
Le ministre rwandais de l'Information, le PR Laurent Nkusi a invité, mercredi, les journalistes "à respecter l'éthique et la déontologie de leur profession" en évitant, a-t-il conseillé, "de publier des écrits sensationnels susceptibles d'inciter au désordre public et à la confusion".
S'exprimant au cours d'une conférence de presse à Kigali, M. Nkusi a demandé aux journalistes "d'être responsables dans l'exercice de leur profession" et "d'avoir l'esprit de jugement de valeur pour éviter de créer la confusion parmi les lecteurs".
"Nos médias n'ont rien à envier aux médias de la haine qui ont attisé le génocide de 1994. Je vous conseille d'avoir un esprit critique constructif au lieu de faire des articles qui risquent de discréditer votre métier", a indiqué M. Nkusi, qui a réitéré la volonté du gouvernement d'appuyer toute initiative visant à aider la presse rwandaise à devenir plus professionnelle.
Il a rappelé qu'aucun programme ou action gouvernementale ne pourra être réalisée sans pour autant faire recours aux médias.
"Nous reconnaissons votre rôle dans le développement socio- économique, mais je vous suggérerais de ne pas abuser de votre mérite en qualité de quatrième pouvoir", a-t-il fait remarquer, soulignant que le gouvernement va soutenir le projet de création d'un centre de perfectionnement pour des journalistes non formés qui sera bientôt érigé à Kigali.
Selon lui, les écrits sensationnels et non professionnels comme ceux publiés souvent dans certains journaux indépendants au Rwanda prouvent la nécessité, pour l'Etat, d'appuyer le domaine des médias.
"Certes, nos interventions vont se limiter uniquement au niveau de la formation, pour contredire des préjugés selon lesquels le gouvernement veut corrompre les médias indépendants", a ajouté le PR Nkusi, estimant qu'une autre difficulté qui plane sur le secteur des médias privés au Rwanda, notamment la presse écrite, réside au niveau des coûts d'impression élevés.
La plupart des journaux privés vont imprimer leurs copies à Kampala (Ouganda) où les tarifs d'impression sont moins coûteux qu'au Rwanda. La Convention internationale de Florence (Italie) relative à l'exonération des taxes pour tout matériel de presse signé en 1952, a été ratifiée par le Rwanda en 1962.
"Il est regrettable que la mise en application de cette convention soit restée dans les textes et les discours politiques officiels au Rwanda", a déploré à la sortie de la conférence un propriétaire d'un bimensuel indépendant paraissant à Kigali qui a requis l'anonymat.
Depuis 1991 considérée comme l'année du multipartisme et du pluralisme médiatique au Rwanda, le pays compte une quinzaine de stations radios et plus d'une quarantaine de journaux indépendants agréés mais dont une grande majorité connaissent une difficulté à paraître régulièrement, faute de moyens matériels et financiers.
Le ministre a, par ailleurs, fait part de sa satisfaction de voir un quotidien paraître au Rwanda, déclarant que cela constitue la preuve que "le paysage médiatique est actuellement en pleine effervescence vers un libéralisme d'expression souhaité.
"The New Times", un journal pro-gouvernemental, est le seul quotidien existant au Rwanda.
A un journaliste qui a condamné la décision du pouvoir de n'accorder de la publicité qu'aux médias ne critiquant pas le régime, le PR Nkusi a répondu que le gouvernement rwandais ne se mêle pas de ce type d'affaires, conseillant aux journalistes "d'être plus professionnels dans leur métier pour convaincre et asseoir leur crédibilité auprès du grand public". |