
Le président du Sénégal, Abdoulaye Wade, a appelé mercredi à Salvador, dans l'Etat de Bahia (nord-est du Brésil), les intellectuels de l'Afrique et de la Diaspora à forger un destin commun à travers la conjugaison des valeurs et par l'exploitation judicieuse des complémentarités.
"Aujourd'hui, la lutte de l'Afrique et de sa diaspora continue à être la même, celle d'affirmer notre histoire, notre existence et notre identité culturelle sans complexe et à forger notre destin commun par la conjugaison de nos valeurs, de nos ressources et par l'exploitation judicieuse de nos complémentarités", a-t-il soutenu.
Me Wade, qui s'exprimait à l'ouverture de la 2ème Conférence des intellectuels de l'Afrique et de la diaspora (CIAD 2), a souligné que les intellectuels du continent et ceux résidant à l'étranger doivent avoir un rôle d'avant-garde dans la promotion de leurs valeurs et leurs idéaux communs.
Le chef d'Etat sénégalais a proposé la création d'une "Alliance panafricaniste" qui regrouperait des clubs panafricanistes en Afrique et dans la diaspora, ajoutant que cette idée a été agitée lors du sommet de l'Union africaine (UA) organisée à Banjul (Gambie) du 1er au 2 juillet dernier.
Selon lui, cette alliance aurait le rôle d'alimenter la réflexion de ses membres sur les voies et moyens de défendre leurs intérêts, de faciliter les contacts bilatéraux et multilatéraux, ainsi que d'organiser des rencontres et des visites.
Le chef de l'Etat sénégalais a aussi suggéré la création d'un "Conseil de concertation" entre les pays du Sud riverains de l'Atlantique, qui comprendrait le Brésil, l'Amérique centrale, l'Amérique latine, les Caraïbes et les pays d'Afrique visant à réfléchir sur les moyens d'une coopération économique.
Il a indiqué qu'à Bahia, où ont été envoyés plusieurs esclaves pendant le commerce triangulaire entre l'Afrique, l'Europe et les Amériques, les Africains "retrouvent la descendance de leurs ancêtres tirés de la mère-patrie dans la souffrance et la tragédie d'un esclavage de plusieurs siècles".
Il a rappelé le symbole historique de Bahia en faisant allusion à la révolte des Malês, des esclaves musulmans qui s'étaient rebellé pour revendiquer le respect de leur droit à la liberté de culte en 1835, et à la résistance des noirs qui ont créé au Brésil la République des Palmares avant de tomber face à la supériorité numérique et technique des colonisateurs.
Il a aussi rappelé l'histoire d'une esclave sénégalaise qui a débarqué à Boston (Etats-Unis) en 1761, parmi des milliers d'esclaves provenant du Sénégal, et qui à 19 ans avait publié à Londres (Grande-Bretagne) un livre qui est devenu le premier recueil de poèmes élaboré par un écrivain afro-américain.
"Son histoire (de l'esclave) et de tant d'autres, tombés dans l'anonymat et l'oubli, nous enseigne que le génie créateur de l'être humain n'a de limites que celles qui lui sont imposées", a indiqué le président sénégalais.
Pour sa part, le chef d'Etat brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a soutenu que les intellectuels et la société civile d'Afrique et de la Diaspora doivent dépasser un héritage historique de pauvreté, de discrimination raciale et d'exclusion sociale dans une société internationale où sont absentes la démocratie et la solidarité.
Lula da Silva, qui a choisi le rapprochement avec l'Afrique comme une des priorités de son mandat, a souligné que Bahia est un symbole vivant des multiples dimensions et de contributions africaines au Brésil.
La 2ème Conférence des intellectuels de l'Afrique et de la diaspora (CIAD 2) réunira jusqu'au vendredi près de 1.000 participants qui aborderont les questions liées au continent et à la contribution de ses enfants pour son développement.
A la réunion sont présents les présidents du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, du Botswana, Festus Mogae, du Cap-Vert, Pedro Pires, de la Guinée Equatoriale, Teodoro Obiang Nguema, du Ghana, John Kufuor, du Sénégal, Abdoulaye Wade, et de la Commission de l'Union africaine (UA), Alpha Oumar Konaré.
Le Premier ministre de la Jamaïque, Mme Portia Simpson-Miller, le vice-président de la Tanzanie, Ali Mohammed Shein, le vice- président de l'Assemblée nationale du Sénégal, Iba Der Thiam, l'ambassadeur de l'Angola à l'organisation de l'ONU pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO), Jaka Jamba, le Prix Nobel de la Paix 2004, la Kenyane Wangari Maathai, le ministre brésilien de la Culture, Gilberto Gil, et ses homologues angolais, Boaventura Cardoso, et sénégalais, Mame Birame Diouf, assistent aussi à la conférence. |