
Accusés d'appartenance à un groupe terrorisme, des expulsés de France arrivés de force au Burkina Faso il y a douze ans, ont confié jeudi à la PANA qu'ils souhaitent de tous leurs vœux la traduction de leur affaire devant la justice, peu importe que le jugement soit équitable ou non.
Au nombre de six actuellement à Ouagadougou, ces expulsés, plus connus sous le nom d'"expulsés de Folembray", du nom d'une caserne dans la région de l'Ain en France, estiment être victimes d'un "bannissement comparable à une peine capitale sans jugement, d'une violation flagrante des droits de l'homme".
Sans statut légal reconnu et sans papiers au Burkina Faso, les expulsés n'ont plus de mots pour désigner leur situation qu'ils qualifient de non droit, d'arbitraire et de paradoxale, causée par la France, un pays des droits de l'homme.
"Nous subissons depuis 12 ans les conséquences d'une peine sans jugement, d'une peine sans fin et il est temps que les autorités burkinabé et l'Etat français se penchent sur notre situation", a affirmé le plus illustre d'entre eux, Me Ahmed Simozrad, un ex- avocat des responsables du Front islamique du salut (FIS, un parti fondamentaliste algérien).
"Nous ne demandons même pas un procès équitable, nous voulons seulement un jugement, peu importe qu'il soit rendu par des tribunaux burkinabé, français ou autres", a ajouté l'ex-avocat, marié à une burkinabé et père de deux enfants.
L'importance de la justice à leurs yeux, c'est qu'elle va leur permettre d'être acquittés ou, au pire, d'être condamnés pour une peine limitée dans le temps.
Ils clament leur innocence, s'appuyant sur le fait qu'ils n'ont jamais été l'objet d'une enquête ou d'une citation dans les nombreuses affaires de terroristes ou d'islamistes.
"Nous n'avons jamais été l'objet d'une citation, d'une enquête, d'une commission rogatoire. Si on était coupable, on serait au moins cités dans une des affaires d'islamistes. Mais personne n'a parlé de nous. Le fait de ne pas passer à la justice est une preuve de notre innocence. Il n'y a rien dans notre dossier", clame Me Simozrad.
Ils reconnaissent toutefois avoir pris part à des conférences qui avaient trait à la guerre d'Algérie.
"En 1994, on était au plus fort de la guerre d'Algérie et il était normal qu'un ressortissant de ce pays puisse prendre part à des conférences sur le sujet", indique Me Simozrad.
"Il n'y a pas de peine sans fin" fait remarquer le plus jeune des expulsés, Soufiane Naami, arrivés au Burkina Faso à l'âge de 24 ans. "La justice condamne pour un temps donné et une fois la peine purgée, on vous remet en liberté", a-t-il ajouté.
M. Soufiane Naami, en France depuis 1982, a déjà bénéficié d'une décision de la justice française en 2001, demandant l'abrogation de l'arrêté d'expulsion, et indiquant que "l'administration française n'a aucune preuve des allégations selon lesquelles il était dangereux pour l'ordre public".
Mais le ministère français de l'Intérieur a fait appel de cette décision. En Algérie également, il a bénéficié d'un non-lieu pour son interdiction de séjour. |