afrique où les jeunes vivent, une Afrique qui rit, qui tchatche, qui sort, qui mange, qui a des projets…..
Avoir reçu ce prix est une double victoire pour Marguerite ABOUET, car c’est la reconnaissance d’une Femme et d’une Ivoirienne dans un monde d’hommes.
Alors, en attendant le deuxième volet des aventures d’AYA, dévorer le bonus ivoirien en fin de livre pour tchatcher comme AYA, rouler le Tassaba ou ….dêh le mirer et enfin se restaurer (comme on sait bien le faire chez nous en Afrique)….Un délice kêh.
A découvrir de toute urgence aux éditions Gallimard Jeunesse.
(1) Gazer : sortir, s’éclater en boîte ou ailleurs
(2) Génitos : jeunes hommes qui ont de l’argent à gaspiller
(3) Décaler : danser
(4) Galérien : jeune homme qui a du temps à perdre (qui ne fait rien) |