Au moins 8.580 personnes âgées ont été tuées ces dix dernières années dans des sacrifices rituels pour avoir été soupçonnées de pratiquer la sorcellerie, a rapporté lundi une organisation non-gouvernementale tanzanienne, la Coalition pour les personnes âgées (COEL).
Ce chiffre est de loin le plus élevé d'Afrique sub-saharienne, pour ce qui est du meurtre des personnes âgées soupçonnées d'être des "sorcières" et des "mauvais esprits".
Le président de la COEL, Jonathan Magodi, qui s'est fixé comme mission de protéger les droits des personnes du troisième âge en Tanzanie, a déclaré que les statistiques dressées ces dernières années montrent que la plupart des meurtres ont eu lieu dans les provinces de Shinyanga, Tabora, Mwanza et Kigoma dans l'ouest du pays.
Ces quatres provinces bordent le Lac Victoria.
Cette région, une des plus peuplées d'Afrique de l'Est, est aussi caractérisée par des taux d'analphabétisme élevés et une pauvreté extrême malgré le fait qu'elle regorge de produits miniers et de riches terres agricoles.
Sur les 21 provinces du pays, "celle de Shinyanga est la première en termes de nombre de personnes âgées assassinées sous prétexte qu'elles sont des sorcières dans les zones riveraines du Lac Victoria.
"Comme conséquence de ces meurtres gratuits, nous avons été obligés d'intervenir et de sensibiliser le public sur l'impact juridique et social de ces meurtres", a déclaré M. Magodi à l'ouverture d'un séminaire de formation d'un mois de volontaires recrutés pour sensibiliser les populations de ces régions éloignées sur les conséquences négatives de ces assassinats.
M. Magodi a attribué ces meurtres à la misère et au fort taux d'analphabétisme dans ces régions, où des affrontements inter- ethniques sporadiques pour les zones de pâturages ont été un sujet de préoccupation pour les autorités tanzaniennes durant les longues périodes de sécheresse qui ont pris fin en mars.
Au cours des dix dernières années, le gouvernement a été confronté à une augmentation des meurtres des personnes âgées pour leur peau, utilisée par les guérisseurs traditionnels pour fabriquer des breuvages destinés à servir d'antidotes pour des maladies comme le Sida, les troubles mentaux ou pour accroître la virilité.
"Conscients du rôle des personnes âgées dans le maintien des valeurs culturelles et morales de la société, nous estimons qu'il est urgent de dissuader les gens de tuer les citoyens du troisième âge.
"Il faut plutôt les doter de compétences pour leur permettre de gagner leur vie sans recourir à la sorcellerie ou à d'autres moyens primitifs de résoudre leurs problèmes économiques et sociaux" a expliqué M. Magodi.
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