
L'écrivain nigérian, prix Nobel de littérature, Wole Soyinka, a accusé l'Union africaine (UA), la Ligue arabe et les Nations unies de passivité au Darfour, la région occidentale du Soudan en proie depuis février 2003 à un conflit qui a fait 200.000 morts et plus de deux millions de déplacés.
Dans un discours prononcé mardi à Paris l'occasion de l'anniversaire du premier congrès des écrivains et artistes noirs, il a aussi accusé le gouvernement soudanais de procéder à une purification ethnique et à une "arabisation" du pays.
"Il est déprimant d'observer l'indifférence affectée de l'une (la Ligue arabe) pour la criminalité d'un de ses membres, dans un pays placé historiquement comme un pont culturel entre deux races (noire et arabe). La famille africaine (UA), pour sa part, manifeste une impuissance honteuse qui permet une reproduction d'une histoire qui a forgé les chaînes de l'asservissement colonial", a déclaré M. Soyinka.
Il a aussi critiqué l'ONU, estimant qu'elle n'a pas tenu ses engagements envers la communauté africaine du Darfour et lui reproche d'avoir invoqué des excuses basées sur un accord alors qu'elle aurait dû intervenir de manière énergique.
"C'est étrange que cet alibi de l'inaction n'ait pas été invoqué avant l'intervention musclée dans l'ex-Yougoslavie. Une intervention qui n'a pas seulement mis à genoux un régime voyou, mais qui a supervisé le retour et la réhabilitation des populations dispersées d'Albanais et de Croates musulmans", a-t-il ajouté.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé le déploiement de 20.000 casques bleus au Darfour pour remplacer les 7.000 soldats de l'UA, dont le mandat expire à la fin de ce mois, mais le président soudanais, Omar el Bécir, s'est opposé à l'arrivée d'une force onusienne, qualifiant ce plan de "complot sioniste".
Les dirigeants de l'UA doivent se rencontrer à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, qui se tient actuellement, pour prendre une décision sur le Darfour. |