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Une polémique a éclaté en fin de semaine dernière concernant le projet du CRAN de marquer la commémoration de l'esclavage du 10 Mai prochain par un concert à la place de la Bastille.
Nos confrères d'Afrikara.com n'ont pas hésité, dans un excès qu'on peut attribuer à leur indignation, à illustrer leur article par une photo du Carnaval de Rio (lire ici), vite imités par d'autres personnalités, dont certaines connues pour leur hostilité au CRAN.
Nous pensons notamment au Collectif DOM dirigé par Patrick Karam qui s'est fendu il y a quelques mois d'un communiqué n'hésitant pas à pousser l'abjection jusqu'à comparer le CRAN au Klu Klux Klan en omettant de façon impardonnable de se souvenir du rôle que le Klu Klux Klan a joué auprès des noirs américains, plusieurs d'entre eux ayant péri brûlés ou dans d'horribles souffrances par la faute de cette "association" de sinistre mémoire.
Le Collectif DOM fut rejoint par des voix moins polémistes comme celle de l'animateur Claudy Siar, de la présidente du Coffad Joby Valente, ou Serge Bilé qui n'ont pas hésité à dire qu'ils trouvaient intolérable que l'esclavage soit commémoré de façon "festive".
Les forums Internet comme souvent ont pris la tête de la contestation et la décision est tombée ce soir, le CRAN décide d'annuler le concert prévu.
Si on peut s'étonner de la présence parmi les organisateurs de la manifestation de SOS-Racisme dont le président justifiait dans une interview à grioo.com le silence de son association lors de la vente de documents sur l'esclavage par la "petite taille de son association", on pourrait faire quelques constats sur cette polémique:
 Le CRAN aurait pu consulter les associations impliquées de longue date dans la lutte pour une juste commémoration de l'immense tragédie que fut l'esclavage pour définir son programme, il est important que le CRAN n'opère pas une hiérarchisation entre les associations "médiatiques" (mais à l'utilité parfois contestable) et les autres
Il est dommage que l'esclavage serve de prétexte à régler les querelles nées du fait que certains estiment que le CRAN leur a "volé" la couverture médiatique à laquelle ils pensaient avoir droit.
Si le sujet est aussi grave que tous le disent, il ne devrait pas être exploité pour régler des comptes.
La voix de la raison l'ayant finalement emporté, espérons que le CRAN sera rapidement capable de proposer un programme suscitant l'adhésion populaire même si ne nous leurrons pas il est utopique d'espérer que tous ceux qui militent contre la date du 10 Mai pourront trouver une vertu à une commémoration en date du 10 Mai
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Le communiqué de presse du CRAN |
Le CRAN, le 10 mai :
Des réponses amicales à des propos qui le sont moins...
Afin de commémorer le 10 mai, le CRAN souhaitait organiser une grande manifestation culturelle, Place de la Bastille à Paris.
Ce projet avait été mis en oeuvre avec la Ligue de l'enseignement, la Ligue des Droits de l'Homme, SOS Racisme et Trace TV. Il s'agissait d'inviter des artistes engagés, et de diffuser des séquences vidéo sur l'esclavage, sur Toussaint Louverture, sur le commandant Delgrès, des entretiens avec Aimé Césaire, Maryse Condé, des jeunes et des moins jeunes d'aujourd'hui. Le tout, place de la Bastille, pour commémorer la fierté des esclaves qui se sont libérés.
Le projet avait reçu un avis très favorable du Comité pour la mémoire de l'esclavage, dirigé par Maryse Condé, et il était activement soutenu par Christiane Taubira, qui s'est battue jusqu'au bout pour qu'il puisse aboutir. Il s'agit là de personnes dont la compétence sur les questions liées à la mémoire n'est plus à démontrer.
Le CRAN et ses partenaires se sont démenés, et nous avons fini par obtenir de plusieurs institutions publiques des subventions pour un montant total de 170 000 Euros. Cela permettait de faire cette action publique pour célébrer l'abolition de l'esclavage, en faisant passer un message fort pour la jeunesse de ce pays en particulier, et pour tous nos concitoyens en général.
Malheureusement, certains ont lancé une campagne de dénigrement, diffusant même des images du carnaval de Rio, et d'autres plus ou moins obscènes, pour affirmer que tel était notre projet pour le 10 mai. Pouvait-on sérieusement croire que Madame Taubira, Madame Condé, la Ligue des droits de l'Homme et tous les autres soutenaient un « carnaval » ou une « bamboula » pour célébrer le 10 mai ?
Cette campagne de mauvaise foi, relayée par des personnes de bonne foi, mais manipulées malgré elles, a fini par payer. Les pressions exercées sur les bailleurs (certains sont même allés jusqu'à menacer d'envoyer des casseurs lors de cette manifestation culturelle!) ont été efficaces, et l'Etat, trop content d'avoir une bonne excuse pour ne rien faire le 10 mai, a finalement retiré sa subvention. Moralité, il n'y aura aucun événement d'importance nationale pour célébrer l'abolition de l'esclavage cette année. Le 10 mai a donc été instrumentalisé pour régler des comptes, et certains préfèrent priver la nation tout entière d'une grande action culturelle en mémoire de l'esclavage, pourvu que cela puisse nuire au CRAN. Mais est-ce bien le CRAN qui pâtit de tout cela ?
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