
Une enquête réalisée par le Cercle international pour la promotion de la création (CIPCRE) place le Cameroun en tête de pays africains fournisseurs de prostituées, a appris la PANA à l'occasion du lancement lundi à Yaoundé de la Campagne semaines pascales (CSP).
Selon les résultats de cette enquête réalisée en 2004 dans les viles de Bafoussam (ouest), Bamenda (nord-est) , Douala (littoral) et Yaoundé (centre), 40 pour cent de filles âgées entre 9 et 20 ans sont victimes de la prostitution infantile.
Depuis 1998, la campagne semaine pascales (CSP) mobilise chaque année des croyants catholiques, protestants et musulmans, ainsi que toute personnes de bonne volonté contre un fléau social, sous l'éclairage de la foi.
Il s'agit d'une initiative du CIPCRE, du Service national justice et paix de l'Eglise catholique, du service oecuménique pour la paix (SEP) et du Conseil islamique du Cameroun.
Selon le directeur du CIPCRE, le pasteur J.B Kémogné, les organisateurs de la Campagne semaines pascales avaient décidé de sensibiliser l'opinion sur le thème général "Plaidoyer pour la femme au Cameroun, ensemble pour humaniser les pratiques de la dot et des rites de veuvage ", avec des sous-thèmes qui devaient traiter un problème d'actualité chaque année pendant trois ans.
Pour cette édition, le choix a été porté sur la prostitution enfantine pour mobiliser les Camerounais de la société civile et rompre le silence des autorités face à ce phénomène qui ternit l'image du Cameroun sur le plan international.
Selon le docteur D. Mbassa, psychiatre et réalisateur de l'enquête, la prostitution infantile n'est pas un phénomène trans-provincial, les 722 filles enquêtées vivent dans leur province d'origine.
Pour lui, les causes sont liées à la pauvreté, mais le phénomène s'accentue du fait de l'impunité qui s'est emparée de la société camerounaise.
Selon l'enquête, 52,58 pour cent des prostituées ont été élevées hors de leur famille biologique et ont été contraintes de travailler pour apporter leur contribution dans le fonctionnement de la famille.
A côté de cette forme de prostitution décrite par l'enquête, il y a celle qui se passe en Occident que Amély James Koh Bela, présidente de l'association Africa Prostitution à Paris, dénonce.
Selon cette Camerounaise, les Africains doivent cesser de penser que l'Europe peut leur procurer ce que l'Afrique ne leur donne pas, car, souligne-t-elle, un Africain reste un esclave devant un Européen quelque soit son statut.
Les jeunes enfants Africains, et particulièrement Camerounais, sont reversés dans un circuit de trafic satanique savamment huilé par des dames camerounaises à Londres, dénonce-t-elle.
Le Cameroun est le premier pays africain fournisseur de prostitués dans ce réseau, suivi du Nigeria, du Liberia, du Ghana, de la Côte d'Ivoire, du Congo, de la RD Congo, du Bénin et du Sénégal, selon Mme Amély, ajoutant qu'il n' y a pas un pays au monde où on ne trouve pas un jeune Camerounais victime d'abus sexuels.
Les résultats de l'enquête réalisée au Cameroun montrent que les filles soumises à la prostitution perdent très vite leur fraîcheur, quand elles ne perdent pas simplement leur vie, suite aux violences exercées sur elles par leurs clients, leurs employeurs, leurs parents ou alors les maladies telle que le VIH/SIDA.
Pour le théologien Kamana (RD Congo), le Camerounais est le pays africain où le rêve européen est nourri par tout le monde.
Selon lui, il est important que la presse et la société civile éveillent les consciences de ceux qui rêvent encore de l'occident.
On attend des solutions aux problèmes de la prostitution enfantine aussi bien du système judiciaire que des autorités. |