
Le conflit armé qui endeuille la région du Darfour (nord du Soudan) depuis 2003, faisant des milliers de morts et plus d'un million de déplacés, continue à se maintenir malgré la signature, en mai dernier, des accords de paix d'Abuja (Nigeria).
Le document qui a été paraphé par le gouvernement central du Soudan et la rébellion armée, représentée par une des factions de la SLA (Armée de libération du Soudan), consacre la participation au pouvoir d'Etat des mouvements rebelles, la répartition équitable des richesses nationales, et des arrangements sécuritaires pour ramener la paix.
Il s'agit, dans ce cadre précisément, de la mise en place d'un monitoring de cessez le feu, du désarmement des factions rebelles, de la démobilisation et de l'intégration dans l'armée et dans la vie socioéconomique des anciens belligérants.
Cependant ces accords, signés sous l'égide de l'Union africaine, ne sont intervenus qu'entre le pouvoir central soudanais et la faction de la SLA sous le commandement de Minni Minawi.
L'autre faction de la SLA, dirigée par Abdul Wahid Noor, et le deuxième mouvement rebelle, en l'occurrence le JEM (Mouvement pour l'égalité et la justice), n'ont pas signé les accords d'Abuja, estimant qu'ils ne se reconnaissent pas dans les clauses définies, notamment l'attribution des postes de responsabilité comme une troisième vice-présidence.
Ils réclament surtout des compensations individuelles pour l'ensemble de la population du Darfour, estimée à plus d'un million de personnes.
Cette proposition a été naturellement rejetée par le gouvernement de Khartoum, qui ne reconnaît pas deux factions de la SLA et refuse ainsi l'ouverture de nouvelles négociations de paix.
La tâche du président sénégalais Abdoulaye Wade, qui joue le rôle de facilitateur dans cette crise avec comme objectif de convaincre les dissidents à signer les accords, s'annonce ainsi très difficile et compliquée, d'autant qu'il trouve d'ores et déjà que les "accords de la discorde" constituent un chef-d'œuvre en matière de droit.
"Je souscris entièrement à ces accords qui consacrent, en plus de la participation des rebelles à la gestion du pouvoir, le partage équitable des richesses du pays. Ces dispositions n'existent dans aucune Constitution au monde", a souligné le président Wade, invitant toutes les parties en conflit à signer ces accords car, a-t-il dit, le Soudan a trop souffert de la guerre et de la violence et cela a donné une mauvaise image de ce pays et de l'Afrique.
Il a appelé à consolider les acquis qui ont été obtenus afin d'accompagner le Soudan vers la paix car, a-t-il prévenu, si ce problème n'est pas résolu, ce sont d'autres pays africains qui vont s'embraser et aucun Etat africain ne doit rester indifférent à cette crise.
"L'Afrique ne mérite pas d'en arriver là où elle est aujourd'hui avec ces images de guerre, de pauvreté et de famine. La paix se paie. Si nous voulons y arriver, il faut que tout le monde contribue, y compris le Sénégal dont les moyens financiers sont limités", a fait remarquer Me Wade. |