
Les Nigérians ont célébré dimanche le 46ème anniversaire de l'indépendance de leur pays obtenue de la Grande-Bretagne le 1er octobre 1960 dans un climat assombri par la disparition récente dans un crash aérien de 13 officiers de l'armée et la confrontation entre le président et le vice- président.
C'est le dernier anniversaire de l'indépendance présidé par M. Olusegun Obasanjo en tant que chef d'état en exercice, puisqu'il va quitter le pouvoir en mai prochain après l'expiration de son deuxième et dernier mandat de quatre ans, comme le prévoit la Constitution.
Comme prévu, le président a saisi l'occasion pour faire un bilan des efforts de son administration ces sept dernières années.
"En 1999, nous étions un pays qui traversait une crise profonde, rejeté par la communauté internationale et plongé dans la colère, la violence et l'instabilité et manquant de confiance en nous- même", a-t-il déclaré dans un discours à la nation dimanche matin.
"Aujourd'hui, nous sommes apprécié de tous, élus à des postes importants au sein des organisations internationales, nous accueillons des touristes et des investisseurs à un taux sans précédent et sommes respectés partout où nous allons", a ajouté le président.
Dans ce discours fortement chargé d'avertissements au peuple sur la manière de faire progresser le pays et de références à Dieu (qu'il a mentionné une vingtaine de fois) en parlant de défis à relever par le pays, M. Obasanjo est revenu sur les indices économiques et d'une autre nature pour montrer les succès de son administration.
"La croissance de notre PIB qui n'était que de 1,19% en 1999 est passée à 6,23% en 2005. Le taux de croissance dans le secteur agricole qui était de 5,28% en 1999 est de 7% en 2005, ceux des minerais solides et des télécommunications sont passés respectivement de 3,79% et 5,39% à 9,50% et 28,96%; pour le secteur manufacturier il est passé de 3,44% à 9,41%; alors que le commerce en gros et de détail a enregistré une progression de 2,50% en 1999 à 12,32% actuellement", a-t-il expliqué.
Les opposants et plusieurs analystes politiques contestent le bilan du président, en déclarant que ces chiffres ne reflètent pas la réalité sur le terrain dans le pays le plus peuplé d'Afrique où plus de 70% de population vit avec moins d'un dollar par jour.
Ils ont aussi souligné l'instabilité et l'insécurité du climat politique, particulièrement à quelques mois de la tenue des élections.
Mais le président a anticipé ces critiques dans son discours, en déclarant : "Ceux qui pensent que des progrès n'ont pas été réalisés sont soit des ennemis du progrès ou sont sourds et aveugles".
Le bras de fer actuel entre le président et le vice-président, qui a installé l'incertitude du lendemain parmi les citoyens, a également jeté une ombre sur les célébrations.
Une enquête pour corruption ordonnée par le président incrimine le vice-président Atiku Abubakar et menace son ambition de succéder à son patron l'année prochaine.
M. Abubakar a à son tour accusé le chef de l'état de corruption et produit ce qu'il a appelé des preuves évidentes pour étayer ses allégations.
Ce dimanche, M. Obasanjo a affirmé que la lutte contre le corruption se poursuivrait et a averti "ceux qui cherchent à obtenir des postes de direction uniquement dans leur intérêt personnel, pour étouffer la société civile, par opportunisme politique et par la corruption".
Il a invité au travail sans relâche et à la prière pour garantir une transition politique pacifique l'année prochaine, en ajoutant : "Nous devons être vigilants et le point de départ de cette vigilance doit être nos familles, nos communautés et nos partis politiques respectifs". |