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La fine fleur intellectuelle des Etats-Unis, d'Afrique et de la Caraïbe réunie à la Sorbonne |
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Dans le sens des aiguilles d'une montre : Aimé Cesaire, Frantz Fanon, Cheikh Anta Diop, Richard Wright
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Du 19 au 22 septembre 1956 le premier congrès des écrivains et artistes noirs se tient à la Sorbonne
Le congrès est organisé par le professeur Alioune Diop, fondateur de la revue Présence Africaine en 1946. Parmi les 27 intervenants que compte le congrès, la fine fleur intellectuelle noire des Etats d’Unis, de l’Afrique noire et des Caraïbes :
Le malien Amadou Hampathé Bâ , les sénégalais Léopold Sedar Senghor et Cheikh Anta Diop, les martiniquais Aimé Cesaire et Frantz Fanon, le jamaïcain Marcus James, l’afro-américain Richard Wright, l’haïtien Jean Price Mars...
Dans son discours introductif, Alioune Diop explique la portée historique de ce congrès :
"Ce jour sera marqué d’une pierre blanche. Si depuis la fin de la guerre la rencontre de Bandoeng contstitue pour les consciences non-européennes l’événement le plus important, je crois pouvoir affirmer que ce premier congrès mondial des hommes de culture noirs représentera pour nos peuples le second événement de cette décade.
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Un congrès de portée historique |
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Richard Wright fit frémir l'assistance par ses prises de position
©
gordon parks |
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D’autres congrès avaient eu lieu, au lendemain de l’entre-deux guerre, ils n’avaient l’originalité ni d’être essentiellement culturels, ni de bénéficier du concours remarquable d’un si grand nombre de talents parvenus à maturité, non seulement aux Etats-Unis, aux Antilles et dans la grande et fière République d’Haïti, mais encore dans les pays d’Afrique noire.
Les dix dernières années de l’histoire ont été marquées par des changements décisifs pour le destin des peuples non-européens, et notamment de ces peuples noirs que l’Histoire semble avoir voulu traiter de façon cavalière, je dirais même résolument disqualifier, si cette histoire, avec un grand H, n’était pas l’interprétation unilatérale de la vie du monde par l’Occident seul.
Il demeure cependant que nos soufffrances n’ont rien d’imaginaire. Pendant des siècles, l’événement dominant de notre histoire a été la terrible traite des esclaves. C’est le premier lien entre nous, congressistes qui justifie notre réunion ici. Noirs des Etats-Unis, des Antilles et du continent africain, quelle que soit la distance qui sépare parfois nos univers spirituels nous avons ceci d’incontestablement commun que nous descendons des mêmes ancêtres. La couleur de peau n’est qu’un accident : cette couleur n’en est pas moins responsable d’événements et d’œuvres, d’institutions, de lois éthiques qui ont marqué de façon indélibile nos rapports avec l’homme blanc... (1)
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Pourtant, l’initiative ne fit pas l’unanimité au sein de ces hommes de culture noirs de tous horizons |
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Web Du Bois ne fut pas autorisé à quitter le territoire américain pour se rendre au congrès
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Manthia Diawara souligne (2) ainsi que "Certains participants pensaient qu’il était malheureux de mettre l’accent sur la négritude comme critère d’admission car on ne pouvait pas faire la part de la solidarité raciale ou du racisme...D’autres pensaient que les participants au congrès avaient en commun d’être la victime du blanc, ce qui ne garantissait pas une culture commune. Selon la rumeur, Le KGB et la CIA étaient présents veillant à leurs intérêts tout en comptant leurs ennemis".
WEB du Bois, le panafricaniste afro-américain n’avait pas été autorisé à quitter les Etats-Unis et ne put donc participer au Congrès, ce qui jeta le doute sur l’engagement de la délégation afro-américaine composée de 5 membres qui était présente au congrès.
Les différences de conception de ce que pouvaient être l’identité et les cultures noires se manifestèrent au cours du congrès ; le discours de Senghor "L’esprit de la civilisation, ou les lois de la culture négro-africaine " décrit le Noir comme étant par éssence plus sensuel qu’intellectuel. La tradition et les ancêtres sont selon lui prédominants sur les forces économiques et politiques en Afrique. Ce discours est contesté par Richard Wright (qui est dès 1956 l’intellectuel noir le plus connu du monde et qui est également le plus connu de tous les participants au congrès) et Jacques Stephen Alexis. |
Richard Wright choque l'assistance |
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Amadou Hampaté Bâ, le sage de Bandiagarra, fut un des participants au Congrès
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Wright est d’avis que "les croyances chrétiennes et les traditions indigènes se disputent l’allégeance des africains et bloquent leurs entrées dans le monde profane et industrialisé". Répondant toujours au point de vue de Senghor, Wright choqua l’assistance en déclarant : "j’ai le sentiment, inconfortable, frisant presque la terreur, que l’Europe chrétienne, blanche et militante et la religion du culte des ancêtres en Afrique se sont historiquement et inéluctablement complétés. Ils se sont complétés l’une l’autre et cette relation, mauvaise au plan moral, a perduré pendant plus de 500 ans".
Wright continua sur sa lancée en disant que sous l’emballage du don de violence, le colonialisme européen avait apporté une aubaine : "le colonialisme était porteur de la promesse des lumières, il avait permis de développer la science et l’industrie en Afrique, nié les notions passées de structure sociale, nié les normes de la noblesse, de la tradition (...) et fait éclore de nouvelles classes classes sociales, de nouvelles structures de gouvernement..."
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Frantz Fanon : ''le colonialisme, oppression systématisée d'un peuple'' |
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Frantz Fanon, qui venait de servir en tant que psychiâtre en Algérie critiqua le colonialisme lors du congrès
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Parmi les autres intervenants Frantz Fanon, l’auteur de "Peaux noires, masques blancs" se basant sur les 3 années qu’il a passées en Algérie, critique le colonialisme, "oppression systématisée d’un peuple par l’expropriation, la razzia, le dépouillement" (3).
La résolution finale affirme la "nécessité impérieuse de procéder à une redécouverte de la vérité historique et à une revalorisation des cultures noires" et dénonce "ces hontes du Xxè siècle" : le colonialisme, l’exploitation des peuples faibles, le racisme . Elle conclut aussi qu’il n’y pas de libération culturelle authentique sans libération politique préalable.
Quelques journaux français commentent l’événement puisque celui ci se tient dans la capitale : "La Croix" et l’hebdomadaire socialiste "Demain" parle d’un Bandoung de la culture noire ; pour le "Bulletin de Paris", c’est la réunion "des agitateurs, des arabes et des communistes de toute origine" (!) "Le Monde publie le 10 octobre un grand article d’Alioune Diop et ajoute "c’est quand même par la culture occidentale que le monde noir a acquis la culture qui lui a permis de s’exprimer".
Sources :
(1) Journal de l’Afrique, Chroniques
(2) Manthia Diawara : "en quête d’Afrique", editions Présence Africaine
(3) le Paris Noir (p 150), editions Hazan
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