
Guinée Bissau (PANA), Le métier de passeur, au-delà des multitudes de risques qui jalonnent le processus, nourrit certainement son homme, surtout à l'heure actuelle où la fièvre de l'immigration a gagné la jeunesse prête à tout braver pour atteindre l'Europe, même clandestinement.
C'est d'ailleurs cette clandestinité qui fait le bonheur des passeurs, pour la plupart des pêcheurs reconvertis, qui taillent le prix du voyage à la mesure des risques et de la demande de plus en plus forte. A Cinq cent mille francs CFA par candidat pour le voyage Bissau-Iles des Canaries, l'expédition du 17 septembre au départ du port de Bissau aura rapporté une solide pactole aux passeurs.
A Bissau, c'est au marché Bandim (Bissau) que les passeurs vont à la recherche des candidats à l'immigration. Là, L'immigration clandestine a donc contribué à l'intégration d'une autre activité non moins lucrative, celle du « crédit à l'immigration » à laquelle s'adonnent les commerçants les plus avertis.
M. Ndiaye, commerçant sénégalais résidant en Guinée-Bissau, en sait long sur la filière dont il représente d'ailleurs ce nouveau maillon de la chaîne : « Pour la dernière expédition, j'ai prêté en tout 2.000.000 FCFA à quatre personnes pour payer leur voyage. Si jamais ils réussissent la traversée, ils me rembourseront le double. Au cas contraire, je perds tout» affirme M. Ndiaye, stoïque.
Mais si M. Ndiaye sait à quel risque il s'expose, il n'en est pas de même pour les autres commerçants du marché Bandim. « Avant de partir, certains clandestins sénégalais, tous des commerçants, ont emprunté beaucoup d'argent chez leurs compatriotes. Ces derniers pensaient qu'ils seraient remboursés le lendemain, mais ont dû se rendre compte de l'escroquerie, lorsqu'ils ont appris le départ du convoi», raconte-il.
M. Ndiaye, qui affirme que les autorités bissau-guinéennes sont bel et bien au courant de cette filière d'émigration clandestine vers l'Espagne, révèle également la compromission des gardes-côtes dont les passeurs n'hésitent pas à payer le silence. Ce qui, sans doute favorise les départs massifs des côtes Bissau guinéennes qui comptent désormais trois ports d'embarquement des clandestins, à savoir, « Varela (nord-ouest), Bissau (centre) et Bubaque (sud-ouest), dans l'archipel des Bijagos», cite M. Ndiaye.
L'information est confirmée par un autre commerçant sénégalais, C. Mbaye qui s'indigne : «Nos compatriotes choisissent l'aventure périlleuse de l'océan, se fondant sur la raison selon laquelle leurs affaires ne marchent plus comme auparavant».
En effet, 25 bissau-guinéens ont déjà été rapatriés par voie aérienne via Dakar, en provenance d'Espagne. La semaine dernière les gardes-côtes de Bissau avaient intercepté une pirogue ayant transportant 81 clandestins. |