
La Haute autorité des médias (HAM) a annoncé l'annulation du débat contradictoire qui devait opposer ce jeudi les deux candidats au second tour de l'élection présidentielle en RD Congo, le président sortant, Joseph Kabila et l'un de ses vice- présidents, Jean-Pierre Bemba.
Selon le communiqué publié mercredi soir à Kinshasa, l'institution de la transition chargée d'assurer la régulation des médias explique se trouver dans l'impossibilité d'organiser le débat "au regard des positions diamétralement opposées des représentants des deux candidats demeurés en lice", après plusieurs jours de concertations.
La HAM explique que les discussions entre les deux camps ont achoppé sur la sécurité des deux candidats en rapport avec le lieu où devait se dérouler le débat et sur la manière dont il devait être conduit.
Le camp de M. Kabila était pour que la discussion se tienne dans les locaux de la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC) et que ce soit un débat préenregistré par chaque candidat ayant répondu aux questions de journalistes préalablement choisis.
Quant au camp du vice-président Bemba, sa préférence allait à face-à- face entre les deux hommes dans un endroit neutre, en l'occurrence le Palais du peuple qui abrite l'Assemblée nationale.
Chaque partie ayant campé sur ses positions, chacun a rejeté sur l'adversaire la responsabilité de cette annulation et lance un appel pour qu'une solution de rechange soit trouvée dans l'intervalle de temps qui reste avant la fin de la campagne électorale, vendredi à minuit.
Les partisans du président Kabila disent vouloir éviter "un débat inutile" qui verserait dans des attaques personnelles à l'exemple de ce qui a été noté lors de la campagne du premier tour et donc susceptibles de provoquer des remous.
Le camp du vice-président Bemba, lui, accuse la partie adverse d'esquiver une occasion pour les candidats d'expliquer leur projet de société pour permettre aux électeurs de faire un choix judicieux.
On rappelle que le président Kabila, sorti en tête au premier tour avec 44,8% des voix, bénéficie, pour ce second tour, du soutien de l'Alliance pour la majorité présidentielle (AMP), qui regroupe certains poids lourds du premier tour, en l'occurrence Antoine Gizenga (3ème) et le fils du défunt président Mobutu, Zanga Mobutu arrivé quatrième au tour précédent.
Jean-Pierre Bemba, qui avait obtenu 20% à l'issue du premier tour, est soutenu par l'Union pour la Nation, qui regroupe également quelques figures qui comptent dans le paysage politique congolais, à l'exemple de Léon Kengo wa Dondo, ancien Premier ministre de Mobutu Sese Seko.
Les analystes accordent plus de chances de gagner le second tour au candidat Kabila, compte tenu non seulement de ses alliances qui lui assurent déjà la majorité des sièges au Parlement, mais aussi de l'intense campagne que mènent, à travers toutes les provinces du pays, ses principaux lieutenants, parmi lesquels sa propre épouse Olive Lembe Kabila, ainsi que sa soeur jumelle et sa mère. |