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Avec une situation sous-régionale déjà très tendue et instable notamment avec le conflit au Darfour et l’insécurité dans la région des Grands Lacs, une analyse fine des conséquences d’une probable disparition du lac Tchad semble nécessaire. La sécheresse qui frappe une bonne partie des Etats-Unis et de l’Europe fait resurgir le débat sur le changement climatique d’autant plus que la canicule a causé encore cette année des centaines de morts et des pertes économiques considérables pour certaines professions comme l’agriculture.
Il est désormais acquis que la température s’élèvera de 1° à 6 °C sur notre globe. Les pays pauvres notamment l’Afrique subiront le plus les conséquences du changement climatique à cause du manque de moyens et une politique stratégique d’anticipation du phénomène quasi inexistante. L’exemple du Lac Tchad semble conforté cet argument et suscite bien d’interrogations quand à la capacité des Etats Africains à définir, mettre en place et suivre un plan de gestion de risque efficace.
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Le Lac Tchad meurt de soif |

Au moment où L’Ethiopie compte ses morts suite aux inondations, le spectre du lac Tchad qui meurt de soif peut sembler un scénario de science fiction pour les habitants de certaines villes africaines comme Douala habitués à la crue en saison pluvieuse. Pourtant il s’agit bien d’une triste réalité pour ce lac frontalier de plusieurs pays qui jadis fut l’un des plus grands du Monde.
Avec une superficie de près de 25 000 km2 en 1963, le lac Tchad fait à peine 1 500 km2 de nos jours. Plusieurs phénomènes expliquent cette réduction drastique et rapide : Les terribles sécheresse de 1972-1973 et 1982-1984 qu’a connu le Sahel, la diminution de la pluviométrie qui est passée de 320 à 210 millimètres, l’irrigation pour l’agriculture, la baisse de la puissance du fleuve Chari (90 % des apports du lac) et de son affluent Logone et la présence de deux barrages sur le fleuve Komadugu-Yobé contribuent donc à la mort certaine du Lac Tchad pronostiqué par la NASA dans vingt ans si rien n’est fait. La décrue du lac n’a pas fait que des malheureux. En effet cette situation a entraînée le développement de l’agriculture (fruits, légumes et céréales) qui fait vivre aujourd’hui près de 40 000 Tchadiens. |
La réponse africaine : La CBLT : Commission de Bassin Lac Tchad |

Créée en 1964 par le Cameroun, le Tchad, le Nigeria et le Niger, à laquelle a adhéré la République Centrafricaine et peut être le Soudan ultérieurement, la Commission de Bassin Lac Tchad (CBLT) a pour mission de veiller à l’utilisation rationnelle de l’eau, du sol et des autres ressources naturelles et de coordonner le développement dans la sous région. A part de nombreuses réunions, le bilan de la CBLT est mitigé car depuis sa création qui coïncide avec le début réel de la disparition du Lac Tchad, la commission n’a rien pu faire pour stopper le phénomène. Comble du paradoxe, certains Etats membres avaient encore des arriérés en 2005 à régler à la CBLT. Comment ne pas s’interroger sur la planification et la gestion à long terme de nos pays.
C’est d’ailleurs grâce aux financements internationaux (comme c’est généralement le cas pour d’autres dossiers africains) que des études ont été menées. L’une des solutions retenues serait de lier le fleuve Oubangui en République Centrafricaine à un affluent du fleuve Chari (qui alimente le Lac Tchad) par un canal de près de 300 kilomètres. Le coût de ce projet ambitieux ainsi que ses sources de financement restent encore à définir pour sauver ce lac dont dépendent près de 22 millions d’habitants sans parler des conséquences environnementales, économiques et sociales.
Ainsi la géopolitique sous-régionale reste elle-même à redéfinir puisque le Tchad accueille déjà dans l’est près de 200 000 réfugiés soudanais ayant fui le conflit du Darfour (ouest du Soudan) et dans le sud près de 45 000 Centrafricains. La prochaine rencontre des membres du CBLT aura lieu en octobre 2006 et les chefs d’Etats concernés par ce dossier devront simplement se souvenir qu’après le pétrole, l’eau sera la principale source de conflit dans les années à venir. Il faut dont que la situation autour du lac Tchad n’entraîne pas un conflit sous-régional qui coule de source…
Thierry Téné Mangoua
P (+33) (0)6 21 93 91 45
Consultant développement durable
www.a2dconsulting.net
Président de l'association les Amis du Développement Durable
www.a2dtv.net |
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