
La Cour d'assises de Seine-Saint-Denis l'a reconnue coupable d'avoir étranglé en 2003 sa fille Cady, 7 ans, dont le corps avait été retrouvé dans le parc de la Courneuve.
Dans son réquisitoire, l'avocat général avait réclamé 20 ans de réclusion, estimant que la mère avait agi dans un "geste égoïste" et non de "souffrance".
Ce verdict a été salué comme "juste" par l'avocat d'Eva Martinet William Bourdon, pour qui "les jurés ont tenu compte du parcours accidenté, de souffrance et de détresse, d'Eva Martinet". Cette peine va l'"encourager à continuer son travail thérapeuthique de reconstruction", a ajouté.
Le corps de Cady avait été retrouvé le 10 octobre 2003 quelques heures après que sa mère eut donné l'alerte de sa "disparition". Une quinzaine de jours plus tard, Eva Martinet avait avoué en garde à vue l'avoir tuée avec la laine de son tricot.
"Je ne sais pas ce qui s'est passé. Je me suis rendu compte que j'étais en train de serrer la laine, que Cady était en train de souffrir. Je voulais arrêter, j'arrivais pas", a raconté le premier jour Eva Martinet, affichant tout au long du procès son envie de "comprendre".
Pendant trois jours d'audience, proches et amis ont douloureusement exprimé avec les mêmes mots leur "incompréhension" de l'"invraisemblable", avançant l'hypothèse que la jeune femme, décrite par tous comme très "aimante" et "attentionnée" avec sa fille, "s'était tuée elle-même en tuant Cady", avec qui elle entretenait une relation "fusionnelle".
Pour son avocat William Bourdon, la mère de famille a agi "brutalement" sous un effet "d'accumulation" des "souffrances de son destin", dit-il, évoquant le passé déchiré de cette "naufragée" de la vie, élevée loin de sa mère par une belle-mère violente, orpheline de père à 15 ans.
Pour l'avocat général Sylvie Odier, en revanche, Cady, sa fille unique, était devenue un "obstacle" dans ses projets de vie amoureuse, alors qu'Eva Martinet vivait très mal le départ récent de son compagnon.
Eva Martinet "était une bonne mère, pas qu'en apparence", a-t-elle convenu ajoutant qu'elle "ne doutait pas une minute qu'elle n'aime pas sa fille". Mais, a-t-elle expliqué, les relations avec Cady étaient "épuisantes" tant la petite fille était exceptionnellement turbulente, pleine de vie, mais aussi en souffrance.
"Coupée de ses racines et de son papa", Cady , a-t-elle insisté, manifestait des problèmes de comportement à l'école, notamment des troubles sexuels qu'un suivi psychologique n'avait pas réussi à soigner, ce qui "affectait" beaucoup sa mère. |