
Le second tour de la présidentielle qui opposera le 29 octobre le président sortant, Joseph Kabila et Jean- Pierre Bemba, candidat du Mouvement de libération du Congo (MLC) en RD Congo, « est totalement ouvert », a estimé mercredi à Paris, un député congolais, Jean-Claude Vuemba, membre de l'opposition radicale.
"Aucune élection n'est gagnée d'avance. Le scrutin du 29 octobre n'échappe pas à cette règle. N'oublions pas qu'on avait dit que Joseph Kabila passerait dès le premier tour avec 99,9% des suffrages», a ironisé le député qui soutient l'ex-chef rebelle Jean- Pierre Bemba.
S'exprimant lors d'un entretien accordé à la PANA, M. Muemba, de passage à Paris, a estimé que le ralliement de Antoine Gizenga, arrivé troisième lors du premier tour, et de celui de NZanga Mobutu, classé quatrième, ne préjuge pas des résultats définitifs du second tour du scrutin présidentiel.
"Je constate que le choix de Antoine Gizenga de rallier Joseph Kabila est contesté dans sa propre famille politique. Une partie importante de son électorat, notamment dans sa ville natale, s'est désolidarisée de lui. Je ne suis pas sûr que ses voix puissent être mécaniquement reportées sur Joseph», a affirmé le député congolais.
Il a critiqué le ralliement de NZanga Mobutu, fils du maréchal Mobutu, au président sortant, lui reprochant d'avoir oublié que «son père a été chassé du pouvoir en 1997 par ceux-là même qu'il soutient aujourd'hui».
"Je suis un des rares hommes politiques à défendre publiquement le maréchal Mobutu et son héritage politique. Avant de rallier Kabila, les mobutistes auraient dû se souvenir du discours de Kabila dans lequel il disait que son alliance avec Antoine Gizenga n'est que le fruit du travail entrepris en 1997», a dit le député qui s'est dit inquiet pour l'après second tour.
"Si les irrégularités que nous avons observées au premier tour se répètent le 29 octobre, nous allons droit vers une explosion de violences. Le pays serait en proie à des bandes armées et à une généralisation de la violence qui le mettraient dans la même situation que la Somalie d'aujourd'hui», a mis en garde M. Vuemba.
Pour lui, ni la force européenne (Eurofor) ni la Mission d'observation des Nations unies pour le Congo (MONUC) ne pourraient assurer la paix et la stabilité dans le pays en cas de «fraudes avérées».
"La seule garantie contre la flambée de violence, c'est la tenue d'un second tour transparent, libre et démocratique. L'Eurofor et la MONUC peuvent, au mieux, assurer la paix à Kinshasa. Le reste du pays notamment l'Ituri où sévit le général Laurent Kunda et le Nord continueront de rester des zones de non-droit», a dit le député de la circonscription de Kasangulu, dans le Bas-Congo.
Soulignant qu'il a remporté son siège de député face à dix-sept autres candidats dont le directeur de campagne de Joseph Kabila pour le Bas-Congo, M. Vuemba a suggéré aux deux protagonistes du second tour d'avoir un témoin dans chaque bureau de vote.
"J'avais dépêché un témoin dans chacun des 132 bureaux de vote prévus dans la circonscription électorale. Ils ont pu assister à toutes les opérations, décourageant toutes tentatives de fraudes. Aucun de mes dix-sept adversaires n'a finalement contesté mon élection. Je conseille aux deux candidats d'avoir chacun autant de témoins que de bureaux de vote le 29 octobre», a expliqué le député congolais.
"On peut dire et faire ce qu'on voudra, moi je suis persuadé que le prochain président de la RD Congo disposera de la majorité à l'assemblée nationale pour gouverner», a-t-il encore dit.
Le président sortant Joseph Kabila était arrivé en tête lors du premier tour organisé le 31 juillet avec 44,8% des voix, suivi de l'ancien chef rebelle Jean-Pierre Bemba crédité de 20%.
Alors que la communauté internationale jugeait le scrutin globalement «satisfaisant», les partisans des deux camps s'étaient violemment affrontés du 19 au 21 août dans Kinshasa, faisant une trentaine de morts.
La campagne électorale en vue du second tour a démarré le week-end dernier dans un climat tendu qui conforte les craintes de nouvelles violences au moment de la proclamation du scrutin présidentiel censé mettre un terme à une transition politique de plus de deux années, soutenue à bout de bras par la communauté internationale. |