
Les observateurs politiques s'en souviennent encore, Christiane Taubira avait surpris le monde politique en réalisant 1.6% avec 660.000 voix au premier tour des élections présidentielles de 2002.
Quand on se souvient que 200.000 voix environ ont séparé Lionel Jospin et Jean-Marie Le Pen, on comprend le raisonnement qui a poussé certains au Parti Socialiste français à rendre Mme Taubira (au même que M. Chevènement 5.3%, Noel Mamère 5.2%, Robert Hue 3.4% ou Olivier Besancenot 4.2%) et les "petits candidats de gauche" en général responsables de la débâcle du candidat socialiste.
Ayant probablement tiré les enseignements du scrutin de 2002, François Hollande a donné une consigne simple et claire aux élus socialistes: réserver leurs parrainnages au candidat désigné par le parti socialiste.
Il faut en effet savoir qu'en France, il faut obtenir le parrainnage de 500 personnes afin de pouvoir être candidat. Cette disposition permet d'éviter que les candidats les plus farfelus ne se présentent à l'élection suprême.
Seulement, avec une vie politique française monopolisée par quelques "grands partis", le système ne permet aux "petits" candidats de se présenter uniquement si les grands partis le veulent bien. Jean-Marie Le Pen avait tenté de susciter de la sympathie à son égard en se disant menacé de ne pas avoir les 500 parrainages pour l'élection de 2002.
On pouvait ainsi d'ores et déjà prédire les pires difficultés pour des candidats comme Dieudonné (qui n'avait déjà pas réussi à obtenir les parrainages nécessaires en 2002 alors que son image était plus consensuelle) ou Stéphane Pocrain qui a annoncé sa candidature il y a quelques mois.
Et voilà que François Hollande durcit le ton en demandant aux élus socialistes de réserver leurs parrainages au candidat désigné par les militants. Ce qui devrait compliquer la candidature d'un éventuel candidat dissident (comme Fabius ou Strauss-Kahn en cas de non-désignation par les militants), mais aussi et surtout la candidature de candidats potentiellement gênants comme Mme Taubira.
Elle ne s'y est pas trompée puisqu'elle déclare dans Le Monde: "Je ne sais pas si, de la part du numéro un du PS, il s'agit d'affolement ou de panique ou si ça doit être pris comme une déclaration d'hostilité envers les partenaires du PS, dans ce cas-là, ça reviendrait à les traiter comme des vassaux. La rétention sur le parrainage est une des façons de gêner un candidat. C'est une façon brutale, c'est une façon violente et ça pose la question du rapport que des personnes qui aspirent au pouvoir veulent avoir avec le reste de la société".
François Hollande, également cité par le quotidien Le Monde déclare de son côté "quand on est un élu socialiste, la moindre des cohérences, c'est de donner sa signature au candidat socialiste".
La manoeuvre de François Hollande empêchera-t-elle l'élue de Guyane de se présenter aux élections présidentielles? Affaire à suivre. |