
Le Cameroun compte aujourd'hui plus d'un demi millier d'associations et regroupements se réclamant tous de la société civile , mais beaucoup ignorent jusqu'au rôle qui doit être le leur dans le pays, même s'ils se mobilisent souvent pour contrer telle ou telle décisions du gouvernement.
Acteur de la société civile, Dieudonné Kengné estime que celle-ci s'est construite autour de citoyens lésés et frustrés cherchant à se faire des ressources et à s'imposer au milieu de ceux qui étaient déjà aux affaires.
Selon lui, le foisonnement des associations que connaît le Cameroun à l'heure actuelle est moins le souci des uns et des autres d'œuvrer pour le bien de tous, mais un moyen de se rattraper.
Le jugement de M. Kengné est sans doute sévère, mais l'homme ne démord pas, soutenant que "la décision des Occidentaux d'aider seulement les groupes a favorisé cette autre forme de banditisme".
"Plusieurs promoteurs de ces associations ont pensé qu'ils pouvaient désormais se substituer aux ingénieurs et techniciens en osant s'engager dans la construction d'œuvres d'art, telles que les ponts et les puits, et on s'est retrouvé avec de mauvaises infrastructures parce que réalisées par des mains inexpertes", explique-t-il.
La société civile, poursuit M. Kengné, s'est contentée de gérer les petites aides octroyées par la communauté internationale au lieu de s'organiser en véritable force de proposition comme elle devait l'être.
Socio-économiste, Patrice Mandeng Ambassa, pense, pour sa part, qu'il est nécessaire de bien redéfinir la société civile afin que chacun puisse jouer le rôle qui est le sien.
Selon lui, les regroupements à but lucratif se réclamant de la société civile ne peuvent pas avoir les mêmes revendications que ceux à but non lucratif.
"Pour que la société civile ait sa place dans la prise des décisions, elle doit se professionnaliser dépasser le stade de micro-groupes actuels, qui pourtant peut avoir des revendications légitimes, mais malheureusement non prises en compte du fait de leur niveau inférieur", souligne-t-il.
Pour Philippe N, promoteur d'association, le problème du désordre observé dans la société civile camerounaise aujourd'hui réside dans la difficulté à se regrouper.
Selon lui, beaucoup de personnes et d'associations se réclamant de la société civile ne sont que des commerçants qui ne recherchent que leur profit personnel.
"Cette situation fait que chaque concertation pour une action offensive butte sur la cupidité de ces individus sans scrupule prêts à prendre de l'argent et trahir la bonne cause", déplore-t- il, estimant qu'il est temps que les Camerounais qui se reconnaissent de la société civile se mettent ensemble pour donner à cette force la place qui est la sienne dans le concert national et international.
Sociologue, T. M. appelle à une prise de conscience, soulignant que la réorganisation de la société civile nécessite la reconnaissance par les uns et les autres de leurs forces et de leurs faiblesses afin d'accepter de se mettre ensemble pour la cause commune. |