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Pierre Migisha
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grioo.com |
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Pierre, peux-tu nous présenter ton parcours ?
Aujourd’hui, je suis Journaliste, principalement journaliste sportif à RTL TVI, la chaîne leader en communauté francophone.
J’ai grandi ici en Belgique, je suis d’origine congolaise. Adolescent, je voulais déjà être journaliste car j’aimais bien écrire, en plus j’aimais bien les avantages du journalisme comme le fait souvent d’être aux premières loges... (Rires).
Après mes études secondaires, je voulais avoir une pratique. J’étais partagé entre une école supérieure et une université car j’avais le désir d’écrire très vite et de pouvoir pratiquer le métier de mes rêves. Sur les conseils des amis, j’ai opté pour l’université tout en cherchant des collaborations avec les journaux de la place. J’ai donc intégré l’ULB (l’université libre de Bruxelles) où j’ai fait des études de journalisme. Au même moment, à 18 ans à peine, j’ai commencé à collaborer auprès d’un journal qui s’appelle la Libre Belgique pendant 6 mois, puis j’étais collaborateur pendant 2 ans au journal Le Soir en tant que collaborateur sportif le week-end. Puis quelque temps après, et en parallèle avec mes chroniques au Soir, j’ai frappé à la porte de RTL, qui se trouvait en face de mon université et dès septembre 1990 à 19 ans à peine, j’ai pu collaborer régulièrement avec l’équipe de l’émission Eurofoot « une sorte de Télé Foot » version belge sous l’instigation de Philippe Henry à qui je dois beaucoup pour ma carrière. Philippe Henry a été notamment important pour guider mes choix, notamment à une époque où, ayant déjà aperçu le métier, je voulais me consacrer davantage et presque exclusivement à mes études. Il m’a convaincu de garder un pied dans le métier. |
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Malheureusement Eurofoot s’est arrêté et RTL m’a gardé pour travailler sur des sujets sportifs prioritairement pour les différents journaux télévisés. A la fin de mes études en 1994, j’ai été définitivement engagé dans la rédaction de la station. Je suis resté ainsi dans la rédaction de RTL jusqu’en 1998 où je travaillais comme simple journaliste polyvalent (avec donc aussi des sujets d’actualité générale) au sein de la rédaction.
En 1998, j’arrivais déjà à un moment de saturation dans mes missions et une occasion unique s’est offerte à moi. J’ai eu une possibilité de travailler pour l’Euro2000 de football en tant que l’un des porte-parole du comité d’organisation de cet évènement.
A la fin de l’été 2000 alors que je pensais me diriger vers autre chose, j’ai été recontacté par RTL qui venait de remporter les droits de diffusion des matchs de football au niveau européen. Aujourd’hui, je consacre 80% de mon temps de travail au commentaire des matchs de football. Je commente tous les matches de football diffusés par RTL (coupe de Belgique, matches de l’équipe nationale belge, matches de la Ligue des Champions). J’ai eu la chance depuis trois ans de commenter ainsi trois finales de champions league de football.
Cela dit, je reste journaliste avant tout et si un évènement important quel qu’il soit se produisait, je peux être mobilisé à tout instant pour le couvrir.
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Je commente tous les matches de football diffusés par RTL (coupe de Belgique, matches de l’équipe nationale belge, matches de la Ligue des Champions) |
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Pierre Migisha |
Alors pourquoi as-tu choisi le sport plutôt qu’un autre domaine dans le journalisme ? As-tu une relation spéciale avec le sport ?
Il y a la famille aussi. Je suis le dernier d’une famille de sept enfants qui adorait le sport. Depuis tout petit, j’achetais des magazines de sport. Je regardais la Télé et les différentes chaînes que nous pouvons recevoir ici en Belgique (Française, Belge, allemande, néerlandaise, etc.). J’ai fait aussi du sport (du football, de l’athlétisme). Bref, faire du sport ou suivre l’actualité sportive me semble naturel. Et comme j’aimais écrire dès mon plus jeune âge, l’association était parfaite.
Cela dit, je ne trouve pas le sport comme essentiel dans la vie. J’ai beaucoup plus d’admiration pour les médecins ou les enseignants par exemple. Mais le sport est devenu important parce que c’est devenu un vrai business et c’est aussi important par la dimension sociale qu’il représente : un rôle de contact avec les autres, d’intégration dans la société. Donc même s’il est gangrené par l’argent aujourd’hui, il véhicule encore beaucoup de valeurs saines qui me plaisent particulièrement. |
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Pierre était le parte-parole du comité d'organisation de l'Euro 2000
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fotbal.net |
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Si on revient au niveau de ta carrière, j’aimerais faire une halte sur ton expérience comme porte parole du comité d’organisation de l’Euro 2000. Comment l’as-tu appréciée ? Etait-ce évident pour toi, simple journaliste ?
C’était surtout une découverte de l’autre côté de la barrière. J’avais quitté RTL pour cette mission. Tout d’abord, je travaillais essentiellement en néerlandais. J’ai travaillé ainsi pendant 10 mois à Anvers, puis le reste du temps à Rotterdam (Pays-Bas) où j’avais un bureau. J’ai vu les journalistes de l’autre côté et c’était très intéressant. Un exemple qui m’a surpris a été l’intérêt porté pour les choses négatives. Lorsque les choses ne tournent pas comme il faut c’est une information, mais lorsque les choses vont normalement et que nous communiquions dessus, il n’y avait aucune reprise dans les journaux. Quelquefois, c’est frustrant. Par exemple, des emplois ici en Belgique ont été créés, la pays a bénéficié de l’image favorable d’un tel évènement mais non les journaux étaient essentiellement portés sur les matches à risque Allemagne-Angleterre à Charleroi, sur les falsifications de billet, etc.. Au final, c’était une expérience très enrichissante qui m’a permis de prendre du recul par rapport à mon métier de sorte qu’aujourd’hui, je suis plus à l’aise, plus serein.
Après cette expérience, tu as dit que tu ne pensais pas revenir dans le journalisme, que pensais-tu faire alors ?
Je voulais toujours rester dans le sport mais je voulais travailler pour une fédération, pour un club ou même m’occuper de la communication des joueurs ou pourquoi pas de leur carrière sportive en tant qu’agent.
Tu as donc une certaine proximité forte avec les joueurs ?
Oui tout à fait, c’est une grande différence avec la presse écrite. Les contacts sont plus faciles avec les joueurs car ils savent que derrière il y a l’image. La résonance est plus forte qu’avec la presse écrite. |
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Pierre a commencé en écrivant pour le Soir
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lesoir.be |
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Arrives-tu à garder ton esprit critique dans ces conditions ?
Malheureusement en Belgique, en général, on est plutôt assez consensuel. Donc il faut faire avec son environnement en quelque sorte. En tout cas, il faut être proche des joueurs d’une certaine manière pour avoir certaines infos, comprendre le milieu mais en même temps, le fait de boire un verre avec tel joueur ne m’empêche pas de constater qu’il n’est pas en forme tel jour ou tel autre . Cela dit, nous en télé, nous couvrons les choses relativement superficiellement. Lorsqu’il y a un transfert, il est plus facile pour les journalistes écrits qui sont parfois détachés auprès des clubs de l’annoncer que nous en télé.
Pour obtenir toutes ces fonctions visibles, est ce que le fait d’être noir n’a pas été à un moment donné un handicap ?
Je suis un peu mal placé pour répondre à une telle question. Je suis né ici, donc assez souvent dans ma façon d’être, de penser, je ne pense que je suis noir en fait. Parfois, il y a eu certainement des manifestations, des réactions que je ne voyais même pas à la différence d’autres qui ont une attitude qui frisent la susceptible. Cela dit, de manière générale, tout s’est toujours bien passé pour moi ici. J’ai eu le plaisir de pouvoir présenter une émission de sports pendant 1 an et demi, le dimanche en prime time à 19h30 sur une chaîne leader. Donc, je n’ai pas de raisons objectives de penser que ma peau a été un obstacle. |
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Jean-Charles De Keyser
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rtlgroup.com |
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Au niveau du management de RTL, tout a-t-il été aussi simple ?
J’ai entendu des réactions d’inquiétude au niveau de la direction générale. Mais c’était plus en termes d’audience. La question était plus ceci : Est-ce qu’on n’est pas allé trop vite ? Est-ce qu’on ne va pas choquer ? Mais toujours est-il qu’ils ont fait le pas. Et je me souviens bien que lorsque je signais mon contrat à l’époque de Jean-Charles De Keyser, il était plus tôt enthousiaste à l’idée de faire signer un noir dans son équipe. En tout cas, je l’ai pris comme tel. En tout cas, je crois que aussi bien à l’ Euro 2000 qu’à RTL, c’est d’abord le boulot qui compte et moi, je suis toujours battu pour remplir ma mission valablement. En Belgique, la population m’apparaît très ouverte du moins en grande majorité. Biensur, il y a toujours des préjugés de part et d’autre mais ça existe partout.
Quel conseil donnerais-tu à ceux qui désirent s’intégrer ?
D’abord, il faudrait bien s’entendre sur la notion d’intégration. Ce n’est pas seulement attendre que les autres vous intègrent mais c’est aussi faire des efforts de son côté pour que la communauté dans laquelle vous vivez vous accepte. Je ne veux pas porter un jugement sur les gens. Pour beaucoup, il y a une certaine attitude négative au départ (on pense qu’on ne va pas nous faire confiance parce que je suis noir). Et donc, ce que je recommanderai, c’est d’enlever les barrières qui sont beaucoup moins existantes que certains l’imaginent. Si parfois, vous êtes refusé quelque part, c’est peut être aussi que vous n’êtes pas bon tout simplement. Tout ne se résume pas à une question de peau. Cela dit, il ne faut pas généraliser. Il y a des propriétaires par exemple qui vous refusent l’accès au loyer tout simplement à cause de votre origine, moi-même j’en ai connu l’expérience.
En deuxième lieu, je pense que les gens pourraient aussi s’intéresser à leur pays d’accueil. J’entends encore trop souvent des gens ici en Belgique qui ne font aucun effort pour connaître la culture du pays. En forçant un peu le trait, je dirai qu’ils pratiquent une sorte de racisme à l’envers. Ils disent qu’ils n’aiment pas trop les Belges parce que ceci, parce que cela. Mais bon avouons que dans un tel état d’esprit, c’est difficile de s’intégrer véritablement.
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Pierre Migisha
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grioo.com |
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Est-ce que votre vision n’est pas un peu biaisée du fait que vous ayez vécu la majeure partie de votre vie en Belgique ?
Non, je ne crois pas. J’ai un confrère et ami d’origine togolaise, Philippe Lawson, qui est arrivé en Belgique il y a à peine 5-6 ans. J’y ai pu voir le parfait exemple d’une intégration réussie. Aujourd’hui, il travaille au journal La Libre Belgique et il n’a rien à envier à un Belge dans sa façon de se comporter, dans sa connaissance du terroir, etc. ce qui ne l’empêche pas au passage de garder des liens forts avec sa famille restée au pays. Non, je ne pense pas que ce soit lié à ma situation personnelle. Je crois que vraiment que certains de nos frères doivent quitter un certain « ghetto gentil » dans lequel ils s’enferment.
Un exemple pourrait être d’apprendre d’autres langues, à commencer par le néerlandais, langue officielle dans le pays au même titre que le français...
Tout à fait, les langues peuvent être un atout. Quand on voit le nombre d’emplois où le bilinguisme est exigé, c’est clair qu’un jeune qui se met rapidement aux autres langues sera privilégié même un rapport à un local qui ne parlerait que sa langue maternelle. Et puis au-delà, c’est important le contact, se faire de nouveaux amis, bref sortir un peu l’image de ghetto que j’évoquais tantôt. En multipliant les contacts, je pense que naturellement, les portes s’ouvriront tôt ou tard. Je pense que l’intégration c’est ça aussi. |
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RTL n'aura pas les droits pour l'Euro 2004
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Alors en termes de projets pour le futur, comment vois-tu ton avenir ?
RTL est en train d’accentuer son implication dans le sport. Par ailleurs, nous devons encore renforcer notre crédibilité dans la couverture des événements sportifs. Donc, si je peux contribuer à bâtir ce projet, je serai satisfait.
Pour la Coupe du monde, pas d’ambition particulière?
Si, c’est quelque chose qui me manque. J’espère que nous pourrons acquérir les droits de diffusion. Pour l’ EURO 2004, ce ne sera pas possible parce que les droits ont déjà été attribués à la RTBF (la chaîne publique) mais pour la Coupe du monde 2006, ça serait super. Dans 3 ans, je me disais tout jeune, je rêvai d’être un jour commentateur sportif. Mais bon, ça ne dépend pas de moi, si RTL n’obtient pas les droits malheureusement, je ne pourrai rien faire. Sinon, j’aspire à bien faire mon métier, en prenant du plaisir. J’ai bientôt 32 ans, j’ai la chance de faire un métier que j’aime et je ne cherche pas pour l’instant à obtenir d’autres responsabilités particulières sur le plan professionnel.
Y a-t-il d’autres avantages à côté des voyages pour un commentateur sportif ?
C’est vrai que quelquefois on essaye de vous inviter déjeuner, on veut vous offrir des cadeaux. Moi j’aime pas trop ça parce que s’habituer à ça, c’est dangereux parce que le jour où ça se termine, on est un peu déboussolés ; ensuite je ne pense que ça soit des gestes gratuits. Il y a souvent des choses qu’on demande en retour. Non, le plus beau cadeau, c’est de faire le métier que j’aime. Voilà sans plus.
Nous vous remerçions. |
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