
Le chef de l'Etat rwandais Paul Kagamé a instamment recommandé à ses compatriotes de veiller à la sécurité de leur région, mais surtout à assurer la protection des témoins à charge et des juges des tribunaux traditionnels "gacaca" dans leurs localités.
Dans un message diffusé mercredi à la radio nationale après les récents massacres perpétrés contre des témoins et certains de ces magistrats chargés de juger des milliers de présumés génocidaires, M. Kagamé a déclaré que son gouvernement "ne tolérera plus de tels actes barbares".
"J'ai reçu des rapports m'informant du meurtre de juges et de témoins dans des juridictions 'gacaca'. Je tiens à avertir la population que tous ceux qui sont impliqués dans ces massacres le regretteront amèrement", a-t-il souligné.
Selon le président rwandais, de tels actes de violence constituent une menace à la sécurité nationale et le gouvernement est prêt à intervenir de toutes ses forces pour parer à cette situation.
"C'est totalement inacceptable et nous n'allons pas croiser les bras devant cette situation où des personnes innocentes sont chassées et tuées en plein jour sous les yeux de leurs voisins", a-t-il martelé avec force.
Paul Kagamé a ensuite demandé à tous les services de sécurité, notamment l'Armée, la Police et les volontaires de la défense locale, d'intensifier la vigilance afin de stopper ces crimes de plus en plus nombreux à l'encontre des témoins à charge, qui ont été particulièrement signalés dans des zones rurales.
Evoquant la triste expérience du passé qui a culminé avec le génocide de 1994, M. Kagamé a recommandé à ses concitoyens de s'évertuer à bâtir un avenir meilleur pour leur pays.
L'avertissement du chef de l'Etat rwandais intervient après une série de meurtres perpétrés dans certaines parties du pays contre des témoins à charge et des juges "gacaca" par des individus non identifiés.
Le dernier incident en date est la mort, mercredi dernier, du président de la juridiction "gacaca" de la cellule de Gisanza, dans le district de Rwamagana (est), tué dans des circonstances non encore élucidées.
Ces tribunaux, qui ont commencé à fonctionner à plein régime après une phase-pilote, sont composés de neuf juges élus par la population. Il existe théoriquement 9.013 "gacaca" de cellule (la plus petite unité administrative) et 1.545 "gacaca" de secteur (l'unité immédiatement supérieure).
Selon les estimations officielles du service national des "gacaca", les 761.448 personnes suspectées d'avoir pris part au génocide sont classées en trois catégories dont la première (10%) est celle des organisateurs du génocide, des tueurs en série et des suspects de violences sexuelles.
La seconde (70%) est constituée de tous ceux qui sont suspectés d'avoir tué ou d'avoir blessé, alors que la dernière (20%) regroupe tous ceux qui sont suspectés d'avoir volé ou pillé.
La décision de classer les suspects dans une catégorie est prise par la "gacaca" de cellule qui ne peut juger que des suspects des deuxième et troisième catégories pour leur infliger une peine ne dépassant pas 30 ans de prison. |