
Le dernier long métrage du cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako, "Bamako", sera projeté mercredi à Paris pour la première fois, a-t-on appris samedi de source concordante.
Présenté hors compétition en mai dernier au Festival de Cannes, le film s'inspire des politiques d'ajustement structurel imposées dans les années 1980 par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) aux pays africains.
Il donne, pendant 1h 55mn, la parole aux représentants de la société civile africaine réunis pour juger la Banque mondiale et le FMI.
Entre les plaidoiries d'avocats professionnels, dont la Sénégalaise Aissata Tall Sall et le Français William Bourdon, et les témoignages de comédiens, le réalisateur mauritanien donne la parole aux "Sans voix".
Des serveuses de bar, des cireurs de chaussures et des instituteurs africains prennent la parole pour dire leur amertume, laissant exploser leurs rancœurs envers les politiques d'ajustement structurel.
"La raison qui m'a poussé à faire ce film tient à mon regard sur l'Afrique, l'Afrique non pas comme le continent qui est le mien, mais comme un espace d'injustices qui m'atteignent directement", a déclaré M. Sissako lors d'une présentation du film.
"Quand on vit sur un continent où l'acte de faire un film est rare et difficile, on se dit qu'on peut parler au nom des autres : face à la gravité de la situation africaine, j'ai ressenti une forme d'urgence à évoquer l'hypocrisie du Nord vis-à-vis des pays du Sud", a-t-il ajouté.
M. Sissako, 45 ans, fait partie des grandes figures du cinéma africain tant par sa filmographie que par le nombre de prix qu'il a remporté.
Sa réputation s'est définitivement établie avec "En attendant le bonheur" sorti en 2002, un film qui lui avait valu en 2003 l'Etalon de Yenenga, la plus haute distinction du Festival panafricain du cinéma et de télévision de Ouagadougou (FESPACO). |