|
 |
  |
 |
|
 |
|
 |
 |
 |
 |
 |
|
 |
 |
Amadou Guèye
©
Michèle Laurent |
 |
 |
|
 |
|
 |
|
 |
 |
|
|

Amadou Gaye monte sur les planches face à un public intrigué et finit sa prestation sous des tonnerres d’applaudissements. « Négritudes » touche avec succès le public parisien. Du 20 septembre au 1er octobre, le Local de Belleville a affiché complet. Le comédien a su donner vie à des textes emblématiques de la littérature afro-antillaise. Qui mieux que ce « Sénégalais de ventre et Parisien de cœur » aurait pu s’attaquer aux grandes figures de la Négritude. Le mouvement littéraire, né de la rencontre entre Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor, aidé du poète guyanais Léon-Gontran Damas, prône la grandeur de l’histoire et de la civilisation noire dévalorisées par le monde occidental. « Négritude », un terme forgé en 1934 par Aimé Césaire : « la Négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture » (numéro 3 de la revue L’Etudiant Noir).
De Guy Tirolien à Birago Diop, en passant par Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor, le « griot du béton » revisite, à sa manière, des écrits représentatifs de la pensée noire, placés sous le signe de la révolte. Amadou Gaye revendique avec force cette « révolte qui reste digne ». D’un personnage à l’autre, le comédien parvient à créer une atmosphère captivante, baignée par le souffle du vent, le chant des rameurs, le bruit des chaînes et la prière d’un enfant. Il manie ainsi avec émotion la musicalité de ces poésies. Tantôt méditatif, tantôt tonitruant, il transmet une rage mêlée de douceur, une mélancolie teintée de nostalgie. Le public est sous le charme, comme envoûté. Malgré la violence de certains textes tels que « le chant pour tuer un serpent » de Nicolas Guillen ou « et les chiens se taisaient » d’Aimé Césaire, l’auditoire est conquis. « Debout ! Joseph ! » de Gilbert Gratiant symbolise notamment la soumission face à l’homme blanc. L’expression de cette âme écorchée vive, et pourtant empreinte de fierté, est caractérisée par « Ghetto » de Guy Tirolien. La veuve de l’écrivain s’est d’ailleurs déclarée enchantée de la performance du comédien.
Le succès du spectacle est avant tout le succès de deux hommes. La réussite de « Négritudes » est issue de la complicité d’Amadou Gaye et de Gabriel Debray. Plus qu’une rencontre, une « osmose » selon le metteur en scène. Les deux hommes, après plusieurs mois de travail acharné, parviennent à exprimer, par les mots, le corps et la voix si particulière d’Amadou Gaye, les valeurs qui les unissent : « l’universalité et la fraternité ».
Le comédien aux multiples facettes nous explique cette redécouverte des couleurs du pays, du souffle des ancêtres et de la colère contre les ravages de l’homme blanc :
|
|
Rencontre avec Amadou Gaye |

Quelle est l'origine de ce spectacle ?
C’est une rencontre entre Gabriel, le metteur en scène, et moi. J’étais invité au Printemps des Poètes au Local, pour dire des poèmes et ça a plu à Gabriel qui adore également ces poèmes. Ce sont des textes que j’aime beaucoup, qui m’ont suivi dans ma jeunesse. Je cherchais une façon de me les approprier. C’est avant tout une très belle littérature. Même si certains disent que ces auteurs sont dépassés. Pourtant on ne dit pas que Racine ou Corneille sont dépassés. Je suis acteur. C’est donc une mission de travailler ces poèmes et de les transmettre. Il y a une musique dans ces poèmes. Ecrits dans les années 50-60, ils ont baigné dans l’oralité. Gabriel a compris et a su percevoir leur universalité. Il a construit la dramaturgie mais il a respecté ma façon de travailler. Et l’aventure a démarré….
Quels sont les thèmes qui ont déterminé le choix des poèmes ?
Gabriel et moi avons des valeurs en commun. Le choix des poèmes s’est fait le plus naturellement possible. Gabriel a créé une histoire qui tient la route, qui fait voyager. Il y a de la révolte contre les méfaits de l’homme blanc. Mais c’est une révolte toujours digne, avec une ouverture vers l’universel et la fraternité. Les gens se sont souvent emparés de ces poèmes dans une visée politique. Alors que c’est une dimension littéraire et humaine qui en ressort. C’est une balade où on découvre l’esclavage et la rébellion mais également l’animisme africain et le respect de la nature comme dans Birago Diop.
Comment avez-vous ressenti l’accueil du public ?
Durant les douze représentations, c’était magnifique ! J’ai ressenti un très bel accueil et une qualité d’écoute formidable. Il y avait un public varié, d’abord public de quartier puis ça s’est étendu. Il y avait d’ailleurs beaucoup de jeunes, même des enfants, et surtout beaucoup de femmes. Je ne sais pas pourquoi (rires). Les spectateurs, en sortant, me disaient que le spectacle leur avait fait du bien.
Quels sont vos projets ?
Je suis content. Il y a plusieurs projets pour faire tourner le spectacle et le faire découvrir, notamment à Marie-Galante, en Guadeloupe, lors d’un festival grâce à Mme Guy Tirolien. Mais vu l’accueil du public, nous espérons faire tourner « Négritudes » le plus possible.
Afin de mieux vous découvrir, comment vous définiriez vous en tant qu’artiste ?
Je suis photographe et comédien. Mes deux métiers vont ensemble. Comme de l’oxygène, j’ai besoin de ces deux métiers pour m’épanouir. La démarche du photographe et celle du comédien sont similaires. Je suis quelqu’un qui exprime des envies fortes à travers deux passions : la photographie et le théâtre. Je ne me prends pas du tout au sérieux, tout en prenant très au sérieux mon travail et mes passions. |

Négritudes,
balade poétique
Avec Amadou Gaye, comédien
Mise en scène par Gabriel Debray
Lumières de Jacques Boüault
|
 |
|
 |
 |
 |
 |
|
|
Donnez
votre opinion ou lisez les 1 réaction(s) déjà écrites
Version
imprimable de l'article
Envoyer
l'article par mail à une connaissance
Partager sur:
Facebook
Google
Yahoo
Digg
Delicious
|
|
|
Les dernières photos publiées sur Grioo Village |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Top |
|
|
|
|
|
|
  |
 |
|
|