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Le Derg, un groupe de militaires, réalise un coup d'Etat |
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Mengistu Hailé Mariam
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http://24ur.com |
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1974 : Mengistu prend le pouvoir en Ethiopie : le règne sanglant du « Négus Rouge » commence
Addis Abeba le 28 juin 1974. Un comité de militaires, le DERG (« comité des égaux » en amharique langue officielle de l’Ethiopie), un groupe de militaires un peu brouillon composé d’une centaine de membres déclare avoir pris le pouvoir. Haïlé Sélassié couronné en 1930 est à la fin de son règne. Le Négus ne comprend pas les bouleversements que traverse son pays, qui est traversé par la crise économique (le choc pétrolier), les revendications estudiantines, la famine dans la province qui contribuent à saper son pouvoir jusqu'à la tentative de prise de pouvoir par les militaires du Derg.
Pour mettre un peu d’ordre au sein du DERG, une direction collégiale est choisie. Deux candidats sont en pôle position : les commandants Atnafu Abate et Tefera Tekle, qui ont conduit la rébellion des forces armées. Trop vélleitaire, Atnafu Abate n’est pas élu président du Derg, mais seulement vice-président (il sera exécuté trois ans plus par un peloton d’exécution…). L’autre candidat Tefera Tekle est absent au moment où le comité se décide alors qu’il est un des rares a pressentir le rôle essentiel que va jouer le Derg dans cette période troublée que connaît l’Ethiopie.
Alors que la réunion s’enlise, un nom fuse lancé par le commandant Tesfaye : celui de Mengistu Haïlé Mariam, qui est très peu connu même au sein du Derg (Il est connu d’une dizaine de personnes tout au plus). Son nom est lancé par le commandant Tesfaye qui a été membre de la même académie militaire que lui.
Mengistu qui prend la parole après que son nom ait été prononcé, va faire preuve d’une formidable audace et d’un grand culot : il est certes commandant, mais n’a aucun fait d’armes glorieux a son actif. Qu’importe ! Il s’affirme pourtant être représentant de la « troisième division » une unité d’élite de l’armée éthiopienne, qui regroupe près de la moitié des militaires du pays. Portant le grade de Commandant et donc un des plus hauts gradés des « putschistes » (les militaires d’un grade supérieur jugés trop fidèles ou trop proches du Négus n’ont pas été admis au sein du Derg) et de surcroît mandaté (même si ce prétendu mandat est en réalité un coup de bluff ), Mengistu est élu a la présidence du Derg.
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Mengistu se montre opportuniste |
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Le Négus Haile Séassié au centre avec Diallo Telli premier secrétaire général de l'OUA
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guinee.net |
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Peu de gens réalisent la portée de cette décision sur l’instant car le Derg n’est encore qu’un comité de militaires qui aspire à prendre le pouvoir et réformer l’Ethiopie. Mais Mengistu lui a compris de quel atout maître il dispose. Par un formidable concours de circonstance, il est tout simplement en passe de devenir le maître de l’Ethiopie. Né vers 1941 (on n’est pas sur de sa date de naissance) Mengistu a environ 33 ans lors du putsch mené par le DERG. Il est né dans le Sidamo, une province éthiopienne située près du Kenya. Il fréquente l’académie militaire de Holetta beaucoup moins prestigieuse que celle d’Haraar. Sorti de Holetta en 1968, il effectue neuf mois de stage aux Etats-Unis.
Mengistu n’est pas très doué pour les études (son niveau scolaire ne dépassant pas le BEPC), n’a pas de grande culture politique au moment où le DERG est sur le point de s’emparer du pouvoir, n’a pas profité des cours dispensés aux officiers pour aiguiser ses facultés intellectuelles. Il présente donc quelques faiblesses évidentes, mais il possède aussi des qualités : il passe pour être une forte tête, est combatif, et ambitieux. Il aurait dit à deux ou trois de ses amis qu’il « était né pour faire le destin de l’Ethiopie » !) Comme on le voit, Mengistu n’a objectivement pas d’atouts qui le distinguent. Il est issu d’une lointaine province, n’a pas de culture politique, a une carrière militaire des plus banales, [b ce qui va conduire nombre de ses adversaires à le sous-estimer gravement alors que lui profitera de leur erreur pour mieux les écraser. Son physique, qui a été souvent été source de moquerie, semble inversement proportionnel à son ambition, ce qui contribue à ce que ses adversaires le sous-estime.
Dès le lendemain de son élection, Mengistu se comporte déjà en chef d’Etat : il n’apparaît plus qu’accompagné de trois garde du corps, préside seul les débats, s’approprie la maison du commandant de la quatrième division. Il prend ainsi l’ascendant sur les autres membres du Derg, qui s’ils le craignent pas tous, commencent au moins à le respecter. C’est que Mengistu par l’assurance qu’il semble afficher rassure ses camarades du Derg, effrayés après coup par l’audace dont ils ont fait preuve en initiant une rébellion contre le Négus. A la base, il faut se rendre compte que Derg n’a pas de grosses ambitions : il veut juste soutenir les réformateurs du gouvernement contre les blocages opérés par la noblesse qui confisque la majorité des terres, faire arrêter les profiteurs, puis de s’auto-dissoudre. |
Les adversaires sont écartés |

Seulement, pour Mengistu, il n’est pas question de dissolution du comité, encore moins du Derg. Mengistu parle peu mais ordonne des discussions, décide et tranche là où Atnafu Abate, deuxième vice-président du Derg s’était montré brouillon et indécis. Bref son comportement lui donne une certaine légitimité même s’il a menti en prétendant disposer d’un mandat de la quatrième division. Les membres du Derg croient que Mengitu sait où il veut aller, alors que ce dernier ne fait que suivre ses objectifs propres : rendre le Derg incontournable, avoir la totalité du pouvoir et l’autorité absolue.
Le commandant Tefera Tekle, qui a été de tous les complots militaires des derniers mois précédant l’arrivée du Derg au devant de la scène a compris quel danger représente Mengistu. Il connaît bien ce dernier pour avoir été de la même promotion que lui a l’école militaire de Holetta dont il est sorti major. Il demande à la quatrième division de procéder à des élections pour désigner démocratiquement ses représentants et exige le rappel de Mengistu. Ce dernier ne l’entend absolument pas de cette oreille.
Tefera Tekle décide de présenter ses doléances au DERG en demandant un débat que Mengistu ne présiderait pas. Mais ce dernier a une influence déjà suffisante sur le Derg pour que la requête de Tefera Tekle soit rejetée. Tefera Teklé sera arrêté quelques jours plus tard pour « provocation contre le Derg et tentative d’assassinat sur Mengistu ». Il ne sera libéré que 16 années plus tard... |

A partir de juillet 1974 Mengistu dirige les manœuvres visant à déposséder Haïlé Sélassié de son pouvoir, en s’appuyant sur le Derg. Le 2 septembre 1974, Haïlé Sélassié est finalement « déposé » sans que cela ne suscite une révolte de la part des populations (ce dernier était il est vrai complètement coupé des aspirations des éthiopiens, que ce soit la jeunesse, le monde paysan ou les propriétaires terriens et de nombreuses crises avaient précédé la montée en puissance du Derg…). Pour Mengistu, aucun membre du Derg ne doit avoir d’hésitation. « Si quelqu’un d’entre nous hésite, notre première balle sera pour lui » dira t-il a ses compagnons terrorisés.
Après la prise de pouvoir du Derg, Mengistu jugeant qu’il est encore trop tôt pour apparaître en première ligne reste dans l’ombre tandis qu’un « comité militaire administratif provisoire » dont le président est le général Aman Andom est supposé diriger le pays. Le général lui même fini par croire qu’il dirige le pays. Il s’offusque du fait que « certains » n’obéissent pas à leurs supérieurs. Il sera éliminé sur ordre de Mengistu en étant enseveli sous les décombres de sa maison détruite par des chars. |
Un pacte sanglant |

Puis Mengistu demandera au Derg d’entériner l’exécution de 57 dirigeants de l’ancien régime. Après ces crimes, il sera devenu impossible aux membres du Derg de reculer sous peine d’être victime de leur propre camp ou du camp adverse. Mengistu signe ainsi le début de son règne, qui lui vaudra le surnom de « Negus rouge ». Règne qui se poursuivra sous le signe d’une féroce dictature. Mengistu devient dans les années suivant son règne un des symboles de la dictature sur le continent africain.
Haïlé Selassié, le Négus mourra en 1975 étranglé dans son sommeil sur ordre de Mengistu selon certaines personnes qui ne croient pas la version officielle de son décès (complications suite à une opération pour cancer de la prostate). Certains témoins affirmeront lors de la chute de Mengistu en 1991 que les restes de l’empereur avaient été enterré sous le bureau personnel de Mengistu ! |

En 1976, Mengistu voit son régime menacé et déclenche ce qu’on surnommera la campagne de « terreur rouge » : les étudiants et les jeunes suspectés d’être membres ou sympathisants du parti éthiopien révolutionnaire du peuple (EPRP) et systématiquement exécutés. Les « Kebeles », des comités de voisinage seront mis sur pied pour surveiller localement les populations et ce sont leurs milices qui commettront les exécutions. L’administration réclamera même aux familles le remboursement du prix des balles utilisées pour les exécutions lorsque celles-ci réclameront les corps pour les enterrer.
Mengistu continuera aussi sa purge au sein du Derg et du « All-Ethiopia Socialist Movement », (un groupe maxirste qui l’avait soutenu à ses débuts). Trois purges auront lieu pour éliminer tous ses rivaux au sein des différents groupes.
Lors de sa chute, Mengistu et une cinquantaine de personnes, membres de sa famille ainsi que des membres du Derg trouveront refuge au Zimbabwé où Robert Mugabe leur accorde l’asile. Mengistu s’y trouve toujours, ce qui ne manque pas de sel a l’heure où l’impunité des dictateurs via le cas Hissène Habré est prônée par l’Union Africaine…
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Vidéo : Mengistu condamné à la peine de mort par contumace en 2008 |

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