
Dakar, Sénégal (PANA) – La Conférence des Nations unies sur l'inclusion financière en Afrique, qui s'est tenue les 5 et 6 juin dernier à Dakar, a permis de se pencher véritablement sur la question du financement des entreprises de tailles petites dans les Etats du continent, pour une lutte contre la pauvreté.
La rencontre de la capitale sénégalais, qui a réuni plus de 250 participants, pour la plupart des décideurs économiques et les magnats de la finance internationale, s'est surtout intéressée à l'idée de création de nouveaux produits financiers accessibles à tous, notamment aux populations les plus défavorisées.
Cependant, dans les couloirs, les responsables des institutions gouvernementales, qui ont leur propre opinion du développement et de la croissance, pensent que la plus grande préoccupation de l'heure en Afrique, surtout dans la zone de l'Union économique et monétaire Ouest africaine (UEMOA), reste la question du financement et de l'appui aux Petites et moyennes entreprises (PME) qui tirent, pour une large part, les économies de ces différents Etats vers le haut.
Pour le cas du Sénégal, qui veut jouer sur le secteur des PME pour booster sa croissance, comme le stipule d'ailleurs le Document de Stratégie de la croissance accélérée (SCA), trouver des financements pour les milliers d'entreprises qui disparaissent à souhait, faute de fonds de développement, est un casse-tête quotidien.
En effet, depuis la disparition des banques de développement dans les Etats africains, on assiste aujourd'hui à une réticence des banques commerciales à financer l'investissement des PME, qui représentent plus de 90 pour cent du tissu économique des Etats africains en développement.
La preuve, c'est qu'en 2002, par exemple, avec plus de 1.500 entreprises (selon les données du Centre unique de la collecte d'information de la Direction de la prévision et de la statistique), les PME sénégalaises ont réalisé un chiffre d'affaires estimé à 1.755 milliards de FCFA, et distribué une masse salariale de 126 milliards de FCFA, sans oublier la création d'une valeur ajoutée évaluée à 345 milliards de FCFA.
De plus, ces entreprises, vulnérables par essence, contribuent à hauteur de 42 pour cent à l'emploi moderne salarié du pays, sans compter l'emploi du secteur informel qui occupe également une place de choix.
En revanche, toutes ces performances ne décident pas les banques à suivre les entreprises qui disparaissent d'un fait d'un manque de financement pour leur développement et leur survie. L'essentiel du financement de PME se fait sur fonds propres des promoteurs ou grâce à l'intervention et à la participation des familles.
"Le problème de financement se pose surtout pour la PME qui démarre. Vous avez un jeune qui a un projet, et du talent, mais qui n'a pas un franc pour le réaliser. Il débarque, attend un produit financier pour prendre en charge ses besoins et ne trouve rien. Voilà la triste réalité à laquelle les gens sont confrontés", explique Ibrahima Diouf, Directeur des PME au Sénégal.
"Même les entreprises qui se restructurent ou se développent éprouvent d'énormes difficultés pour trouver des fonds. Il n'existe pas véritablement de produits financiers adaptés aux besoins des entreprises", a-t-il insisté.
"Nos banques ne se tournent pas véritablement vers les PME. Elles ont fait d'énormes efforts, mais il faudrait que l'on sorte du système bancaire classique et qu'elles offrent de nouveaux produits adaptés aux PME qui ont des besoins spécifiques", affirme le ministre sénégalais des PME, de l'Entreprenariat féminin et de la Micro-finance, Mme Marie-Pierre Sarr Traoré.
La question du financement bancaire est tellement préoccupante pour la création, le développement et la pérennisation des entreprises que le gouvernement du Sénégal a mis en place, au niveau du ministère de la PME, des mécanismes d'exception tels que le Fonds de l'entreprenariat féminin ou le Fonds de la Micro- finance, qui permettent de venir en aide aux créateurs de micro et petites entreprises.
"Au-delà du ministère de la PME, dans le cadre des appuis accordés par le gouvernement du Sénégal, il y a différents mécanismes du Fonds de promotion économique, et particulièrement le Fonds national de promotion de la jeunesse qui permettent à des créateurs ayant moins de 30 ans d'accéder à des mécanismes de création d'une entreprise", souligne Pape Jean Fall, directeur du Bureau de mise à niveau des entreprises.
Le lancement, le 30 mai dernier, par le ministère sénégalais des PME de l'Entreprenariat féminin et de la Micro-finance d'un Répertoire multimédia des institutions de financement et systèmes d'appui des PME, a consacré la nouvelle volonté des autorités de venir en aide à un secteur en mal de fonds.
Mais le plus important aujourd'hui est de trouver des solutions pérennes aux entreprises. Dans ce cadre, l'Etat du Sénégal soutient fortement l'idée de création de nouveaux produits financiers, à même de prendre en charge tous les besoins des entrepreneurs.
"Une frange importante des besoins d'entreprises n'est pas couverte, mais elle va l'être très bientôt, notamment dans le cadre de la Cellule entreprise en difficulté. Des mécanismes juridiques vont également être mis en place pour accompagner l'entreprise en difficulté, qui a besoin également d'être re-dynamisée. Ce qui appelle d'autres types de financements spécifiques qui seront relativement difficile à mobiliser", indique M. Fall.
Le directeur des PME, très critique vis-à-vis des banques, propose "la création de produits financiers appropriés comme le capital risque et le crédit-bail pour l'appui à la production".
"Aujourd'hui, le jeune porteur de projet a besoin d'un capital risque. Il a besoin de quelqu'un qui croit en son projet, qui peut investir là-dedans et l'accompagner, le temps que le projet prenne forme et se développe. Il peut se retirer après et laisser le jeune continuer. Voilà un nouveau produit financier qui n'existe pas encore au Sénégal et qu'il faudra créer", a-t-il dit.
Le défaut de Fonds de garantie est aussi l'une des principales causes de rejet de la demande de financement exprimée par les PME, qui sont également caractérisée par une sous-capitalisation, décourageant ainsi les banques à s'engager.
Un fonds de garantie, alimenté principalement par l'Etat, pourrait aider selon les acteurs des PME, à rendre plus solvable la demande de financement des Petites et moyennes entreprises, pour la plupart tournées vers l'agroalimentaire, l'industrie culturelle, le textile et l'habillement, les services, etc. |