|
 |
  |

2006 est l’année Senghor. Le brillant écrivain et chef d’Etat sénégalais aurait eu officiellement 100 ans le 9 octobre. Un événement peu médiatisé pour un homme d’exception. La compagnie Tour de Babel rend hommage, dans Outre Ciel, à Léopold Sédar Senghor le 9 octobre au Théâtre Comédia à Paris. Le bel « outre-ciel » fut créé dans le poème « A l’appel de la reine de Saba » : « Je me rappelle les jours de mes pères, les soirs de Dyilör
Cette lumière d'outre-ciel des nuits sur la terre douce au soir…» (recueil Hosties noires, 1948).
Le spectacle Outre Ciel présente avant tout une histoire d’amour, une légende ancestrale qui berce les Ewés du Sud Togo. Mawu, douce et généreuse, incarne la féminité, Lissa, la force du guerrier. Avant la naissance du monde, ils forment un être divin, unique et androgyne. : Mawu-Lissa. Leur séparation rompt brutalement cet équilibre. L’univers émerge alors de cette déchirure. Mais les sentiments qui unissent les deux êtres dépassent les frontières de l’espace et du temps.
Cette création originale et métissée est le fruit de la collaboration entre la compagnie Tour de Babel, la compagnie l’œil du Cyclone et l’association africaine Escale d’Ecritures. La troupe, composée d’artistes Sénégalais, Togolais, Maliens, Ivoiriens et Français, donne vie aux valeurs défendues par Senghor : l’Universel et la Négritude.
L’écrivain togolais Gustave Akakpo a eu dès lors la lourde tâche de créer un texte original, tout en conservant l’essence poétique de l’œuvre du poète. Sur scène, la musicalité des poèmes de Senghor renaît également grâce au groupe de musique franco-africain et au griot, gardien des traditions orales.
Poésie, musique, comédie, danse : la recette idéale d’un spectacle réussi. Rencontre avec le comédien Romain Pompidou, membre de la compagnie Tour de Babel qui présente ce vibrant hommage à découvrir.
|
|
Entretien avec Romain Pompidou, comédien |

Quelle est l’origine du spectacle Outre Ciel ?
La Tour de Babel a proposé une collaboration à la compagnie l’œil du Cyclone de Luis Marques. Nous voulions monter un spectacle ensemble depuis longtemps avec des artistes africains. L’année Senghor est un événement considérable. On a donc contacté Gustave Akakpo, jeune auteur togolais, afin de travailler sur un texte pour un spectacle, qui intégrerait les poèmes de Senghor. Il a proposé d’intégrer également des extraits de la poétesse ivoirienne, Tanella Boni. On a pu mettre en parallèle l’univers de Senghor et le Sénégal avec la culture togolaise de Gustave et ses mythes fondateurs. Mais il fallait que son écriture fasse écho à la richesse de la langue de Senghor. L’écriture se révèle parfois quotidienne tout en étant liée aux ancêtres et aux religions animistes.
Quels thèmes sont véhiculés dans ce spectacle ?
Senghor était à la fois ancré dans la négritude et ouvert sur l’universel. On respecte donc cette culture du métissage. On retrouve l’amour, l’Afrique et le dialogue interculturel. On découvre également le lien entre les mythes, le monde des ancêtres, les croyances animistes et le vécu quotidien. Sans oublier le lien entre les racines africaines et la francophonie.
En quoi Outre Ciel raconte une histoire d’amour ?
Outre Ciel est une histoire d’amour avec de l’amour bien sûr, de la haine, des départs, des retours, des déchirures. Ils s’aiment, ils se détestent. Ils se perdent et se reviennent. Le point de départ est Mawu-Lissa, l’androgyne primordial. Mawu, l’aspect féminin et Lissa, l’aspect masculin. Au départ, ils étaient réunis en un seul être. Puis lorsque le monde naît, c’est la séparation de Mawu et de Lissa.
Décrivez-nous les coulisses de la création
Sur le traitement scénique, c’est musique, danse et théâtre. La compagnie travaille depuis environ huit ans avec des Tunisiens, des Cubains, des Amérindiens et des Afro-caribéens. On a amené des choses qui viennent des écoles de théâtre occidentales à fusionner avec les traditions orales africaines. C’est une espèce d’alchimie. On est dans la rencontre interculturelle avec l’autre. Chacun ses racines, sa culture, son imagination et ses propositions. Mais on est tous là pour faire un spectacle ensemble et ça se passe naturellement, sous l’autorité des metteurs en scène qui font les choix artistiques.
Comment vous, les comédiens, abordez vos personnages ?
Chaque comédien a une approche personnelle de son rôle. Au départ, lorsqu’on construit les personnages, on cherche beaucoup, on explore beaucoup de chemins possibles. Le comédien doit faire un travail à la fois sur lui-même et sur ses partenaires pour faire ressortir des choses vraies. Il faut le vivre entièrement. Ce qui compte, c’est un engagement personnel très fort. On est parti à la recherche de cette vérité intérieure, même en improvisant quelquefois avec nos propres mots. De plus, l’auteur était présent aux répétitions et le texte s’est créé avec les comédiens et les metteurs en scène.
Appréhendez-vous l’accueil du public ?
C’est l’occasion de rendre hommage aux cultures africaines. Il y a beaucoup de débats en ce moment sur la reconnaissance des identités culturelles. On l’a complètement intégrée dans notre démarche. Mais c’est dommage que les grands média ne médiatisent pas davantage ce genre d’initiatives. C’est important de créer ce type de spectacles aujourd’hui donc il faut y aller. C’est une manière de résister à l’idéologie dominante dans le théâtre officiel en France. On permet de faire découvrir le théâtre d’une autre manière à un public qui voit le théâtre comme triste et ennuyeux.
Quels sont les projets de la compagnie après la représentation?
On joue à Dreux le 14 octobre, puis à Beaubourg les 5 et 6 janvier. On aimerait qu’ Outre Ciel se fasse connaître, notamment en Afrique, mais tout dépend des moyens financiers.
L’été prochain, on a une création sur l’amour mystique avec des poètes orientaux notamment iraniens.
On a également d’autres chantiers en cours dont un projet sur les Caraïbes et Cuba, sur les mythologies de la Caraïbe et le métissage des racines africaines, amérindiennes et européennes.
|
Infos Pratiques |

Théâtre Comédia
4 boulevard de Strasbourg.
75010 Paris.
20h30
Contact et réservation : 01 42 38 22 22
magasins Fnac et Virgin.
www.tourdebabel.com
Mise en scène, direction artistique : Luis Marquès, Anne-Sylvie Meyza
Dramaturgie : Gustave Akakpo
Textes: Léopold Sédar Senghor, Gustave Akakpo, Tanella Boni
Chorégraphie : Kossua Ghyamphy
Costumes : Athina Pournara, Carine Guillaume
Avec: Assiata Abdou (Mawu-Lissa), Mamadou Fomba (l'Homme), Mata Gabin (la Conteuse), Sabine Pakora (la Femme), Romain Pompidou (le Conteur)
Musiciens : Emmanuelle Drouet (chant), Yakhouba Sissokho (kora), Lansiné Kouyaté (balafon), Benjamin Lauber (percussions, effets sonores), Alain Servant (cordes et vents).
|
 |
|
 |
 |
 |
 |
|
|
Donnez
votre opinion ou lisez les 0 réaction(s) déjà écrites
Version
imprimable de l'article
Envoyer
l'article par mail à une connaissance
Partager sur:
Facebook
Google
Yahoo
Digg
Delicious
|
|
|
Les dernières photos publiées sur Grioo Village |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Top |
|
|
|
|
|
|
  |
 |
|
|