En dépit du rejet de sa destitution par une Cour d'appel, Rashidi Ladoja devra attendre la décision en appel de la Cour suprême avant de retrouver son fauteuil de gouverneur de l'Etat d'Oyo, dans le sud-ouest, d'après le ministre de la Justice et Attorney General, Bayo Ojo.
"Quand une partie a exercé son droit d'interjeter appel et également introduit une demande de suspension ou ordonnance de surseoir à l'exécution d'une mesure, en attendant la décision d'appel, la partie qui a gain de cause doit s'abstenir d'appliquer le jugement tant que l'appel n'aura pas été tranché", a déclaré le ministre dimanche en faisant part de l'interprétation du jugement par le gouvernement.
Il a, par conséquent, demandé à M. Ladoja, qui a été destitué en janvier dernier dans des circonstances controversées, de retarder son projet de reprendre le travail lundi (aujourd'hui).
La Cour d'appel a jugé le 1er novembre que sa destitution, par 18 des 32 députés de l'assemblée de l'Etat, violait la constitution qui stipule qu'un gouverneur ou son adjoint ne peuvent être démis de leurs fonctions que par les deux-tiers des membres du parlement de l'Etat.
Depuis l'énoncé de cette décision, M. Ladoja et son adjoint, qui l'a remplacé après sa destitution, revendiquent le fauteuil de gouverneur de l'Etat.
Par ailleurs, les analystes juridiques ont critiqué lundi le ministre de la Justice pour avoir demandé à M. Ladoja de retarder son retour aux affaires.
"Les mesures réparatoires prises par la Cour d'appel sont déclaratives, et tout juriste sait qu'on ne peut surseoir à un jugement déclaratif" a déclaré l'avocat de M. Ladoja, Yusuf Ali.
"Je pense que l'AGF (le procureur général fédéral) doit faire le nécessaire et ordonner à toutes les agences du gouvernement de mettre en pratique ce jugement immédiatement" a-t-il dit.
L'ex président de l'ordre des avocats du Nigeria (NBA), Wole Olanipekun, a pour sa part qualifié la déclaration du ministre de malheureuse.
Les hommes politiques de l'opposition ont, quant à eux, accusé le gouvernement fédéral d'être l'instigateur de la destitution de M. Ladoja, mais aussi d'activer le grand vent de destitutions qui souffle à travers le pays.
Quatre des 36 gouverneurs des Etats du Nigeria ont jusqu'ici été démis de leurs fonctions dans des circonstances controversées par les assemblées de leurs Etats respectifs. |