
La présidente du Liberia Ellen Johnson-Sirleaf affirme que son pays ravagé par la guerre "est de retour" sur le chemin du développement durable.
Procédant, vendredi, au lancement du Rapport 2006 du PNUD sur le développement humain, le premier consacré à son pays depuis son élection en tant que première femme présidente en Afrique en novembre dernier, Mme Johnson-Sirleaf a déclaré que "la publication de ce rapport et son lancement sont le témoignage, encore une fois, que le Liberia est de retour".
Le rapport, intitulé : "Mobilisation des capacités pour la reconstruction et le développement", est une étude et une analyse globales des conditions de vie sur le terrain du peuple libérien qui a subi 14 ans d'une guerre civile violente ayant officiellement pris fin en 2003, après avoir coûté la vie à plus de 250.000 personnes et causé des milliers de déplacés.
S'exprimant lors de la cérémonie de lancement à laquelle assistaient d'autres hauts responsables libériens, un représentant du président sierra léonais Ahmad Tejan Kabbah, des officiels de l'ONU et les membres du corps diplomatique, la présidente libérienne a appelé "toutes les parties concernées à travailler avec nous pour donner suite aux messages, conclusions et recommandations de ce rapport".
"J'appelle le ministère de la Planification et des Affaires économiques et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) à ne pas laisser ce rapport lettre morte après cet événement. Je vous demande d'organiser des ateliers de sorte que le contenu de ce rapport, les indicateurs, les recommandations, son analyse peuvent ensemble former la base pour des ateliers réunissant tous les partenaires, les dirigeants politiques, les chefs d'entreprise, les médias, les institutions académiques, les organisations de jeunes", a-t-elle ajouté.
La présidente a également encouragé à l'évaluation des besoins et l'articulation du programme national de renforcement des capacités que devrait piloter le PNUD afin de le formuler en fonction des priorités nationales.
Au nom de la famille onusienne, Alan Doss, représentant spécial du secrétaire général et coordonnateur des opérations de l'ONU au Liberia a dit que le rapport "met en lumière le lourd héritage du passé, porteur de tant de défis pour le futur, tels que la mauvaise gouvernance, la faiblesse des institutions, la destruction des infrastructures, la pauvreté généralisée, le chômage massif et la réduction du capital social".
D'après lui, "le développement humain est une question de choix et d'opportunités - en donnant à la population la possibilité de choisir la façon dont elle veut vivre, le choix de ceux qui les gouvernent et la possibilité de réaliser leur potentiel en tant qu'être humains et citoyens. Pendant trop longtemps, le peuple libérien s'est vu refuser ces choix et opportunités en raison de l'exclusion sociale, la privation économique et d'un conflit violent".
Il a indiqué que "l'enracinement profond de la pauvreté continue d'être un problème fondamental (au Liberia) où 76% de la population vit avec moins d'1 USD, contre 55% en 1997. Le pays continue de vivre dans l'insécurité alimentaire avec 35% de la population qui sont sous-alimentés".
M. Doss a également plaidé en faveur de la révision des approches traditionnelles en matière de développement.
"Nous devons faire le développement de façon différente. Nous devons trouver des voies et moyens de transmettre aux communautés pauvres, et particulièrement aux femmes pauvres, le pouvoir de choisir afin qu'elles ne soient pas simplement des bénéficiaires de l'aide, mais les moteurs du développement humain.
"Il nous faut reconnaître que trop souvent nos bonnes intentions ne suffisent pas. Que le gouvernement, le parlement, les donateurs, organisations internationales - rompent avec l'idée que nous en savons toujours plus et commençons à donner des moyens aux pauvres et soyons disposés à utiliser des techniques novatrices telles que la sécurité alimentaire, l'assurance, les subventions communautaires pour y parvenir" a-t-il ajouté.
S'exprimant au sujet du "renforcement des capacités dans un contexte d'après-guerre - l'expérience de la Sierra Leone" Sheka Mansaray, Secrétaire du président Kabbah a dit que "l'un des principaux caractéristiques de l'environnement post- conflit est la grande faiblesse de l'Etat et la tendance des organisations donatrices à exercer une influence disproportionnée sur les gouvernements".
D'après lui: "un grand nombre d'organisations humanitaires sontr généralement créées dans un environnement post-conflit, marquées par une tendance à contourner les institutions étatiques et leurs activités, ce qui a un impact négatif sur l'économie locale, mais aussi crée des distortions dans le marché du travail".
Ce lancement a été précédé par un petit-déjeuner avec plus de 25 journalistes pour débattre de l'importance du Rapport sur le développement humain 2006.
Une table-ronde, organisée l'après-midi, réunissant le gouvernement, la société civile, les organisations professionnelles, les ONG et les Nations unies, adiscuté du rapport.
Le Rapport 2006 sur le développement humain du PNUD sur le Liberia est le premier publié depuis la fin de la guerre et le deuxième consacré à ce pays, la première république d'Afrique fondée par des esclaves libres d'Amérique en 1847. |