
Des milliers de travailleurs burkinabè ont manifesté samedi, à travers les principales artères de Ouagadougou contre la vie chère et la hausse des prix du carburant à l'appel de sept centrales syndicales et d'une vingtaine de syndicats autonomes.
"Nous sommes débout ce matin pour réclamer à manger et exiger la justice sociale" : c'est le refrain d'une des chansons entonnées en choeur par les marcheurs tout au long de la manifestation, au cours de laquelle ont également été scandés des slogans hostiles au régime du président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 18 ans.
Venus d'une vingtaine de provinces sur les quarante cinq que compte le pays, les travailleurs réclament la baisse des prix des produits de grande consommation et le respect des libertés syndicales.
Ils demandent également que les fondateurs des établissements privés reviennent sur leur décision d'augmenter de 10.000 à 15.000 FCFA les frais de scolarité d'ici à la rentrée d'octobre prochain.
Lors d'un meeting tenu à la Bourse du travail de Ouagadougou après la marche, le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Burkina (CNTB) et secrétaire de l'Inter syndicale, Laurent Ouédraogo, a rappelé les exigences des travailleurs au gouvernement liées notamment au "respect des travailleurs et de leurs orgnisations syndicales", l'augmentation de 25% des salaires et pensions, le payement "immédiat et sans délai" des arriérés des avanacements des fonctionnaires et le respect des décisions de justice en faveur des travailleurs licenciés.
Ils réclament aussi l'annulation de la mesure du 04 mai 2006 portant augmentation des prix des hydrocarbures. Le 04 mai dernier, les syndicats avaient rompu des négociations à peine entamées avec le gouvernement à la suite d'une augmentation des prix des hydrocarbures. Ils avaient dans la foulée, observé une grève les 23 et 24 mai pour exiger le retour aux anciens prix de l'essence suivie d'une marche le 10 juin.
"C'est une condition (le retour aux prix d'avril c'est-à-dire ceux d'avant les négociations) sine qua none pour retourner à la table des négociations", a rappelé le secrétaire général de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), Tolé Sagnon.
L'essence super est passée de 646 FCFA en arvil à 694 FCFA actuellement. Le pétrole lampant est passé de 464 FCFA à 470 FCFA au cours de la même période pendant que le gas-oil a augmenté de 5 F CFA passant de 598 à 603 FCFA.
S'exprimant sur une médiation proposée par le Conseil économique et social (CES), M. Sagnon a indiqué que les travailleurs ne sont pas, "par principe", opposés à la médiation, mais qu'il faut d'abord que le gouvernement reconsidère sa position et ses propositions sur leurs revendications.
"Après les grèves et les marches, les travailleurs ont d'autres formes de lutte que nous serons obligées d'emprunter si le gouvernement continue à faire la sourde oreille", a-t-il menacé.
Le secrétaire général de la CNTB a révélé, quant à lui, que les syndicats ont déposé en juin dernier une plainte contre l'Etat et le patronat burkinabè "pour violation des conventions de l'Organisation internationale du travail (OIT) et de la Constitution du Burkina sur le droit de grève" auprès du Bureau international du travail (BIT). |