
La capitale politique ivoirienne Yamoussoukro (centre) reçoit de nouveau les principaux acteurs de la crise ivoirienne sur une initiative du Premier ministre Charles Konan Banny visant à dissiper les nouveaux blocages que connaît le processus de paix.
Cette rencontre à huis clos, qui a débuté mardi après-midi, regroupe autour de M. Konan Banny le président de la République Laurent Gbagbo, le chef des Forces nouvelles (ex-rébellion), Guillaume Soro, ainsi que les deux opposants Henri Konan Bédié (ancien chef d'Etat) et Alassane Ouattara (ancien Premier ministre).
Ces cinq acteurs majeurs, dont la rencontre devait s'ouvrir lundi avant d'être repoussée de 24 heures, devront décider du sort de la Côte d'Ivoire qui croule sous le poids d'une crise militaro-politique qui dure depuis plus de quatre ans.
Le 5 juillet dernier, dans cette même ville de Yamoussoukro, les mêmes personnes s'étaient engagées à faire appliquer les différents accords de Pretoria en adoptant un chronogramme relatif à la conduite «concomitante» des opérations des audiences foraines et du pré- regroupement des ex-combattants et des milices.
Ces opérations semblaient bien démarrer jusqu'à ce que, le 6 août dernier, le président Laurent Gbagbo, dans son discours à la nation à la faveur du 46-ème anniversaire de l'indépendance du pays, rappelle que conformément aux dispositions légales, les audiences foraines n'étaient pas l'occasion de délivrer des certificats de nationalité ivoirienne, comme le faisait croire l'opposition.
Il avait également déclaré qu'il ne voudrait pas de nouvelles listes électorales et qu'il fallait «simplement réactualiser» celle de 2000. Une donne que l'opposition civile et armée a récusée en multipliant les campagnes pour que les certificats de nationalité continuent d'être délivrés au cours des audiences foraines «dans leur forme actuelle».
Les Forces nouvelles ont aussi suspendu leur participation au dialogue militaire, un cadre de discussion entre les militaires de la rébellion et ceux des Forces de défense et de sécurité (FDS) sur les questions de désarmement.
Malgré toutes ces difficultés, le Premier ministre Charles Konan Banny a tenu à faire avaliser son «train de la paix», en envoyant en mission de paix, sur toute l'étendue du territoire, le tout soutenu par le redéploiement de l'administration, pour superviser les audiences foraines.
Conscients que les élections ne pourront pas se tenir dans le délai fixé par la résolution 1633 du Conseil de sécurité des Nations unies, les acteurs de la crise ivoirienne devraient, au cours de cette rencontre, faire des concessions en interne dans le sens de faire avancer le processus de paix avant de se retrouver le 20 septembre prochain devant les hautes instances des Nations unies, à New York, sur invitation du secrétaire général Kofi Annan.
Le pays est donc suspendu à Yamoussoukro II, disent des observateurs de la vie politique ivoirienne, et la communauté internationale attend beaucoup de cette réunion des «cinq grands», d'autant que le Groupe de travail international (GTI) a, à la demande du Premier ministre, décalé de quelques jours sa dixième réunion interministérielle, qui se tiendra finalement le 8 septembre à Abidjan.
Le GTI va donc analyser les résultats de Yamoussoukro II avant de les transmettre à l'ONU avant le 20 septembre. |