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La star mondiale de hip-hop Wyclef Jean a accordé mercredi une interview à Haiti Press Network dans laquelle il fait le point sur le sens de son engagement dans son pays d'origine et appelle au soutien des Haïtiens. Le rappeur rentrera prochainement en Haïti pour animer, le 1er décembre, le concert de clôture de la troisième édition du Festival film Jakmel, où plus de 80 films haïtiens et étrangers seront projetés.
Lors de cette visite, Wyclef sera rejoint par quatre footballeurs américains (soccer) dont deux d'origine haïtienne, Jozy Altidor (16 ans) et Jerrod Laventure. Les athlètes, qui évoluent tous au sein de l'équipe New York Red Bulls, visiteront de jeunes joueurs amateurs de l'Athlétique d’Haïti près de Cité Soleil. Pendant leur séjour de cinq jours dans le pays caraïbe, ils animeront des séminaires et feront quelques démonstrations de leur talent au Stade Sylvio Cator.
Haïti Press Network - Votre fondation Yéle-Haïti s'associe au Festival film Jakmel qui est cette année à sa troisième édition. Qu'est-ce qui explique votre participation à ce rendez-vous culturel ?
Wyclef Jean - Quand je me déplace, je suis accompagné de beaucoup de représentants de la presse internationale. L'idée est de promouvoir d'autres aspects d'Haïti, faire découvrir au monde d'autres régions du pays et présenter des possibilités d'investissements aux éventuels entrepreneurs.
Le festival se tient à Jacmel, c'est donc l'occasion de dire au monde que l'actualité d'Haïti ne se limite pas à Port-au-Prince, la capitale. Il y a aussi les villes paisibles de la province qui offrent de grandes possibilités d'investissements.
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HPN - Vous comptez offrir un concert en clôture du festival, le 1er décembre, beaucoup de gens en Haïti se demandent si vous serez accompagné de Shakira, après votre tournée mondiale avec le méga-tube « Hips don't lie ».
WJ - Je compte rentrer [en Haïti] en compagnie de Shakira, mais ce ne sera pas cette fois. Shakira souhaitait rentrer d'ailleurs, mais elle doit honorer un contrat à la même date au Pérou. Je pense qu'on pourra rentrer au pays l'été prochain.
HPN - Yéle-Haïti compte 18 projets en cours, qui touchent notamment les domaines de l'éducation, de l'environnement et du développement communautaire. Quelle est la prochaine étape ?
WJ - Nous avons besoin de mettre en place des programmes générateurs de revenus pour permettre à plus d'enfants d'aller à l'école et d'avoir un mieux-être, nous sommes en train d'y réfléchir.
HPN - Votre fondation fêtera bientôt ses deux ans, dites-nous quelle philosophie la sous-tend ?
WJ - L'idée, c'est de faire sortir de l'ombre les enfants du ghetto et leur offrir la possibilité d'un meilleur avenir à travers l'éducation. Nous aidons ces enfants aujourd'hui pour qu'ils puissent se prendre en charge demain et aider plus tard d'autres enfants.
HPN - En début de semaine, vous vous êtes rendu au Capitole pour défendre le projet Hope Act [un projet de législation qui donnerait des avantages préférentiels à la manufacture haïtienne d'articles en textile et favoriserait des dizaines de milliers d'emplois dans le secteur de l'assemblage]. Vous vous affichez en véritable ambassadeur d'Haïti, d'où vient cette motivation ?
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WJ - À travers Hope Act, nous pouvons avoir en Haïti la création de 10.000 emplois. C'est principalement ce qui me motive. Je suis en train d'user de mon influence pour contribuer au mieux-être dans mon pays par la création d'emplois. Nous voulons aussi intéresser les entrepreneurs internationaux à investir dans les infrastructures touristiques en Haïti, comme la construction de chaînes d'hôtels. Ils investissent en République dominicaine, à la Jamaïque, pourquoi pas chez nous.
HPN - Vous rentrerez prochainement avec deux joueurs de soccer d'origine haïtienne évoluant chez les Red Bull, Jerrod Laventure et Jozy Altidor. Etait-il facile de les convaincre ?
WJ - Beaucoup d'Haïtiens veulent retourner au pays et investir, mais les nouvelles qui arrivent d'Haïti ne les encouragent pas. A chaque fois que j'essaie d'avancer, je suis retardé par l'annonce d'une mauvaise nouvelle : kidnapping, violence… C'est l'occasion pour moi de demander aux Haïtiens de penser aux conséquences de leurs actes sur l'avenir du pays.
Je vous donne un exemple pour expliquer mon dilemme : Je suis en train de convaincre des gens de venir en aide à Haïti et qu'est-ce qui m'arrive dans les nouvelles : « on a tiré sur Black Alex à Pétion-Ville. »
Alors, mes interlocuteurs me disent : « ils tirent sur vos amis, ils ne vous respectent pas et vous nous demandez de venir dans votre pays. » Déjà, c'est difficile de convaincre les Haïtiens de revenir dans leur pays. Je n'ai pas peur de me rendre en Haïti même au plus fort des turbulences, mais imagine un peu un étranger.
HPN - En clair vous attendez quoi comme soutien du peuple haïtien ?
WJ - Je suis fatigué de le dire : il faut faire la paix. On ne peut pas le demander qu'à un groupe. Tout le monde doit faire des concessions en Haïti, peu importe le camp dans lequel il se trouve. Vous devez penser aux conséquences de vos actes, pensez à l'avenir d'Haïti.
HPN - Vous rentrez quand au pays ?
WJ - (Rires) Je n]ose pas le dire sinon je ne pourrai pas rentrer, l'aéroport risque d'être bloqué par la foule.
HPN - Est-ce que vous serez accompagné d'autres artistes internationaux pour le concert ?
WJ - J'établis les contacts, probablement je viendrai avec deux ou trois autres artistes.
Vantz Brutus
VB/JEC
www.haitipressnetwork.com
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