
La présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf a réclamé mardi à Strasbourg l'appui résolu des partenaires de son pays, faute de quoi le Liberia pourrait retomber dans la guerre civile qui l'a déchiré ces quatorze dernières années.
"Si nos partenaires ne nous soutiennent pas, le Liberia risque de rater sa chance et de basculer de l'état de post-conflit où il se trouve pour retomber dans la guerre", a-t-elle déclaré en substance mardi devant le Parlement européen, réuni en session plénière.
Dressant le tableau de la situation dans laquelle se trouve son pays, la présidente libérienne a indiqué que le PNB a subi une baisse de 90% et que la dette extérieure représente 800% de ce PNB.
"Plus de trois quarts des Libériens vivent en dessous du seuil de pauvreté avec moins de 1 dollar par jour", a fait savoir Mme Johnson-Sirleaf, précisant que lorsqu'elle a été élue, il n'y avait plus d'électricité, ni d'eau, les écoles et cliniques étaient effondrées, peu d'enfants allaient à l'école et beaucoup mourraient de maladies curables, sans compter la corruption.
"Sans le soutien de nos partenaires, nous risquons de rater la meilleure opportunité en une génération de mettre fin au conflit de manière durable", a-t-elle dit.
La présidente libérienne a proposé quatre axes pour le redressement de son pays, dont notamment la création d'une nouvelle armée de 2.000 soldats "bien entraînés et équipés" en vue de consolider la paix et renforcer la sécurité, cela tenant compte du retrait progressif des troupes de l'ONU.
Le deuxième axe consiste à revitaliser l'économie en visant prioritairement l'agriculture et à réhabiliter l'industrie du caoutchouc, de même que les forêts et le secteur des mines.
Pour cette raison, elle a annulé toutes les concessions forestières non conformes et créé un nouveau cadre de concessions pour les ressources naturelles. L'objectif visé est, a-t-elle indiqué, de créer des emplois pour résorber le chômage qui a atteint 80% de la population en âge de travailler.
"Le Liberia n'est pas un pays pauvre, mais il a été mal géré", a encore Mme Johnson-Sirleaf, soulignant que son gouvernement tient à améliorer la gouvernance démocratique et à combattre la corruption qui a détruit le tissu social de la nation.
Le quatrième axe est la réhabilitation des infrastructures sociales et physiques, l'éducation devant jouer un rôle central pour le renouveau et la réconciliation nationale, car, a-t-elle relevé, "un pays ne peut se développer avec un taux d'analphabétisme atteignant les 70%".
Il faudra en outre réhabiliter les infrastructures sanitaires, car seulement 10% des Libériens ont accès aux soins de santé, de même qu'il faudra rétablir les infrastructures routières sans lesquelles "il est illusoire de consolider la paix, de promouvoir de nouvelles activités économiques et de renforcer la gouvernance locale".
Au terme de son discours, la présidente du Liberia a été longuement ovationnée par les députés européens debout dans l'hémicycle du Parlement européen, situé à Strasbourg, une ville de l'est de la France. |