
Le cinéma illustrant les ghettos de Soweto refait parler de lui.
Après le très bon « Hijack Stories », voilà « Mon nom est Tsotsi », qui arrive en trombe sur vos écrans, déjà récompensé du très convoité oscar du meilleur film étranger.
Le film raconte l'histoire de Tsotsi, qui signifie « voyou » dans le jargon des ghettos sud africains.
Accompagné de son gang, Tsotsi sème la terreur dans les rues de la ville, se montrant sans pitié et prêt à tout pour arriver à ses fins. Un jour qu'il part en chasse sans ses acolytes, Tsotsi tire sur une femme avant de lui voler sa berline, sans s'apercevoir dans la précipitation de son acte que le bébé de la femme agressée est resté sur la plage arrière.
Va commencer pour Tsotsi une longue descente aux enfers psychologique, étant donné que ce bébé va réussir à se frayer un chemin à travers les artères endurcies de son cœur, et toucher profondément le jeune gangster, en le renvoyant dans les souvenirs de son enfance douloureuse d'enfant des rues.
Le film est tout d'abord servi par une mise en scène et des images d'une beauté saisissante, le réalisateur a définitivement su, particulièrement pour les scènes qui se passent à l'intérieur du ghetto, recréer un atmosphère onirique qui rend presque beaux ces bidonvilles où s'entassent ces laissés pour compte de la société sud-africaine.
Le réalisateur nous montre aussi une société sud-africaine en évolution, la riche dame qu'agresse Tsotsi et à qui il subtilise sa voiture et son bébé est noire, ce qui permet d'éviter le schéma classique du méchant noir pauvre qui agresse le gentil blanc riche…
Ce film qui a été plébiscité dans son pays d'origine met aussi en scène une formidable palette d'acteurs particulièrement impressionnants de réalisme, qui nous donnent un formidable exemple de pugnacité de la part de ce peuple qui revient de très loin : la quasi-totalité des acteurs son issus des ghettos de Sowetto, où à un moment ou à un autre la passion pour le théâtre les a arrachés à un destin chaotique.
Le film nous donne également l'occasion de redécouvrir la musique Kwaito, musique moderne des Township (quartiers pauvres de Soweto) que nous avons pu découvrir dans Hijack Stories avec le tube « Jiva » de Brenda Fassie (chanteuse Sud Africaine iconique décédée en 2004, et nièce de Nelson Mandela qui fut une grande militante anti-apartheid, lire ici sur grioo.com).
Au final, « Mon nom est Tsotsi » est un bon film, même s'il souffre de quelques manques : la violence y est crue, et pas assez habilement intégrée dans le récit, elle vient surprendre le spectateur qui a par moment l'impression d'une certaine complaisance du metteur en scène avec ce milieu qui le fascine visiblement.
Le cinéma sud-africain prend de plus en plus d'ampleur, après une longue léthargie dûe à l'apartheid, il déploie toute sa créativité, mise au service de l'analyse d'une situation sociale qui si elle est en amélioration demeure très préoccupante.
Un film à voir. |