
Au moins trente-cinq projections suivies de débats seront organisées en France autour de "Bamako", le dernier long-métrage du réalisateur mauritanien Abderrhamane Sissako, par des altermondialites regroupés au sein du Comité pour l'annulation totale de la dette du Tiers-monde (CADTM), a appris mardi à Paris la PANA auprès des promoteurs de ce projet.
"Bamako", qui sort mercredi en France, dresse pendant 1h55mn un réquisitoire sans complaisance contre les Politiques d'ajustement structurel imposées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) aux pays africains.
"Le film 'Bamako' est un événement cinématographique majeur de cette rentrée et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, les choix artistiques de son réalisateur, le Mauritanien Abderrhamane Sissako, en font un vrai film d'auteur", estime le CADTM dans un texte de soutien au long-métrage.
L'ONG estime que "Bamako" étonne, amuse, secoue, émeut et ne laisse jamais indifférent tant par son thème courageux que par le talent de ses personnages constitués de comédiens et d'avocats professionnels, dont la Sénégalaise Me Aïssatou Tall Sall et le Français Me William Bourdon.
"La Cour, les avocats, le public, les témoins sont là, sur la terre malienne. Loin d'être des boucs-émissaires, les deux institutions doivent rendre effectivement des comptes pour leur rôle central dans l'impasse actuelle pour le continent noir", s'enthousiasme le CADTM, qualifiant "Bamako" de "film d'action et de justice".
Les altermondialistes espèrent profiter de la projection de "Bamako" pour sensibiliser l'opinion publique française, notamment sur les méfaits des Politiques d'ajustement structurel dans les pays africains.
Soulignant l'originalité de son dernier long-métrage, Abderrhamane Sissako, 45 ans, a affirmé avoir voulu être le porte-parole des sans- voix en jetant un regard lucide sur des injustices qui l'atteignent.
"Quand on vit sur un continent où l'acte de faire un film est rare et difficile, on se dit qu'on peut parler au nom des autres: face à la gravité de la situation africaine, j'ai ressenti une forme d'urgence à évoquer l'hypocrisie du Nord vis-à-vis des pays du Sud", a déclaré le réalisateur mauritanien en présentant son film en mai dernier au Festival du film de Cannes.
Après "En attendant le bonheur", sorti en 2003 et qui a valu l'Etalon de Yenenga, la plus haute distinction du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (FESPACO), Abderrhamane Sissako confirme, avec "Bamako", son statut de figure montante de la création cinématographique africaine. |