
La loyauté du personnel navigant et au sol d'Ethiopian Airlines (ET), la première compagnie aérienne du continent africain, ainsi que son haut degré de professionnalisme et son éthique du travail, lui ont permis de rayonner dans le monde entier, mais également de continuer de sillonner le ciel depuis six décennies.
Au moment de célébrer son soixantième anniversaire mercredi, le transporteur aérien éthiopien peut se présenter comme un symbole de la fierté et de la bonne gestion, a affirmé Hagos Legesse, un voyagiste et exploitant d'entreprise touristique de renom, qui a été, en 1971, le premier directeur des ventes et de la promotion de nationalité éthiopienne de la compagnie, une promotion qui était dans le droit fil de la campagne d'"éthiopinisation".
S'exprimant mercredi, à l'occasion d'une réunion publique organisée pour marquer l'événement, M. Hagos a affirmé que plusieurs compagnies aériennes nationales avaient cessé leurs activités du fait de leur incapacité à se doter de dirigeants véritablement dévoués à assurer l'essor de leur société.
"De nombreux membres du personnel ont préféré rester loyaux à Ethiopian. La loyauté du personnel est essentielle à la réussite de toute compagnie aérienne", a-t-il indiqué, tout en mettant en garde les employés et la direction de la compagnie contre le danger de la suffisance.
Ethiopian Airlines a été créée en 1946, elle est le fruit d'une entreprise commune conçue par le gouvernement éthiopien et la compagnie américaine Trans World Airlines (TWA), aujourd'hui disparue, suite à sa liquidation.
Après une timide période de lancement, au cours de laquelle l'ensemble de ses opérations, notamment les activités techniques et de planification étaient gérées par des expatriés, ET s'est caractérisée par des programmes novateurs et de qualité en ce qui concerne la formation et le perfectionnement de son personnel local.
"La compagnie a tenté de se constituer un gisement de pilotes, techniciens, membres d'équipage et dirigeants qualifiés, de telle sorte qu'elle n'ait plus besoin de compter sur l'expertise étrangère pour assurer sa croissance", a fait remarquer Abdul Mohammed, président du Conseil d'administration d'InterAfrica Group, un centre créé pour le traitement des questions touchant au dialogue, à la paix et au développement dans la Corne de l'Afrique et basé à Addis Abeba.
Il a indiqué que la compagnie aérienne est devenue un centre d'excellence d'envergure continentale pour le développement des ressources humaines dans l'industrie du transport aérien et la formation de personnels originaires de différents pays africains.
Les analystes africains de l'industrie aéronautique attribuent la réussite d'ET à la manière dont sa direction a relevé le défi de la planification stratégique et de la compétitivité au niveau international, pendant que d'autres transporteurs aériens enregistraient un recul de leur position sur le marché et s'effondraient.
En tant qu'innovateur stratégique doté d'une vision à long terme, ET pris l'option d'entretenir une flotte de petits aéronefs qui exploitent les lignes intérieures, s'aventurant sur les pistes des zones rurales de l'Ethiopie, où il arrive que les gérants des stations soient obligés de chasser des troupeaux de bétail ou d'ânes de l'espace prévu pour le décollage et l'atterrissage des appareils.
Parallèlement, la compagnie dispose des plus modernes appareils, qui transportent des passagers et du fret sur ses lignes intercontinentales.
Restant fidèle à sa stratégie, la direction d'ET affirme que la compagnie préfère "continuer son chemin toute seule" au lieu de conclure des partenariats avec de grosses compagnies aériennes américaines ou européennes, étant donné qu'elle a choisi de se concentrer sur le marché africain et non sur les grands marchés traditionnels des transporteurs aériens.
Ethiopian est aujourd'hui en passe de devenir la rampe de lancement, en Afrique, du nouveau Boeing 787 Dreamliner, suite à une commande ferme de 10 de ces appareils ultramodernes dont elle prendra livraison en 2008.
En dépit de son succès de pionnier dans l'exploitation des lignes intra-africaines ET devra toujours, constate Bisrat Negatu, un ancien directeur général de la compagnie, relever des défis humains.
"La compagnie doit renforcer l'investissement dans les ressources humaines en recrutant et en formant le personnel approprié, car ce sont les rapports entre employés et clients qui font ou défont une organisation", a-t-il expliqué.
Ce n'est pas son incursion précoce sur le marché aérien qui a donné à ET un avantage sur les autres compagnies aériennes du continent africain. Le soutien du gouvernement, les capacités d'adaptation à l'environnement de l'industrie aérienne en constante mutation et les efforts consentis pour rester en contact avec les innovations technologiques ont considérablement contribué à donner son visage à la compagnie, qui est la propriété de l'un des pays les plus pauvres du monde.
"Nous avons un potentiel de croissance dans tous les aspects. Avec l'aide de notre personnel, nous espérons offrir des services de meilleure qualité et plus importants", a assuré Girma Wake, directeur général d'ET.
Malgré son optimiste affiché, M. Girma a reconnu que la compagnie souffre du phénomène de fuite des cerveaux.
"Nous avons tenté d'établir des communications harmonieuses au sein de la compagnie et d'offrir de meilleurs salaires aux employés depuis ma nomination, en 2004. Il n'empêche, cependant, que nous perdons des collaborateurs qui répondent à l'appel de la concurrence", a-t-il relevé.
Au cours des dernières années, l'industrie de l'aviation aérienne africaine a été handicapée par des coûts d'investissement élevés et les prix du carburant qui continuent leur escalade pour atteindre des niveaux alarmants.
Cependant, Ethiopian Airlines fait face à la tempête et demeure une fierté pour le continent aussi bien dans le ciel qu'au sol.
L'Afrique souhaite Bon Anniversaire à Ethiopian Airlines. |