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C’est dans les moments de crise que l’Homme sait faire preuve d’initiatives pour subvenir à ses besoins. Dans un contexte de mondialisation avec ses conséquences sur la population, la société civile a fait émerger la notion d’économie sociale et solidaire. Malgré ses nombreux atouts pour l’économie sociale et solidaire, l’Afrique reste malheureusement un peu en retard de cette dynamique. La 2e Rencontre internationale sur la globalisation de la solidarité (Québec, octobre 2001) a défini ainsi l'économie sociale : « L'économie sociale et solidaire désigne un ensemble d'initiatives économiques à finalité sociale qui participent à la construction d'une nouvelle façon de vivre et de penser l'économie à travers des dizaines de milliers de projets dans les pays du Nord comme du Sud. Elle place la personne humaine au centre du développement économique et social. La solidarité en économie repose sur un projet tout à la fois économique, politique et social, qui entraîne une nouvelle manière de faire de la politique et d'établir les relations humaines sur la base du consensus et de l'agir citoyen ». |
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Le constat : |

La mise en place des plans d’ajustement structurels et les nombreuses privatisations des sociétés publiques africaines ont laissé une bonne partie de la population sur le quai de la gare où était pris le train pour l’amélioration des conditions de vie. On peut également y ajouter la dévaluation des monnaies nationales qui a contribué à retourner le couteau dans des plaies qui étaient déjà difficilement cicatrisables. Bien avant ces épisodes tristes pour l’économie africaine, sa société civile a pris et continue à prendre des initiatives originales afin de s’adapter aux mutations économiques. Ainsi l’exemple le plus novateur et le plus remarquable est celui des tontines africaines qui trouvent difficilement des équivalents à l’étranger. Des personnes se réunissent en fonction de leur appartenance (ethnie, village, région, etc.) et procèdent à des investissements qui peuvent servir au financement de projet porté par l’un d’eux. Lorsqu’un adhérent est confronté à un problème grave et imprévu, la tontine fournit également un apport financier rapide et conséquent. En plus des tontines, nombreux sont les domaines d’activités aussi en Afrique, en Amérique Latine, en Europe ou au Canada qui rentrent ou pourraient renter dans le champ de l’économie solidaire. Il suffit d’intégrer en amont l’équité sociale dans un projet économique efficace pour qu’il rentre dans le cercle fermé des projets alternatifs. |
L’informel : moteur de l’emploi en Afrique |

Le problème de l’Afrique en matière d’économie sociale et solidaire comme dans bien d’autres domaines est le manque de considération et de valorisation des africains de leurs propres initiatives. En effet, il suffit de se rendre dans les villes africaines pour constater le dynamisme et les initiatives prises par la population afin de subvenir à leurs besoins. Malheureusement toutes ces initiatives ont des connotations qui les ramènent à la baisse tels que : vendeurs à la sauvette, bayam-sallam etc. Pourtant ces activités avec d’autres qu’on appelle communément « informel » sont de véritables poumons de l’emploi en Afrique. En effet, l’informel représentait près de 80 % de l’emploi au Cameroun en 2000. La contribution de l’informel dans la création d’emplois est également très élevée dans de nombreux pays africains. Alors pourquoi ne pas valoriser, structurer et mieux organiser ces activités dans le domaine de l’économie sociale et solidaire qui le sont déjà de faite puisqu’il s’agit bien d’activité économique dont la finalité sociale n’est plus à démontrer. Comment comprendre le peu de considération à l’égard de ces femmes qui font des grillades au coin de la rue et parviennent à faire vivre leurs familles et financer les études parfois coûteuses de leurs enfants à l’étranger? En plus elles alimenteront les tontines qui feront naître une nouvelle activité économique pour l’une d’entre qui n’aurait sûrement pas pu décoller toute seule. |
L’Afrique de l’Ouest se mobilise, l’Afrique Centrale n’y voit pas encore clair |

La dynamique de l’informel est presque la même sur tout le continent puisque les populations ne manquent pas d’imagination pour la transformation des produits. L’entraide communautaire dans les coins du continent n’est plus à démontrer. Il faut néanmoins reconnaître l’avance prise par l’Afrique de l’Ouest par rapport à celle Centrale dans la dynamique d’économie sociale et solidaire en tant que moteur de la croissance et ascenseur social pour les plus démunis reconnue et valorisée par les dirigeants. En effet, on ne compte plus ces associations, coopératives, mutuelles et entreprises solidaires qui ont fleuri il y a quelques années et continuent de se développer en Afrique de l’Ouest. Des améliorations dans la coordination et la gestion de ces structures peuvent toujours être apportées. Mais comparer à l’Afrique Centrale, le mot « embryonnaire» relève de l’euphémisme pour caractériser l’état de l’économie solidaire. Il y a donc beaucoup d’efforts à faire pour la compréhension, l’appropriation et la promotion d’une telle initiative. |
Yaoundé capitale de l’économie sociale et solidaire en Afrique Centrale ? |

C’est sûrement pour essayer de voir un peu plus clair et surtout au regard des différentes opportunités de développement offertes par l’économie sociale et solidaire que Yaoundé a décidé de prendre le taureau par les cornes. Ainsi se tiendra dans la capitale camerounaise sous le Haut Patronage du Premier Ministre un colloque national intitulé : comprendre, organiser et promouvoir l’économie sociale et solidaire au Cameroun. Ce colloque organisé par le Ministère des PME, de l’Economie Sociale et de l’Artisanat pendant lequel intervient le consultant de grioo sera l’occasion de débattre, de présenter des exemples de projet ayant fait leur preuve et d’impulser la dynamique au Cameroun.
Ainsi du 26 au 28 juin 2006 se réuniront à Yaoundé une bonne partie des acteurs internationaux de l’économie sociale et solidaire. Parmi les invités de marque, on peut citer : Danièle DEMOUSTIER (Economiste et Directrice de l’institut des sciences politique de l’université de Grenoble), Abdou Sallam FALL (Sociologue, Président du réseau intercontinental d’Economie Sociale et Solidaire et directeur de l’institut fondamental d’Afrique noire), Nancy NEAMTAN (Présidente du chantier d’économie sociale au Québec) et Ibrahima NDOUR (Président de la Panafricaine de coopératives, Expert en aménagement institutionnel et Secrétaire Général de l’Union Nationale des Coopératives d’Habitat au Sénégal).
Note : Nous vous proposerons un compte-rendu de cette rencontre de Yaoundé
Thierry Téné Mangoua est consultant développement durable www.a2dconsulting.net
Président de l’association les Amis du Développement Durable www.a2dtv.net |
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