
Abidjan, Côte d'Ivoire (PANA)- Quatre ans, jour pour jour, après le déclenchement de la crise politique ivoirienne, la Côte d'Ivoire monte à nouveau sur la sellette onusienne mercredi, à l'invitation du Secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan.
Le président Laurent Gbagbo, qui estime que c'est "une mascarade" de la communauté internationale, décide de ne pas à s'asseoir à la table de négociations autour des questions essentielles sur lesquelles les politiques ne parviennent pas à s'entendre, pour ramener définitivement la paix dans le pays.
Comme pour conjurer le mauvais sort, au passage de la crise en sa cinquième année, le ministère de la Réconciliation et des Relations avec les institutions a entamé depuis lundi une série d'activités dont dépôts de gerbes de fleurs à la Place des martyrs à Adjamé, messes de souvenirs et journée de la fraternité à la Maison de la culture de Treichville.
Certes, le chemin semble s'allonger de plus en plus pour retrouver la paix sociale à laquelle des coups de feu nourris à l'arme lourde avaient définitivement mis fin ce jeudi 19 septembre 2002. Vient ensuite la période des négociations qui ont abouti à des accords émaillés d'affrontements ponctuels qui ont davantage réussi à marquer la division géographiquement du pays qu'à redonner confiance aux parents des milliers de personnes tuées, aux blessées et aux déplacés de guerre.
L'Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), ont essayé, de Lomé à Accra en passant par Libreville et Pretoria, à maintes reprises, de concilier les positions des protagonistes. Mais les résultats escomptés n'ont jamais pu être atteints.
A Linas-Marcoussis, en janvier 2003, sous l'instigation de la communauté internationale, les protagonistes se sont enfin accordés, entre autres, sur la mise en place d'un gouvernement réunissant toutes les forces politiques du pays y compris les représentants de la rébellion, avec Seydou Diarra comme Premier ministre, en remplacement de Pascal Affi Nguessan. Rien n'y fit.
Blocages, difficultés et autres peaux de banane ont fini par éroder la patience de Seydou Diarra et emporter son gouvernement. Consciente des erreurs politiques inhérentes à la composition du cahier des charges de l'ancien Premier ministre, la Communauté internationale, par le truchement du GTI, réussit, le 05 décembre 2005, à réunir le consensus autour du gouverneur de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), Charles Konan-Banny, pour la Primature, avec des prérogatives quelque peu glanées sur les attributions du chef de l'Etat, en application de la résolution 1633 du Conseil de sécurité, adoptée en octobre 2005 pour revitaliser Marcoussis en perte de vitesse.
En dépit de sa détermination à instaurer la confiance entre les Ivoiriens et de quelques progrès enregistrés au cours du processus, Charles Konan-Banny manque de parvenir à l'essentiel, à savoir organiser les élections en octobre 2006, après les opérations de désarmement des ex-combattants et de l'opération d'identification.
Les interprétations subjectives des accords de paix, la protection des intérêts personnels et les positions figées de chaque camp ont empêché le "train Banny" d'avancer.
L'ignoble importation des déchets toxiques à Abidjan et les lourdes conséquences que la pollution de l'environnement de la capitale a entraînées semblent avoir détourné l'attention des protagonistes, passant aux oubliettes l'enlisement du gouvernement à l'étape essentielle du processus politique et offrant à Charles Konan-Banny, par la même occasion, l'opportunité inespérée de justifier le renouvellement de son équipe.
Non sans avoir commis au passage une faute administrative légèrement mise en exergue par une courte protestation de l'opposition, mais une faute nécessaire pour éviter d'être poussé à la sortie par celui que l'on ne saurait se permettre d'avoir contre soi, à savoir l'incontournable Laurent Gbagbo.
Le moment était donc bien venu pour un nouveau départ que saisissent également les Nations unies, non sans hypothéquer les chances d'aboutissement d'une nouvelle approche qu'accoucherait New-York... sans Laurent Gbagbo et sa légitimité présidentielle. |