
Le président Jacques Chirac a décidé de mettre fin à la différence de traitements entre les anciens combattants africains des guerres menées par la France pendant la colonisation et leurs camarades d'armes français, rapporte lundi la presse française. Depuis 1959, un texte dit "loi sur la cristallisation" a institutionnalisé une discrimination qui fait qu'un ancien combattant africain jouit d'une pension deux à trois fois inférieure à celle d'un ancien combattant français.
"Il y a une injustice manifeste, il faut la supprimer", a déclaré le ministre français délégué aux Anciens combattants, Hamlaoui Mekachara, justifiant la décision du président Chirac par des considérations humanitaires. "Jacques Chirac, mû par des préoccupations humanistes, est décidé à aller plus loin. Il veut tendre à une égalité et non plus seulement à l'équité entre nos compatriotes et leurs camarades d'armes étrangers", a précisé M. Mekachera.
Des discussions sont en cours entre différents ministères français concernés par la question pour évaluer l'incidence financière de la revalorisation des pensions des anciens combattants.
Près de 55.000 anciens combattants africains devraient être concernés par la mesure de revalorisation de leur pension et des primes d'invalidité décidée par Jacques Chirac afin de mettre fin à la discrimination issue de la "cristallisation" instaurée en 1959.
Environ 40.000 personnes concernées par la mesure vivent en Algérie, au Maroc et en Tunisie, selon le décompte effectué par les ministères français des Anciens combattants et des Finances, tandis que 15.000 autres anciens combattants des guerres françaises vivent en Afrique au sud du Sahara, principalement au Sénégal et au Tchad.
En vertu de la décision prise par le président Chirac et qui devrait être rendue publique "dans les prochains jours", la pension de combattant et les primes d'invalidité de tous les 55.000 Africains qui ont participé à la libération de la France du nazisme ou participé à ses guerres en Indochine et en Algérie verront leur traitement aligné sur ceux de leurs camarades d'armes français.
Un ancien combattant français touche actuellement une pension mensuelle de 690 euros contre 230 euros pour son frère d'arme sénégalais et 104 euros pour un ancien combattant camerounais.
Les anciens combattants africains et les associations qui les soutiennent ont toujours dénoncé cette injustice que la France n'a jamais voulu réparer. Un début de règlement de la question a été entamé avec la décision du Conseil d'Etat français de donner raison au Sénégalais Amadou Diop, ancien sergent de l'armée coloniale française, qui contestait la discrimination par rapport aux anciens combattants français.
Estimant l'incidence financière "trop importante", le gouvernement socialiste avait refusé, en novembre 2002, d'appliquer l'arrêt du Conseil d'Etat favorable aux anciens combattants africains.
|